Nous sommes rentrés de plein pied dans une révolution technologique qui est en train de changer radicalement presque tous les domaines de nos vies : travail, relations, économies, industries et même des régions entières.
Nul part cette vérité est plus poignante qu’en Afrique, un continent pour qui les bénéfices des trois révolutions industrielles précédentes sont toujours loin : aujourd’hui encore seulement 40% des africains ont un approvisionnement énergétique fiable et seulement 20% du continent a accès à Internet. En effet, même si l’adoption du téléphone mobile a été fulgurante, l’Afrique reste nettement derrière le reste du monde en ce qui concerne l’utilisation des plateformes digitales du notamment au manque d’infrastructures et au prix exorbitant chargé en échange du haut débit par exemple.
Dans les pays développés nous sommes embarqués dans une course à la connectivité. 4G et bientôt 5G sont les mots d’ordre tandis que les géants de la Sillicon Valley parient sur de projets fascinant pour connecter la planète ; des projets qui connaissent malheureusement des échecs et des coups d’arrêt. La fracture digitale reste une réalité. Or Internet a le potentiel de faire pour l’Afrique ce que le rail fit pour les économies occidentales au XIX siècle. Ne pas y avoir accès menace l’avenir démocratique, social et économique de ces pays.
Les réseaux 3G et 4G, qui permettent l’utilisation d’internet via une simple interface Smartphone, ne couvrent pas l’ensemble du continent africain ni du monde. Le réseau 2G, lui, couvre presque 95% de la planète. Ce constat est à la base des recherches de quelques startups dont la jeune pousse française Be-Bound. Ces startups s’inspirent des principes de l’innovation frugale, les mêmes qui ont par exemple poussé Renault à lancer en 2004 la Logan, voiture low-cost, et à développer ensuite toute une nouvelle ligne de produit d’entrée de gamme sous la marque Dacia qui a connu par la suite un succès phénoménal.
L’innovation frugale cherche à créer significativement plus d’opportunités business et de valeur social en réduisant de manière drastique l’investissement en ressources (énergie), capital et temps. Si elle a été adoptée par des entreprises pionnières comme Renault ou Unilever, elle est jusqu’à date négligée dans le secteur de l’internet mobile. Or l’optimisation des réseaux peut contribuer à réduire la fracture numérique maintenant. En assurant la connexion à l’internet mobile même lorsque seulement le réseaux 2G-SMS est disponible, opérateurs et institutions ont la possibilité de couvrir un espace beaucoup plus vaste que le réseaux 3G ou 4G et donc de sortir ces quelques 4 milliards de personnes du « néant » numérique (60% de la population mondiale).
D’un point de vue business, on parle d’une opportunité incroyable pour des opérateurs téléphoniques comme Free, Orange ou encore Bouygues à qui s’ouvre un marché de plus de 4 milliards de consommateurs potentiels ! Il s’agit également de créer un véritable écosystème digital où les développeurs de ces pays puissent produire des applications et des solutions adaptées aux besoins et spécificités locaux, capables de fonctionner partout et en toute circonstance. C’est faire mieux avec moins. En Europe, en Afrique, partout, il est temps de s’inspirer plus des principes de l’innovation frugale afin d’apporter à la société plus de valeur, plus rapidement et à moindre cout en termes de ressources.