Le territoire ne peut être perçu comme un simple support de l’activité économique, il en est un acteur. Il participe pleinement aux dynamiques de l’activité économique.
Cela n’entre pas en contradiction, loin s’en faut, avec le phénomène de mondialisation auquel sont confrontées nos économies : la mondialisation et la territorialisation de l’économie s’observent simultanément. S’il en est un exemple, prenons celui du processus de désindustrialisation.
Depuis le début des années 1970, la valeur ajoutée et l’emploi témoignent de la désindustrialisation à l’œuvre en France comme dans la majorité des pays développés. Un large consensus existe autour des déterminants principaux du recul de l’emploi industriel. De profondes mutations structurelles, à savoir les gains de productivité et l’externalisation, exercent un poids sur l’emploi. A celles-ci s’ajoute une tendance à l’accroissement de la compétition internationale depuis le début des années 1980. C’est la raison pour laquelle nous pouvons parler d’une réorganisation des activités productives au niveau mondial. Mais si ses déterminants sont macroéconomiques, les processus de désindustrialisation sont spatialement inégaux.
Alors que la désindustrialisation semble finalement relativement lente lorsqu’est considérée l’évolution de la valeur ajoutée nationale, elle apparait brutale, violente et territorialement « injuste » en termes de pertes d’emplois. En effet, l’ensemble de ces mutations fragilise certains territoires industriels depuis plus de 30 ans. Ces territoires, plutôt ruraux, cumulent les difficultés puisqu’à ce déclin industriel s’ajoute bien souvent un déclin migratoire. Ils peinent à trouver les ressors d’un redéveloppement productif tandis qu’une nouvelle économie industrielle et plus largement productive s’installe dans de nouveaux espaces. Nous comptons parmi eux nombre de territoires métropolitains mais également des territoires plus ruraux, notamment dans l’ouest, dont l’industrialisation via une spécialisation dans l’agro-alimentaire est assez récente.
La dernière crise économique, véritable accélérateur de la désindustrialisation, témoigne de la vulnérabilité économique des territoires historiquement industriels. Mais c’est aussi dans ce contexte dépressif, que certains territoires résistent, s’adaptent mieux que d’autres et parviennent finalement à construire de nouvelles trajectoires de développement territorial. Cette résilience économique tient pour partie à des déterminants structurels, voire externes, mais aussi à des déterminants endogènes. Une partie seulement de ces adaptations est imputable à la structure sectorielle de l’activité économique : autrement dit à tissu industriel et productif comparable, certains territoires s’en sortent mieux et cela grâce à des stratégies territoriales.
Cet exemple montre bien que le territoire peut être acteur de son destin y compris dans des situations de vulnérabilité économique importante comme c’est le cas des territoires industriels. Mais les stratégies territoriales d’hier ne peuvent plus être celles d’aujourd’hui. L’interconnexion territoriale croissante a remis en cause l’efficience du modèle de développement endogène qui prévalait dans les années 1980. Les territoires doivent désormais se penser en complémentarité des dynamiques métropolitaines auxquelles ils contribuent, tant au niveau productif que résidentiel.
Printemps de l’économie – Paris du 8 au 14 avril 2016
Pour sa 4° édition le Printemps de l’économie s’intéresse à « L’Economie en quête de territoire(s) ». Ce fil rouge se décline en plusieurs thèmes - Territoire & entreprises ; Des activités, des hommes, Mondialisation & Europe, Politiques publiques, Innovation & industrie et Métropoles – qui seront abordés à l’occasion de plus de 40 conférences organisées du 8 au 14 avril 2016 à Paris. L’ambition est d’offrir au grand public la possibilité de réfléchir et d’échanger pour mieux saisir les enjeux et agir… L’un des intervenants à cet événement unique vous livre ici son point de vue…