Que n'ai-je entendu dire par différents ministres, députés... lors d'interviews, qu'avec 5% de chômage un pays n'a plus de chômeur !!!!
C'est comme l'annonce faite très couramment : La France est toujours la 5ème puissance la plus riche du monde ?
On se gausse, on se voile la face, on n'y croit peut-être dans son subconscient, ou alors on est inconscient, mal informé, déformé par son environnement, avec beaucoup d'annonces ne se raccrochant plus à la réalité.
Reprenons le cas du 5% sans chômeur : Actuellement avec les tout derniers résultats d'Octobre 2014, nous sommes à 3.720.000 chômeurs (France-Outremer) et 3.460.900 (France métropolitaine) soit 9,7%.
Avec les 3 premières catégories, nous sommes à 5.154.200, avec les cinq nous arrivons à 5 822 300.
Sur un an, le nombre de chômeurs de catégorie A dans la métropole est en hausse (+5,5%, soit 179.900 demandeurs d'emploi de plus qu'en octobre 2013)
Si les 9,7% correspondent à 3.460.900 de chômeurs, à 5% nous serions à 1.783.969 en catégorie A. Plus d'un million sept cents, ce n'est pas rien. Demandez à ces chômeurs s'ils comptent pour « du beurre ». Demandez à l'Assedic combien elle doit débourser par mois pour payer les indemnités.
Effectivement, de nombreux experts, analystes estiment qu'il existe un niveau de chômage incompressible, structurel, frictionnel. Les théories de l'école monétariste, constituée autour de Milton Friedman, vont même jusqu'à annoncer qu'Il ne faut pas chercher à lutter contre, sous peine de relancer dangereusement l'inflation.
La France, vient donc de battre un « record historique » puisque 9 indicateurs ont dépassé un niveau jamais atteint. Pour essayer de minimiser ces chiffres, François Rebsamen Ministre du Travail, de l'Emploi...se félicite du volume élevé des contrats aidés, il ne se rend peut-être pas compte qu'il se discrédite encore plus, puisque sans contrat aidé, qui ne sont que des « emplois semi-fictifs », le chômage se retrouverait à un niveau encore beaucoup plus élevé. (Evalués à 400.000 et 450.000 prévus en 2015)
Sur ces 9 indicateurs, 3 concernent les catégories A, B, C, comme il a été décrit ci-dessus. Sur un an, les hausses respectives de chacune des catégories ou de chaque groupe de catégories dépassent 5% et enregistrent des progressions de plus de 18% depuis mai 2012.
Le 4ème record concerne les chômeurs de 25 à 49 ans
Dans la seule catégorie A, le niveau de chômage n'a jamais été aussi élevé depuis 1998. C'est 2,1 millions de chômeurs de 25-49 ans inscrits. Sur les 3 catégories : C'est 3,222 millions de chômeurs, affichant ainsi une hausse historique de 57% depuis 2008, son plus bas niveau.
Les 3 suivants records concernent l'ancienneté au chômage
L'ancienneté moyenne au chômage a atteint à fin octobre, le chiffre record de 536 jours. C'est 153 jours de plus qu'en Avril 2009, son plus bas niveau. C'est aussi 31 jours de plus depuis fin octobre 2013.
C'est aussi un record pour les demandeurs d'emploi de longue durée, plus de 12 mois, qui totalisent 2,221 millions de personnes.
Le 7ème record concerne, les chômeurs de moins d'une année sans emploi, soit 2,933 millions inscrits à pôle emploi.
Les 2 derniers records ont trait aux seniors de plus de 50 ans
Leur nombre n'a jamais cessé d'augmenter, malgré toutes les lois, dispositions, obligations mises en place par les différents gouvernements. Rien que pour la catégorie A, c'est 808.600 personnes qui sont sans emploi. Pour les 3 catégories A B C, c'est 1,148 million. La progression depuis 2008, pour ces 2 catégories est énorme. Elles ont été multipliées par deux pendant cette période.
C'est aussi 3 autres données qui n'avaient pas encore été trop touchées qui frôlent cette fois la zone à risque
Compte tenu de la situation économique et financière de la France, ces 3 catégories pourraient rapidement basculer vers des records.
