Elections américaines : qui va en profiter ?

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Par Nomi Prins Publié le 26 avril 2016 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
1700 milliards $En 2015, les fusions-acquisitions aux Etats-Unis ont atteint 1 700 milliards de dollars.

L’élection présidentielle américaine de cette année brasse énormément d’argent. Des milliards de dollars.

En termes de contribution financière, et jusqu’à présent, les gigantesques Comités d’action politique (PAC, aux Etats-Unis) dépassent les dons des particuliers dans une proportion de 5,5 contre 1. Différents milliardaires apportent leur soutien à leur candidat favori (sauf dans le cas de Bernie Sanders), afin de pouvoir exercer leur influence sur le candidat par la suite.

En observant qui ils sont et en disséquant les petites phrases des candidats des deux partis, vous pouvez affiner votre stratégie d’investissement.

D’abord, je veux évoquer un autre élément contribuant à la consolidation du pouvoir. Il s’agit des fusions et acquisitions. Pourquoi ? Parce que des lois complaisantes favorisent ces mariages entre entreprises, qui permettent d’augmenter l’envergure de puissantes sociétés. Wall Street agit en entremetteur.

Tout puissant Goldman Sachs

En 2015, les fusions et acquisitions ont atteint un record aux Etats-Unis, totalisant 1 700 milliards de dollars, soit un chiffre plus élevé qu’en 2007. C’est un signe de crise imminente. Et lorsque survient une crise, la chute est plus rude pour les secteurs comptant le plus de fusions. Devinez qui figure en tête de liste des conseillers, en matière de fusions et acquisitions ? Goldman Sachs (quatre autres membres des Big 6 figurent au Top 5).

Devinez qui a participé financièrement aux campagnes d’Hillary Clinton, Ted Cruz, Marco Rubio et Jeb Bush ? Goldman. Devinez qui a versé 675 000 $ à Hillary pour qu’elle prononce des discours ?

Un candidat, un secteur

Washington fait passer les lois. Wall Street est à l’affût d’accords basés sur ces lois, ou sur la répartition du budget fédéral.

Les plus grands accords se déroulent dans les univers de la santé, des technologies et de l’énergie. Pourquoi ? L’Obamacare a eu une incidence colossale sur les fusions au sein des secteurs de l’assurance et des laboratoires pharmaceutiques : les grandes compagnies d’assurance nationales ont reçu une manne de clients captifs et ont racheté leurs concurrents avec ces primes supplémentaires (voilà pourquoi les primes ont tellement augmenté aux Etats-Unis depuis son entrée en vigueur).

Le secteur des technologies s’en sort toujours bien dans un environnement d’argent pas cher. Le secteur de l’énergie (pas les énergies propres) faisait figure de favori, à Wall Street, selon le principe d’indépendance pétrolière véhiculé par Obama (qui concerne réellement les deux partis). Mais les PME du secteur de l’énergie, qui ont fusionné dans un océan de dettes, sont laminées par les faibles cours du pétrole, et cela va freiner les fusions dans ce secteur.

Si Trump ou tout républicain, excepté Kasich, remporte les primaires républicaines et les présidentielles, le secteur de la défense sera sur le radar des fusions, à Wall Street. La plupart des supporters du parti républicain veulent renforcer l’armée. Rubio, soutenu par des milliardaires orientés technologies, créerait une défense liée au renseignement. Trump, de l’armement lourd.

Si Hillary Clinton remporte les primaires démocrates et les présidentielles, vous pouvez vous attendre au statu quo. Ce serait un troisième mandat de Bill Clinton, en quelque sorte, ou un quitte-ou-double d’Obama : cela revient au même. Les fusions persisteront au sein du secteur de la santé. Au sein des médias également.

Si Bernie Sanders l’emporte, les sociétés du secteur des énergies propres seront boostées. Les compagnies d’assurance resteront dans la partie car bien que Bernie veuille aller plus loin qu’Obama, cela prendra du temps.

Globalement, les banques de Wall Street chuteront encore plus, cette année, en raison de l’augmentation des défauts de paiement et des conséquences de ces années d’argent pas cher. Au cours de ces six derniers mois, le secteur bancaire a chuté dans les mêmes proportions qu’avant de s’enfoncer dans la crise, en 2008.

Mais quel que soit le vainqueur des présidentielles, excepté Bernie, Wall Street aura le sourire aux lèvres. Personne ne va démanteler les grandes banques, ni stopper la spéculation. Pas même Trump, qui ne serait pas devenu Trump sans le financement de Wall Street. Donc, peu importe le Président, le club des Big 6, celui qui entretien les liens les plus étroits avec Washington, sera le grand gagnant.

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Nomi Prins est une journaliste et écrivaine américaine de renom, particulièrement connu pour son travail d’investigation mettant en lumière les liens entre le gouvernement américain et les grands banquiers. Elle est également chroniqueuse pour Intelligence Stratégique.

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