Vendredi 15 avril 2016 au matin, j’intervenais sur LCI pour débattre de la taxation des CDD et de la prestation de François Hollande, la veille au soir sur France 2. C’était l’occasion de souligner ce qui, de mon point de vue, relève de la maladresse des organisations patronales concernant la loi Travail.
Celles-ci se sont en effet laissé enfermer dans un « corner » sur la barémisation, voire le plafonnement des indemnités de licenciement, sujet glissant et toujours perdant. L’importance donnée à ce point dans le débat est totalement disproportionnée à la place réelle qu’il occupe dans la vie des entreprises. Le temps passé à en souligner l’utilité se transforme en temps perdu: il donne le sentiment que le monde patronal n’a que la recherche de la précarité en tête, quand les enjeux sont tout autres. Ils portent sur la maîtrise de la dette sociale, sujet imposé par la réglementation et protecteurs pour le salarié. Toute entreprise qui recrute doit en effet s’assurer qu’elle dispose des actifs nécessaires pour payer sa masse salariale, y compris en cas de défaillance. La loterie que constitue aujourd’hui la juridiction prud’homale rend l’exercice délicat, voire totalement aléatoire. La jurisprudence sur les « coiffures pédé » l’a rappelé.
Au demeurant, la question du plafonnement des indemnités se discute forcément. Il n’est en effet pas du tout établi que ce plafonnement soit compatible avec une vision du monde cohérente où les règles cèderaient le pas à la négociation.
Là encore, les organisations patronales desservent les entreprises et leur objet en défendant des positions dont la profondeur, l’épaisseur et l’anticipation laissent à désirer. Je regrette une fois de plus le caractère à courte vue de ces prises de position syndicale qui entravent le débat et pénalisent la vision à long terme dont l’économie française a besoin pour se reconstruire, étant entendu que celle-ci ne pourra unilatéralement servir la soupe des employeurs.
En toute chose, l’équilibre est indispensable, surtout si l’on veut apprendre à se passer de l’Etat.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog