Éoliennes en mer : Macron et Rugy vont-ils gaspiller « un pognon de dingue » ?

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Par Louis Marin Modifié le 14 septembre 2018 à 13h02
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@shutter - © Economie Matin
150 €Le prix de rachat de l?électricité en mer a été fixé à 150 euros le mégawattheure pour les promoteurs qui n?avaient plus la charge du raccordement.

L’incroyable scandale d’état du tarif de rachat de l’électricité produite par les six centrales éoliennes en mer actuellement en projet ne s’arrêtera pas pour le Président Macron et son ministre de l’Écologie François de Rugy.

Le tarif de rachat de ces six projets avait été dévoilé par le Figaro et dans ces colonnes au montant gigantesque de 220 euros le mégawattheure (raccordement compris).

Cette question avait fini par éclater au grand jour après la Tribune du 3 février dans les Échos de Benjamin Frémaux – ancien collaborateur de Christine Lagarde – intitulée « Le coût exorbitant de l’éolien offshore français » et la question écrite du 6 février sur le sujet du député Julien Aubert à l’Assemblée nationale au ministre de l'économie et des finances (question écrite n° 5074).

L’ensemble de ces interrogations légitimes avait contraint le gouvernement à lancer en mars une vaste renégociation du tarif de rachat de l’électricité d’origine éolienne maritime tant le prix établi à quatre fois le tarif du brut habituel semblait démesuré.

La commission de régulation de l’énergie (CRE) avait en juillet 2017 évoqué une subvention aux promoteurs égale à 40 milliards d’euros et, de son côté, la cour des comptes devait dénoncer dans un rapport rendu public en février 2018 un prix de rachat de l’éolien en mer exorbitant et une politique inefficace en la matière.

C’est donc par un amendement à l’article 34 de la loi pour une « société de confiance » que le gouvernement a obligé les promoteurs éoliens en mer à renégocier ce tarif de rachat démesuré – on pourrait même dire bizarrement élevé.

La charge a été sévère pour les promoteurs qui ne s’attendaient pas à une telle volte-face du gouvernement qui les avait habitués à une certaine servilité en la matière. Désormais, ils allaient devoir négocier avec des hauts fonctionnaires de Bercy sensibles aux deniers publics et non plus avec les représentants du ministère de l’Écologie totalement inféodés aux lobbies éoliens.

Les échos au sein du gouvernement et des médias étaient très durs et la négociation s’annonçait particulièrement serrée. Les négociateurs s’étaient donné comme objectif légitime un prix situé entre 80 et 100 euros le mégawattheure (tarif plus élevé que le tarif obtenu dans les appels d’offre actuels environ 60 euros le mégawattheure). À défaut les six centrales éoliennes en mer pourraient être purement et simplement annulées.

À cet égard on retiendra que la dernière version de l’amendement du gouvernement consacrait un vaste développement sur la méthodologie d’annulation de ces centrales éoliennes qui représentait presque un tiers de l’amendement.

Finalement, le Président Macron, en dépit de tout le travail réalisé par les fonctionnaires chargés de la renégociation et outrepassant le travail en cours de l’assemblée nationale, devait annoncer discrétionnairement et avec précipitation le 20 juin dernier la confirmation des six centrales et un prix de rachat de l’électricité en mer fixé au prix gigantesque de 150 euros le mégawattheure pour les promoteurs qui n’avaient plus la charge du raccordement.

Hasard du calendrier, le Président de la République annonçait cette nouvelle le jour même où dix députés UDI (2), LR(4) et LREM(4) demandaient dans une Tribune dans le Figaro un moratoire de l’éolien en France au profit de la mise en œuvre d’éoliennes flottantes en mer à 50 km des côtes.

Le Président devait maquiller cette nouvelle en se gaussant d’une prétendue économie de 15 milliards d’euros représentant la différence entre le prix prévu – 220 euros le mégawattheure ( soit 4 fois le prix habituel) – et le prix désormais proposé 150 euros le mégawattheure (soit 3 fois le prix habituel), là où il engageait en réalité la France dans un gaspillage de 25 milliards d’euros sur 20 ans et une explosion de la facture d’électricité des Français.

La vérité est qu’en refusant de négocier conformément aux études réalisées par les fonctionnaires de Bercy et en voulant céder aux caprices de Nicolas Hulot pour éviter sa démission, le Président de la république a contribué à une dilapidation potentielle considérable de l’argent des français de l’ordre de 50 milliards d’euros sur 40 ans puisque les six centrales sont envisagées sur quatre décennies et ceci sans tenir compte des milliards de subventions pour raccorder les centrales éoliennes, pour créer des usines ou adapter les infrastructures nécessaires.

Ce gâchis financier, ce gaspillage d’un « pognon de dingue », le Président Macron et le ministre Rugy vont devoir l’assumer s’ils n’envisagent pas les choses autrement après la démission de Nicolas Hulot qui avait d’ailleurs prétexté sur FranceInter de la résistance à l’éolien de cet été comme une des raisons de sa démission.

Aujourd’hui la révolte gronde en France concernant l’implantation d’éoliennes que ce soit sur terre ou en mer. L’acceptabilité sociale est au plus faible. Lors de l’enquête publique des éoliennes prévues entre Yeu et Noirmoutier, c’est plus de 80 % d’opposition qui s’est exprimée alors que la propagande du lobby éolien tente en vain de faire croire le contraire.

Macron et Rugy, en installant ces six centrales éoliennes en mer au bord de nos côtes assumeront-ils d’avoir détruit le littoral français source d’une économie du tourisme dynamique, d’avoir détruit les métiers de la pêche qui souffrent déjà des quelques essais réalisés actuellement par les promoteurs éoliens dans les zones prévues, d’avoir détruit les paysages marins et naturels, richesses de notre patrimoine sauvage commun tout en ayant enrichi avec l’argent des contribuables et des consommateurs à hauteur de 50 milliards d’euros les actionnaires des consortiums éoliens qui par l’effet des différentes OPA ne seront bientôt plus français ?

Ce gaspillage est une honte et une véritable spoliation des Français.

L’histoire jugera mais les Français ne se laisseront pas faire !

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Louis Marin est sur le site Economiematin le pseudonyme de Fabien Bouglé lanceur d’alerte écologiste français et auteur du livre Éoliennes : la Face noire de la transition écologiques, publié en 2019 aux éditions du Rocher.  Depuis 10 ans, il dénonce le désastre écologique et financier des éoliennes. Entre 2011 et 2016, il est en lien avec le SCPC (service central de prévention de la corruption) du ministère de la Justice français qui dévoile le scandale de la corruption dans l’industrie éolienne. Il contribue à rendre public en 2018, le prix exorbitant de rachat de l'électricité des éoliennes en mer. A la suite de ces révélations, ce tarif a été renégocié à la baisse par le gouvernement français. Il a été auditionné en juillet 2019 à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire sur les énergies renouvelables.