C’est une dépêche de l’Agence Reuters qui nous apprend que bien que l’euro soit super méga vachement solide, que bien qu’il soit totalement irréversible pour les siècles des siècles et bien plus encore, le gouverneur de la BCE, Mario Draghi, et Benoît Coeuré ont, devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen à Bruxelles, déclaré que « les déséquilibres économiques au sein de la zone euro risquent de la déstabiliser ».
La quadrature du cercle… ou l’impossible demande !
Ils soulignent aussi « la responsabilité des gouvernements pour soutenir la croissance dans le respect des règles en vigueur de l’union monétaire »…
Si vous relisez attentivement cette phrase, vous allez bien rire car c’est une demande tout simplement impossible à satisfaire. En effet, il faudrait faire de la relance budgétaire vu que la « politique monétaire atteint ses limites » mais dans le respect des règles de l’Eurozone, c’est-à-dire sans déficit, bref, je me… marre. Ils pourraient ne rien dire que cela reviendrait au même tant ils parlent… pour ne rien dire.
Nous sommes chez Kafka, ou chez Ubu roi. Risible mais profondément triste tant la gravité de la situation est réelle et tant les souffrances des citoyens vont en s’aggravant.
La politique monétaire a des limites !!
Le président de la BCE Mario Draghi et Benoît Coeuré, qui siège au directoire de l’institution, ont reconnu que « la politique monétaire ultra-accommodante de taux d’intérêt très bas et d’achats massifs d’actifs présentait des limites »…
Le problème c’est que la politique budgétaire, elle, et dans tous les pays d’Europe, a déjà atteint toutes les limites et les a même allégrement dépassées… Si on prend le cas de la Grèce ou de Chypre, on sait désormais jusqu’où aller trop loin !
Alors Mario Draghi et les autres mamamouchis nous expliquent, l’air docte, toutes les choses qu’il faudrait que nous fassions et que nous ne ferons jamais mais que tout le monde fera semblant de croire que nous ferons alors que nous ne les avons jamais faites… (Relisez doucement normalement, je ne me suis pas emmêlé les pinceaux !!)
Voilà donc le blabla d’usage destiné à gagner du temps et à rassurer la ménagère européenne de moins de 50 ans… ou plus !
« Et pour que la zone euro prospère, des actions des gouvernements nationaux sont nécessaires pour libérer la croissance, réduire le chômage et responsabiliser les individus tout en offrant les protections indispensables pour les plus vulnérables. »
Oui mes amis, ensemble, réduisons le chômage ! En voilà une idée qu’elle est bonne!
Bonne aussi l’idée de « libérer » la croissance, c’est vrai quoi construire des places en prison d’accord, mais pas pour y mettre la croissance, soyons raisonnables…
Enfin « responsabiliser les individus tout en offrant les protections indispensables pour les plus vulnérables », en langage de technocrates, cela se traduit, en langage de sans-dents, par « on va se faire enfler dans les grandes largeurs en se faisant flexibiliser dans tous les sens au nom de la compétitivité »… J’en ris encore d’hypocrisie. Il faut juste savoir parler le mamamouchi.
Autre passage assez cocasse quand on connaît l’état déplorable des finances italiennes…
« De son côté, Benoît Coeuré a prévenu lors d’une intervention à Rome, que si les gouvernements ne jouaient pas leur rôle dans le soutien à la reprise, la zone euro risquait de connaître une longue période de croissance et de taux d’intérêt faibles » !!
Le problème des taux bas…
« Passer d’une situation où les taux d’intérêt sont « bas pour longtemps » à une situation où ils seraient « bas pour toujours » limiterait drastiquement la marge de manœuvre des instruments de politique monétaire conventionnelle, mais de manière plus inquiétante encore, cela menacerait le contrat entre les générations et fracturerait notre modèle social », a-t-il dit.
Eh ben oui ! C’est la cata, notamment pour les vieux, enfin les seniors qui ont besoin de leur épargne vu qu’il faut « responsabiliser les individus »… En clair, ils ont besoin de leur épargne et c’est encore plus le cas en Allemagne et aux Pays-Bas, où le vieillissement de la population est encore plus prononcé. La preuve !
« Sa politique de taux d’intérêt négatif et les conséquences sur le niveau des rendements à long terme de ses achats d’actifs ont suscité des critiques, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas, en raison de leurs conséquences sur la rentabilité des banques et les placements des compagnies d’assurances et des fonds de pension »…
Mais plus grave, les taux bas, c’est la cata pour le secteur financier aussi.
Voici une phrase en forme d’aveu.
« Maintenant, cela n’est pas sans coût, il est assez clair que des taux d’intérêt très bas pour une période très longue ont des effets secondaires, qui en particulier affectent la stabilité financière », a-t-il dit.
Eh oui les taux bas, censés sauver l’économie, finissent en réalité par la tuer à petit feu et c’est assez logique et encore une fois c’était très prévisible.
Les taux c’est le prix de l’argent. Cassez le système de fixation du prix de l’argent et vous cassez tous les mécanismes de fixation des prix dans l’économie. Lorsque les taux deviennent négatifs, nous sommes carrément dans l’absurde. Cela aura des conséquences même si pour le moment, personne ne veut les voir car tout simplement, elles font trop peur.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae