Les Français sont appelés à élire leur Président de la République en avril prochain et les candidats déclarés présentent leur programme pour les cinq années qui viennent. Certains proposent de faire quelques économies budgétaires alors que d’autres proposent d’augmenter les dépenses de l’Etat.
Certes, il est toujours tentant de choisir celui qui propose de distribuer plus, mais les charges doivent être financées, soit par l’impôt soit par l’emprunt. Un financement par l’impôt implique une baisse du pouvoir d’achat, des investissements ou de l’épargne de ceux qui voient leurs prélèvements augmenter. Longtemps nos gouvernements ont privilégié la hausse des impôts et des taxes sur les entreprises, oubliant que cela se répercutait sur les consommateurs ou bien détériorait la compétitivité des entreprises et, par voie de conséquence, diminuait l’emploi. Faisant fi de ce constat, la politique du dernier quinquennat a été d’augmenter de façon importante les impôts en répartissant cette hausse sur les entreprises et les ménages. Le résultat s’est vite fait ressentir : fronde des contribuables, expatriation des plus riches, baisse de la rentabilité des entreprises, retard de la reprise économique et hausse du chômage.
Le niveau des prélèvements obligatoires est tel que les Français ne consentent plus à l’impôt ; la logique voudrait donc que les candidats à la magistrature suprême proposent une baisse des impôts et, pour ce faire, une baisse des dépenses. Malheureusement il n’en est rien et chacun de proposer des mesures augmentant les dépenses en laissant entendre que ce sont les autres qui paieront.
Pour une approche comptable du budget de la France
Avant d’aller voter, il serait bon que les Français aient à l’esprit la situation comptable des finances de la France. En résumé, les ressources nettes du budget général s’élèvent à 243,8 milliards et les charges à 318,5 milliards, soit un déficit de 74,7 milliards. Si l’on y ajoute les budgets annexes et les comptes spéciaux, le déficit se trouve ramené à 69,3 milliards.
Le Gouvernement s’est félicité que ce déficit soit passé sous la barre des 3% du PIB pour s’établir à 2,7%. Bien que, de l’avis de nombreux commentateurs, les recettes aient été optimisées et certaines dépenses reportées, retenons ces chiffres pour une analyse purement comptable.
Un déficit de 30% !
Prévoir de dépenser 318,5 milliards pour des recettes de 243,8 milliards revient à dépenser 30% de plus que ce que l’on encaisse. Quelle entreprise ou quel ménage oserait présenter un tel budget déficitaire à son banquier pour assurer ses fins de mois ?
Malheureusement cette situation n’est pas exceptionnelle et cela fait 35 ans que cela dure ; à cause des deux crises pétrolières de la décennie des années 1970, puis l’ère Mitterrand des années 1981/1995 avec des distributions de revenus et la réduction du temps de travail. Les gouvernements suivants n’ont pas osé ou réussi à changer cette situation (plans Juppé ou Fillon, cagnotte de Jospin, inaction de Chirac…), puis la crise de 2008 est arrivée, creusant les déficits de façon considérable. Pendant toutes ces années, les Français s’étaient habitués à vivre au-dessus de leurs moyens en considérant qu’en empruntant toujours plus, ils pouvaient revendiquer plus de dépenses et ce malgré les rappels à l’ordre de l’Europe.
Avaient-ils conscience qu’emprunter revenait à faire payer les générations suivantes ? Aujourd’hui, ils ne peuvent plus l’ignorer sauf à considérer que l’on n’est pas obligé de rembourser ses dettes (ce que certains candidats n’hésitent pas à proposer) !
Le budget de l’Etat pour 2017 voté par le Parlement peut se résumer ainsi :
Comment l’Etat finance-t-il ce déficit ?
?Le mode de financement du budget de 2017 ressort du tableau de financement de la loi de finances résumé ci-dessous. Les besoins de financement ressortent à 185,4 milliards comprenant le déficit (69,3 Mds) plus les remboursements de la dette (115,2 Mds). L’Etat se verra donc contraint d’emprunter 185 Mds soit 70 milliards de plus que les emprunts remboursés ; c’est-à-dire un montant quasi égal au déficit.
Le tableau de financement prévisionnel du budget 2017 :
La dette de l’Etat égale à 9 années de ses recettes
Cela montre bien que, malgré les négations de certains candidats, les déficits engendrent toujours plus de dettes (ce qui est le bon sens). La dette cumulée s’élève aujourd’hui à 2.190 milliards d’euros soit plus ou moins une année de PIB (2.120 milliards) ; c’est-à-dire, pour simplifier, à une année de chiffre d’affaires de la nation. Mais si l’on rapporte la dette aux recettes de l’Etat, celle-ci représente 9 années de ressources nettes du budget général de la France ; ce qui signifie 9 années de chiffre d’affaires de l’Etat.
Devant cette situation, on comprend mal la décision du Gouvernement actuel de faire un cadeau fiscal de 78 milliards (une année d’impôt sur le revenu) pour, soi-disant, mettre en œuvre la retenue à la source. Devant cette situation catastrophique, nous pourrions attendre un peu plus de responsabilité de la part de certains candidats à la présidentielle, mais, pour avoir une chance d’être élu, ne faut-il pas promettre la lune ?