L’état d’urgence en Angola

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Par Louise Tavares Modifié le 6 avril 2020 à 16h42
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@shutter - © Economie Matin

Au 2 avril 2020, l’Angola recensait officiellement sur son territoire huit cas de Covid-19, dont deux morts. Une situation exceptionnelle au regard de ce qui se passe ailleurs. Le pays semble épargné… pour l’instant.

Pourtant, dès la fin mars 2020, le président angolais João Lourenço a pris des mesures importantes pour essayer de contenir le virus.

Le 27 mars, il a décrété l’état d’urgence, qui limite fortement la circulation des personnes et des biens à l’intérieur et à l’extérieur du pays et paralyse une grande partie de l’économie. L’état d’urgence est pour le moment en vigueur jusqu’au 11 avril.

Au-delà des difficultés d’application des consignes sanitaires, de nombreux Angolais vivant dans des logements de fortune, l’instauration de l’état d’urgence aura des conséquences importantes pour l’économie angolaise, déjà grandement fragilisée. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) envisageait pour l’Angola une croissance de 1,2% en 2020, cette prévision devrait être revue à la baisse.

Impact sur les finances publiques

D’abord, car l’Angola est, comme tous les pays dépendant de la rente pétrolière, fortement impacté par la chute brutale des cours pétroliers. Le 31 mars 2020, le cours du Brent a clôturé en dessous de 22 dollars. Depuis, le gouvernement a réagi en annonçant la révision du budget de l’État pour 2020 et en réduisant le nombre de ministères de 28 à 21.

Ensuite, car le gouvernement angolais devrait retarder un certain nombre de réformes, pourtant souhaitées par le FMI, qui a accordé au pays en 2018 un prêt de 3,7 milliards de dollars sur trois ans. Parmi les réformes attendues, la privatisation de 195 sociétés publiques devrait être reléguée au second plan, tout comme la suppression prévue des subventions publiques sur les carburants qui semble difficilement applicable dans le contexte actuel.

Comment protéger la population ?

La crise du Covid-19, grand révélateur des défaillances étatiques, va exposer les vulnérabilités angolaises au grand jour : pénuries de denrées alimentaires dans les magasins, cherté des produits, grande précarité du système de santé public. Comme dans beaucoup d’autres pays, ce sont les couches les plus pauvres de la population qui en souffriront le plus.

Conscient des problèmes, le président João Lourenço a décrété le 1er avril l’octroi d’une enveloppe de 20 milliards de kwanzas (soit environ 37 millions de dollars) afin de « prévenir et contenir la transmission et l’expansion de la maladie ».

Le 3 avril, la banque Fomento Angola a annoncé « une aide » de 5 millions de dollars à l’État angolais pour l’acquisition de matériel hospitalier.

D’autres mesures gouvernementales et de la part d’entités privées devraient suivre dans les prochains jours.

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Louise Tavares : chercheuse en sciences politiques, spécialisée sur les pays d'Afrique lusophone.

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