Et si l'Italie était la nouvelle Grèce ? Les nouvelles semblaient pourtant bonnes, mais les écarts de taux se resserrent rapidement, et l’Italie se comporte comme la Grèce, les deux pays évoluant en même temps, même si, bien entendu, les mouvements de la Grèce sont plus importants.
Point de marché : l’Italie, la nouvelle Grèce ?
Depuis le début de la semaine dernière l’écart de taux italien se resserre, on a perdu 40 points de base en 5 jours de marché. La peur qui a suivi les élections semble se tasser. Une lecture rapide du marché semblerait donc suggérer que l’Italie, depuis le début de septembre, est en train de rentrer dans l’ordre, au moins partiellement et revient vers une position plus conforme à ce qui prévalait avant la crise de mai.
Une lecture plus attentive montre qu’il n’en est rien. Certes, les écarts de taux se resserrent rapidement, mais l’Italie se comporte comme la Grèce, les deux pays évoluant en même temps, même si, bien entendu, les mouvements de la Grèce sont plus importants.
Cette approche n’est pas très rigoureuse, une approche de visu est prône à toute interprétation, et à erreur. Pour aller un peu plus loin nous utilisons donc une méthode statistique appelée « partitionnement de données », l’idée étant de grouper les pays qui se ressemblent. Si on fait l’analyse sur 2017 on obtient le graphique suivant. La lecture est simple : plus les barres verticales sont petites, plus les pays se ressemblent. On voit donc, par exemple un groupe de quatre pays (Pays-Bas, Autriche, Allemagne et Finlande) qui sont très proches. Le programme « comprend » donc qu’il existe trois groupes de pays en Europe : les pays « cœurs » (Pays-Bas, Autriche, Allemagne et Finlande), les pays « semi-cœurs » qui ne sont pas très éloignés (Belgique, France et Irlande) et enfin les périphériques (Portugal, Italie et Espagne). La Grèce est toute seule et bien loin.
Une analyse sur 2016, sur 2015, ou même sur les 6 premiers mois de 2018 donne des résultats très similaires.
Mais une analyse depuis juin 2018 conduit à un gros changement : l’Italie ne se comporte plus comme un « périphérique », mais bien comme la Grèce. Si on regarde l’évolution depuis le début de septembre, on obtient le même résultat ; certes les écarts de taux des pays périphériques se sont resserrés, mais l’Italie a eu tendance à se comporter plus comme la Grèce que comme l’Espagne et le Portugal.
On est donc bien loin d’une normalisation. Les écarts de taux italiens restent très élevés mais le problème ne s’arrête pas là : l’Italie se comporte aussi comme un pays qui est sorti de l’univers Investment Grade et qui ressemble plus dans son comportement à la Grèce.
Brexit : « deal » ?
Le négociateur européen, Michel Barnier, a dit qu’il était « réaliste » et « possible » d’avoir un accord sur le Brexit d’ici début novembre. Après le peu de progrès depuis le début des négociations, et l’augmentation des craintes sur une absence d’accord, c’est une petite phrase qui n’est pas passée inaperçue et c’est un vrai bol d’oxygène.
La livre en est fort aise et a gagné presque 0,5% sur la nouvelle. La bourse anglaise en revanche a évolué à l’opposé, et a perdu plus de 0,4% par rapport à ses plus hauts de a journée.
Données compagnies d’assurance
La BCE a publié ce lundi 10 septembre le bilan agrégé des compagnies d’assurance de la zone Euro. A noter, ces chiffres confirment que les assureurs ont été acheteurs nets de papier d’Etat, une croissance de leur avoirs de 0,8% sur un an. Nous avions noté que les investisseurs avaient tous profité du QE pour se désengager des titres d’Etats (c’est surtout le cas pour les investisseurs étrangers mais aussi pour les banques), les assureurs sont donc les seuls à contre-courant.
Le portefeuille obligataire représente à la fin du T2 1 558 milliards d’Euros.
Malheureusement, la BCE note aussi que « la majorité des obligations d’Etat détenues ont été émises par le pays où la compagnie d’assurance est située ». D’après nos calculs, le portefeuille des assurances investi en dette gouvernementale émise en zone euro comporte 40,2% de titres domestiques. C’est le même problème pour les banques qui ont un biais domestique très élevé. En cas de crise le cercle vicieux entre Etat et système financier pourrait donc réapparaitre rapidement.