La première concerne les 543.200 jeunes de moins de 25 ans inscrits en catégorie A. Niveau presque équivalent à celui de la période 1995-1998. Malgré tous les traitements accordés, toutes les annonces faites, nos gouvernants semblent complètement impuissants pour contrer, diminuer et surtout résorber ce fléau national.
La deuxième à trait aux 482.600 sortants des catégories A B C, niveau le plus haut atteint depuis 2001.
La troisième concerne le nombre de sortie pour reprises d'emploi déclarées, soit 87.000 personnes (Contre simplement 18,9% de rentrées), niveau bien inférieur à la période très difficile de 2009.
Depuis la Présidence de François Hollande, il n'y a eu que 3 mois sur 30 où le chômage a connu une légère baisse, y compris celle du Bug SFR. Malgré les annonces répétées d'inversion de la courbe pour l'instant, malgré 295.100 radiations ce dernier mois (+ 64,1%), celle-ci poursuit sa progression dépassant presque tous les records, malgré une conjoncture plus favorable. Pétrole et Euro au plus bas, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps.
Si l'on prend en compte tous les demandeurs d'emploi et travailleurs occasionnels, c'est 6.155.100 personnes qui sont en difficultés dont 1.336.100 foyers bénéficiant du RSA.
En effet sur environ 2.300.000 de foyers, seuls 963.900 personnes sont inscrites à Pôle emploi, les autres bénéficiant d'autres supports (associations, collectivités locales, Plies, maison de l'Emploi, etc.) Sachant qu'un foyer bénéficiaire comporte en son sein parfois plus d'un demandeur d'emploi, si on parle en nombre, cela peut aggraver les chiffres.
Alors lorsque que l'on cite les 5%, cela pourrait paraître un niveau tellement bas que l'on pourrait avoir l'impression d'être sans chômeur. Mais 5%, c'est donc remonter presque à l'arrivée de François Mitterrand, au début des années 80. A son départ en 1995, il était presque au double, le niveau d'aujourd'hui.
A moins de 5%, l'horaire de travail de base par semaine était à 40 heures, les départs à la retraite, officiellement à 65 ans, même s'il y avait déjà d'importantes dérogations lors de licenciement collectifs, avec l'institution des préretraites.
Ces retraites anticipées avaient déjà fortement impactées les comptes de l'état, de la Sécurité Sociale et le début de la rentabilité des caisses de retraite.
Mais à l'époque, ce taux de 5% était déjà évoqué comme insupportable, inadmissible, surtout que chômage et surtout chômeur étaient des mots rejetés par une grande partie de la population, un peu comme la lèpre, une maladie.
En ce qui concerne le deuxième sujet évoqué, la 5ème puissance la plus riche du Monde.
Si l'on ne parle que de l'état et sa dette, nous sommes loin du compte. Nous étions en 2011, le 19éme pays le plus endetté du Monde et le 7ème d'Europe.
Sans compter les 140 Milliards de dette des collectivités locales. Ainsi que les 37 milliards annuels des retraites des fonctionnaires non provisionnées.
Il faut savoir que les cotisations, employés et état, ne couvrent que 25% des retraites des fonctionnaires. Et ce n'est pas près de s'arranger, les dépenses de l'Etat pour financer les retraites des fonctionnaires augmentent chaque année, avec des hausses de 5,5% en 2011, 4,2% en 2012 et 1,7% en 2013. C'est donc 140 milliards de retraites fonctionnaires non provisionnées. Par comparaison, les cotisations salariées du privé représentent 82,9% du financement des pensions de retraites.
Alors peut-on encore parler de super puissance, alors qu'un endettement chronique nous mine depuis très longtemps, que nous n'arrivons pas à nous défaire de nos déficits depuis 1975 et que notre croissance à un mal fou à atteindre les 1%, alors qu'il faudrait plus de 2% pour revenir à l'équilibre des comptes et beaucoup plus, si l'on veut diminuer la dette. Les moins 3% prônés par l'Europe ont toujours été une hérésie. Puisqu'avec moins 3% nous allons tout droit à la faillite.
