Il y a eu une surprise lundi de la rentrée dans le ciel français : Air France KLM a annoncé que de nouveaux actionnaires allaient entrer à son capital, mais il ne s’agit pas de n’importe quels actionnaires... des américains, mais surtout des chinois.
Et ils ne rentrent pas au capital de la compagnie aérienne "française" pour rien, puisque l’américain Deltal Airlines et China Eastern, une énorme compagnie régionale chinoise, prennent chacun 10 % du capital. Résultat, ces deux nouveaux actionnaires auront chacun droit à un siège au conseil d’administration ce qui leur permettra d’influer sur les décisions stratégiques de la compagnie.
Pourquoi cette alliance ? Tout simplement parce qu’Air France et ses nouveaux partenaires savent qu’il va y avoir de grosses turbulences dans le ciel ces prochaines années à cause de l’offensive massive des low-cost. Depuis quelques mois, notamment grâce à la baisse des prix du pétrole, et donc, du kérosène pour les avions, les prix des billets sur les vols moyens et surtout long courriers se sont effondrés. On peut partir aux Etats-Unis pour moins de 400 euros aller-retour... Les vols intra-européens à 30 euros l’aller simple sont légion.
Conséquence, les compagnies traditionnelles que sont Air France KLM, Delta et China Eastern, doivent se serrer les coudes pour tenter de fidéliser leur clientèle, mais aussi, afin de mieux remplir ensemble leurs avions, notamment grace aux partages de code : Vous savez, ces avions qui volent sous les couleurs de plusieurs compagnies simultanément.
Cette arrivée de nouveaux actionnaires n’est pas gratuite évidemment : les nouveaux "mariés" apportent 750 milions d’euros d’argent frais en dote. Une bonne nouvelle pour Air France qui a encore 3 milliards d’euros de dettes sur les ailes, ce qui n’est en fait pas beaucoup comparé à la dette de la SNCF par exemple, qui atteint, elle, 50 milliards d’euros ! Cet argent frais va aussi permettre à Air France KLM de prendre 30 % du capital de Virgin Atlantic aux côtés de... Delta, qui en détient déja la moitié. Virgin, une compagnie low-cost évidemment.
Cet argent va enfin servir à financer la nouvelle compagnie low-cost d’Air France, Joon, dont le lancement est imminent.
Pour les consommateurs, cette alliance devrait avoir plusieurs conséquences : Air France et ses partenaires vont devenir encore plus fiables, mais aussi capables d’être plus agressifs côté tarifs. Le patron d’une compagnie aérienne concurrente me disait lundi que l’on va trouver de plus en plus facilement des billets d’avion pour le bout du monde, par exemple, l’Asie, à 500, 600 euros aller-retour. On prévoit une démocratisation du ciel accélérée, avec un doublement du trafic aérien en 15 ans.