FICTION
Qu'à cela ne tienne ! Quand Macron eut compris ce que Valls manigançait avec Lagarde – lui aussi connaissait les chiffres - et le futur cocu Fillon, il négocia son silence, mais surtout son soutien. Il ne s'opposerait pas à la prise de contrôle du pays par le FMI pourvu qu'il occupe un poste au titre ronflant.
Montebourg la grande gueule
C'était sans compter avec Arnaud Montebourg, resté en embuscade. C'était lui qui aurait le job ! Montebourg la grande gueule comme on le raillait dans les couloirs de Bercy – désormais aux mains des administrateurs du FMI – jouerait le rôle du bon collabo, installé dans son hôtel particulier de la place Beauvau, afin de rassurer le bon peuple de gauche ! Celle-là, Macron ne l'avait pas vue venir. Trop jeune !
L'Intérieur ? Fonction fusionnée avec la Défense, le ministre étant désormais installé dans un modeste bureau du Pentagone français, à Issy-les-Moulineaux. Montebourg occupait facialement le rôle de super ministre de l'Industrie, de la Santé, et de l'Education (et toutes les variations sémantiques qui accompagnaient la fonction) mais dans les faits, il n'était qu'une courroie de transmission au service des hauts fonctionnaires internationaux du FMI. Quand une réforme décidée par Christine Lagarde et son collège d'experts bloquait, Montebourg venait à Bercy – siège de l'administration internationale – se faire taper sur les doigts, avec mission de mettre au pas les fonctionnaires récalcitrants. Et d'assurer le SAV dans les médias, en faisant le matamore pour la forme. Il faut dire qu'avec la disparition du statut du fonctionnaire - et donc, de l'emploi à vie, des retraites supérieures de 47 % à celles du privé, du jour de carence et autres avantages- on ruait nettement moins dans les brancards dans la Fonction Publique. La bataille était perdue.
Lagarde et le socialiste Migaud en duo
Début avril, tout était bouclé. La réforme allait être votée, Christine Lagarde confirmé dans son rôle – elle n'était jusqu'ici qu'en "mission de conseil" du gouvernement, ce qui ne trompait personne. Il faut dire qu'elle avait eu la brillante idée de s'adjoindre les services de Didier Migaud, le président de la Cour des Comptes, dont les services étaient d'un seul homme passés à l'ennemi – entendez, avaient fait allégeance à l'administration du FMI. Et Migaud, tel un Fouquier-Tinville des temps modernes, n'était pas tendre pour ses anciens amis socialistes. Il aurait pu couper des têtes qu'il l'aurait fait sans hésitation, quitte à appuyer lui-même sur le bouton. Mi-avril, Michel Sapin ne réapparut pas le lundi matin à son bureau, après une sortie, pour l'honneur, sur Europe 1 la veille, dénonçant la main mise de la Finance internationale, redevenue son ennemi, sur la France. Il fallut quelques semaines pour retrouver sa trace au Luxembourg où il s'était mis en affaires avec Pierre Gattaz, exilé volontaire sur place dès 2015 avec tout le management de son entreprise. Gattaz, lassé de se battre tel Don Quichotte contre les moulins à vent, avait appliqué pour lui-même à la lettre un jugement de la Cour de Justice Européenne du 12 juin 2014 (CJUE, 2e ch, 12 juin 2014, aff. C-39/13, C-40/13 et C-41/13) autorisant une entreprise européenne à établir son siège et payer ses impôts partout ou elle le souhaitait.
Nos euros contre des dollars ?
Restait Valls : il avait proposé une solution clef en main à Christine Lagarde : fort de son "aura" d'ancien Premier ministre français, et de ses origines espagnoles, il se pensait légitime pour représenter le FMI en Espagne, qui n'était pas en bien meilleure santé que la France en ce début 2015. Il repassa la frontière.
Une fois la nouvelle Constitution votée, Christine Lagarde, confirmée à son poste, François Hollande esseulé et amaigri, prêt à inaugurer des chrysanthèmes à tour de bras, tout était en place pour redresser la France.
Restait un détail : Les Français accepteraient-ils facilement de troquer leurs euros contre des dollars ?
Hier : La France ne peut plus emprunter d'argent sur les marchés (5/6)