Dès l’école primaire et secondaire comme dans beaucoup de familles, la transmission de la rigueur conceptuelle en économie va bon train, devrait-on pouvoir constater. Les indices du contraire pullulent dans notre culture générale, doit-on hélas constater.
L’un de ces indices est le sens qui tend à être attribué à l’appellation « économie politique ». Voir par exemple ce qu’en dit Thomas Piketty en conclusion de son très acheté Capital au vingt-et-unième siècle (Seuil, 2013). Soyons au moins conscients qu’il s’agit d’une déconstruction par de la science en trompe l’œil. Des préceptes de théorie économique d’où découlent des principes de politique économique, c’est cela qu’a été l’économie politique, fort explicitement à partir de la seconde moitié du dix-septième siècle et jusque dans les dernières décennies du vingtième. Et c’est cela dont nous avons encore besoin pour nous adonner en meilleure connaissance de cause à l’art de faire société au moins mal.
Ce besoin est d’abord celui d’une économie politique de base, à savoir celle dont les préceptes d’analyse économique qui l’établissent et les principes de politique économique qui en découlent sont assimilables par le plus grand nombre d’électrices et d’électeurs. Voyons que des couperets tombent au nom de la rentabilité et de la productivité, pour n’évoquer que ces deux grands mots du vocabulaire économique. On peut penser que ces instruments sont devenus mieux affûtés. Mais cela ne se peut qu’à force de rigueur conceptuelle alors qu’il est plutôt bien porté de faire comme si elle ne pouvait que rester hors de portée de la plupart des citoyens. Ce qui n’a jamais été démontré et ne le sera jamais !