L’INSEE vient de publier le nombre de naissances en France métropolitaine au mois de janvier : 60 400, contre 62 600 en janvier 2016, la baisse s’établit à 3,5 %.
L’année 2016 était en diminution de 2% par rapport à 2015, elle-même en baisse de 2,7 % par rapport à 2014 ; le mouvement s’est accentué en décembre 2016 : 3,8 % de naissances en moins qu’en décembre 2015. Il semblerait donc que la chute de la natalité amorcée en 2015 soit partie pour continuer en 2017 : la France métropolitaine pourrait tomber cette année en dessous de 730 000 naissances.
Pour l’Union européenne, nous ne disposons pas de chiffres pour 2016, mais ceux de l’année 2015 sont alarmants : 5,09 millions de naissances pour 5,2 millions de décès. Le déficit de naissances culmine en Bulgarie (70 000 bébés face à 110 000 cercueils), mais il est fort dans plusieurs pays : l’Allemagne, où il manque près de 200 000 naissances pour équilibrer les décès ; l’Italie, en déficit de 160 000 ; la Grèce, la Roumanie, le Portugal, la Hongrie, la Croatie, sont largement « dans le rouge ». Un déficit plus grave que celui des budgets publics, et qui se combine avec lui : car imagine-t-on l’Italie, par exemple, ramenée dans quelques décennies à 55 millions d’habitants dont beaucoup de vieillards, rembourser une dette accumulée par 60 millions d’habitants comportant une bien plus forte proportion d’adultes en âge de travailler ?
La raréfaction des bébés européens peut-elle être compensée par l’immigration ? Sur le plan purement économique oui, dans une certaine mesure, si les arrivants ont la volonté de travailler et si la formation de ceux qui arrivent sans compétences professionnelles réellement utiles est bien organisée. Sur le plan culturel, c’est une autre paire de manches : les colons européens ont beaucoup influencé les modes de vie des pays dans lesquels ils se sont installés ; les colons asiatiques, africains et sud-américains qui s’installeront en Europe feront de même. De grands changements sont à prévoir.
À long terme, la démographie est un facteur d’une extrême importance. Certes, « à long terme nous serons tous morts », comme disait Keynes. Mais beaucoup d’entre nous s’intéressent à ce qui arrivera à leurs enfants et petits-enfants. Si la peur de ce qui pourrait bien être leur sort – vivre dans un cadre qui ne sera plus occidental – nous dissuade de procréer, un processus auto-réalisateur de nos craintes se mettra en marche : Le « grand remplacement », pour reprendre l’expression popularisée par l’ouvrage de Renaud Camus, surviendra d’autant plus sûrement que nous éviterons d’avoir des enfants pour leur éviter de vivre cette épreuve.