Après la mobilisation stoppée par les attentats, les médecins sont contraints de constater que l’assemblée nationale et la ministre de la santé continueront leur projet de « faire passer la loi » au mépris de tout ce qui se passe en ce moment. Il paraîtrait selon certains députés socialistes que « la démocratie doit continuer. » Je suis navré, mais comme l’ensemble des professions de santé, je n’avais pas compris que ce passage en force pendant l’état d’urgence c’était de la démocratie.
Le rendez vous était donné pour le mardi 25 novembre, de nombreux députés, à qui les médecins avaient écrit, ont montré leur refus et leur résistance. Beaucoup d’élus, depuis le 13 septembre et les communications des représentants des médecins, ont compris que cette loi était plus que dangereuse et inapplicable. C’est déjà une grande victoire du corps médical, ils ont enfin obtenu que les députés lisent cette loi !
Dès l’ouverture des débats le mardi 25, une passe d’armes entre certains députés refusant de discuter cette loi en ce moment et la ministre s’est déroulée. Certains députés comme Bernard Debré médecin à Paris, Valérie Boyer de Marseille demandaient un moratoire sur la loi qui arrêterait les débats jusqu’à la grande conférence de santé promise en Février par Manuel Valls. Cela paraît être aujourd’hui la seule solution satisfaisante pour tout le monde.
La réponse de Marisol Touraine fut par certains côté étonnante. L’essentiel de son argumentation reste le maintien de tout ce qui est prévu affirmant « que la majorité des patients attendent cette loi » et refusant en bloc les arguments de médecins. Pour elle tout va bien et rien ne doit changer. Par contre elle a développé un argument pour le moins curieux à ce moment du débat, elle est revenu sur « la possibilité d’augmenter le prix des consultations » Un sujet dont personne ne parle actuellement mais qui pourrait permettre à la ministre une stratégie de division dans les syndicats de médecins. On sait que certains syndicats, comme MG France, se sont rangés aux côtés de la grogne générale en « trainant un peu les pieds » On sait aussi que ce syndicat est arcbouté sur cette revendication tarifaire.
C’est donc avec un réel mépris du combat des médecins que la ministre tente cette stratégie de division permettant , si quelques syndicats s’y accrochent, de montrer aux médias « que les médecins se battent bien pour des raisons mercantiles et pas pour la santé » Tollé légitime et général dans les rangs des professions de santé et surtout maintien total de la mobilisation unitaire. Marisol Touraine n’en est pas à son coup d’essai, n’a t’elle pas acheté les personnels hospitaliers en promettant une somme de 3 Millions d’euros à distribuer « pour les remercier d’avoir fait leur travail pendant les attentats » sans avouer directement que cette soi disant prime servirait à acheter le silence des syndicats hospitaliers pendant que Martin Hirsch faisait passer ses textes en douce cette semaine.
Suite à ces petits accrochages il « aurait été convenu » que les débats sur la loi santé ne se fassent que le mardi 1er décembre, mais nous constatons qu’ils se déroulent quand même. Marisol Touraine aurait accepté ce recul avec comme argument que les députés doivent avoir le temps de lire les textes de la loi ce qui, de mon avis, aurait du être fait bien avant le premier vote. Plus personne n’y comprend rien, et c’est voulu par l’exécutif, comme dans bien d’autres domaines. Nous avons donc des élus qui continuent à travailler sur des textes et qui vont continuer à se réunir alors que la France entière sera occupée dans les médias par la COP21. L’état d’urgence bien entendu interdit tout manifestation déplaisante (mais autorise les commémorations qui doivent être à l’abri des terroristes) donc cette soi disant démocratie qui doit continuer, selon les socialistes, est celle d’une interdiction de parler.
Dans son intervention Marisol Touraine n’a pas non plus oublié les assurances privées, en affirmant encore un fois « l’assurance maladie obligatoire » alors que c’est illégal selon l’Europe. Il fallait bien rassurer les assurances qui ont tout misé sur la loi et la clientèle captive, nous voyons maintenant avancer ces sociétés a découvert. Les réseaux de soins sont déjà en place et les publicités télévisuelles sont très claires. Il est facile de comprendre que les Milliards en jeu dans ces sociétés d’assurances sont la base même de toute la précipitation. La ministre peut toujours affirmer que les réseaux de soins n’existent pas, pour dire ensuite que les médecins n’y seront pas inclus, elle ment. Nous sommes tous en possession des argumentaires des complémentaires santé sur leurs réseaux de soins (Santé claire et harmonie mutuelle, CIC) Retarder le processus pour ces compagnies se chiffre en millions, capter les patients très vite avant qu’ils ne réfléchissent est actuellement l’objectif commun de toutes ces entreprises.
Pour compléter la récupération honteuse des évènements du 13 novembre, nous allons voter la semaine prochaine sans que les partis ne puissent faire de réunions. Impossible d’être audible pour nombre de partis dans cette campagne électorale simulée, silence presque total des médias et ce sera pire la semaine prochaine.
Ce que les socialistes du gouvernement oublient c’est que les cabinets médicaux continuent à fonctionner, que les médecins et autres professions de santé sont de plus en plus mobilisés, que les patients apprennent vite et bien. Sans aucun doute cela aura des conséquences sur les élections régionales par contre coup et ce n’est que justice. Que les députés qui affirment que la démocratie doit continuer se réjouissent, elle continue mais c’est la démocratie de terrain celle contre laquelle leurs magouilles ne peuvent rien.