L’économie européenne, et notamment française, est portée à bout de bras (1/6) [BESTOF]

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 17 août 2015 à 5h25

Initialement paru le 15/12/14

FICTION

Dans les manuels d'économie de terminale de la rentrée 2016-2017 – que chaque élève télécharge désormais en début d'année sur sa tablette Frenchpad, fabriquée en France dans l'usine corézienne du ministère du redressement éducatif – la date du 18 juillet 2014 marque le début du chapitre "la mort de l'euro".

Pourtant, cet été-là, le cri d'alarme de la directrice générale du FMI (Fonds Monétaire International), poussé lors d'un colloque parisien organisé par la Fondation Robert Schuman, passe quasiment inaperçu.

Comme d'habitude, la France est plongée dans la douce torpeur des congés payés. Les médias sont focalisés sur le conflit israélo-palestinien dont la plupart des Français souchiens se moquent comme de leur première chaussure, et ressassent en boucle toutes les hypothèses cherchant à expliquer le drame du Boeing de la Malaysia Airlines abattu au-dessus de la république séparatiste de Donetsk, en Ukraine.

L'économie, encore plus pendant les vacances, passe en 36e position de l'actualité, autant dire que l'on n'en parle pas. Il faut dire qu'avec cette sale habitude qu'ont les médias d'utiliser le vocabulaire anglo-saxon pour en parler, les Français ont des excuses.

Le cri d'alarme de Christine Lagarde

Car enfin, qui comprend ce que signifie "quantitative easing ?" C'est pourtant bien de cela dont Christine Lagarde s'émeut le 18 juillet 2014. Constatant que la croissance n'est pas au rendez-vous, elle suggère – pour ne pas dire exige - que la Banque Centrale Européenne continue son programme de quantitative easing, pour éviter que l'Europe n'entre en déflation.

Voilà ce dont la presse ne parlera presque pas le 19 juillet (un samedi), sauf un peu la presse spécialisée, la semaine suivante. A quoi bon ? Personne ne la lit plus ou presque dans l'Hexagone. Les Echos, le seul quotidien économique, vend à peine 100 000 exemplaires (en fait, il en offre près de la moitié aux hôtels, compagnies aériennes, restaurants et clubs de golf chics), quand en Italie, que l'on moque pourtant régulièrement en France avec condescendance, le quotidien économique de référence Il Sole 24 Ore en vend 250 000. En Allemagne, même Bild (1,2 million d'exemplaires) met régulièrement l'économie à la Une, à côté de la pin-up.

L'ancien patron du Medef exilé au Luxembourg

En France, quand on parle d'économie dans les médias généralistes, c'est pour commenter – mal - les chiffres du chômage, la croissance qui ne vient pas, ou les joutes verbales entre l'ancien patron du Medef désormais exilé au Luxembourg, Pierre Gattaz, et Arnaud Montebourg, le nouveau super ministre d'Etat à la tête de l'improbable portefeuille Education – Santé – Industrie, depuis le mois de mai 2016. Mais expliquer aux Français que l'économie européenne, et en particulier française, est portée à bout de bras en cet été 2014 par la Banque Centrale Européenne, qui fait tourner les planches à billets à pleine vitesse, là, il n'y a personne.

Demain : L'Europe crée des milliards d'euros artificiellement (2/6)

Arnaud Montebourg, le nouveau super ministre d’Etat à la tête de l’improbable portefeuille Education – Santé – Industrie, depuis le mois de mai 2016

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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