Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
« Et si elles n’en sortaient jamais ? » se demande l’AFP. Mais de qui parle l’Agence France Presse ? Des banques centrales pardi !
De Paris à New York, de Londres à Tokyo, ou de Francfort à Pékin, partout, ma sœur Anne ne voit que des billets qui « pleuvoient » et des banques centrales qui « injectoient » !
Cela fait 10 ans que les grands argentiers, transformés en pompiers monétaires, laissent les lances à billets inonder le monde pour tenter d’éteindre, dans une action aussi concertée que désespérée, le feu de la crise.
10 ans après Lehman, la mutation irréversible des banques centrales
Et si elles n’en sortaient jamais ? Le cataclysme déclenché en 2008 par la faillite de Lehman Brothers a contraint les banques centrales à repousser les limites de leur mandat, une mutation que beaucoup jugent irréversible.
La chute de la banque américaine marque, avec dix ans de recul, la fin de l’âge classique des institutions gardiennes de la monnaie, jusqu’alors chargées de contrôler les taux d’intérêt à court terme et de juguler les poussées d’inflation.
Car « on avait sous-estimé, dans les mandats des banques centrales, le rôle crucial qu’elles devaient jouer en cas de très forte instabilité financière », souligne Eric Dor, directeur des Études Économiques de l’IESEG à Lille.
À partir de l’automne 2008, la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale américaine (FED) comme la Banque du Japon (BoJ) se sont muées en pompiers tout terrain, luttant contre de multiples incendies avec des moyens inédits.
L’urgence a d’abord été de ranimer le marché interbancaire, paralysé. Mais il a ensuite fallu soutenir la croissance et faire baisser le chômage tout en contenant le risque de défaut des États sur leur dette qui a failli faire éclater la zone euro...
C’est une liste à la Prévert que nous livre l’AFP sur ce que les banques centrales ont dû faire et qu’elles ont également fait !
D’ailleurs, juste avant de quitter la vice-présidence de la BCE, Vitor Constancio faisait remarquer que tout ce qui avait été fait appartient « désormais à la boîte à outils conventionnelle » des banques centrales…
Plus personne ne croit qu’il sera possible pour les banques centrales de sortir du piège des taux zéro et de la création monétaire.
Comme le dit Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, « elles ne pourront plus normaliser leur politique monétaire de peur d’effets dévastateurs pour les entreprises zombies, maintenues artificiellement en vie par les taux bas, et les États très endettés ».
L’article de l’AFP est tout à fait juste, et presque tout y est. L’inflation qui ne repartira pas.
Ou encore l’idée du surendettement des États qui nécessite des taux bas pour l’éternité sous peine de faillite immédiate : « Les instituts monétaires devront aussi faire en sorte que les banques et épargnants privés conservent des obligations d’État, afin de maintenir le coût d’emprunt du souverain le plus faible possible. »
Bref, voici que l’Agence France Presse nous livre le plus officiellement du monde un pronostic bien sombre de notre futur économique.
Un futur terrible pour les épargnants et en particulier pour nos retraités, car il s’agit d’un monde où l’argent n’ayant plus de prix, les « placements » ne rapportent plus rien.
Le rendement a définitivement disparu. Et quand il n’y a plus de rendement et des pensions de retraites qui baissent sous le poids de la fiscalité et de l’absence de revalorisation, c’est le pouvoir d’achat de nos jeunes retraités qui va trinquer… le plus lourdement !
Pour tous les autres épargnants, c’est évidemment une catastrophe, l’argent « papier » ne rapportant plus rien, il n’est plus par définition une réserve de valeur.
Tout cela était une évidence et ne vous surprendra pas, vous qui lisez ce site depuis plusieurs années. Il est en revanche intellectuellement satisfaisant de voir ces analyses enfin officiellement admises comme une… réalité !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae