Il y a un an, nous affirmions que la route vers la normalisation des marchés financiers serait longue et parfois semée d'embûches. Cela s'est confirmé cette année alors que la volatilité a fait son retour sur les marchés d'actions au cours des derniers mois, les opérateurs craignant que la croissance économique s'avère décevante en 2015. Dans le même temps, les rendements des emprunts souverains des principaux pays développés sont restés très faibles malgré l'anticipation d'une baisse des prix des Bons du Trésor et d'une hausse des rendements suite à l'arrêt du programme d'assouplissements quantitatifs aux Etats-Unis.
Les principaux événements cette année, qui pourraient avoir des répercussions importantes pour 2015, sont l'absence plus ou moins marquée de pression inflationniste dans presque toutes les grandes économies développées et la baisse des chiffres de l'Indice des prix à la consommation (IPC) global. Cette tendance générale à la désinflation implique que les politiques monétaires doivent rester accommodantes et apporter à leur tour un soutien aux actifs risqués. Il est toutefois essentiel d'éviter de passer par la case déflation, compte tenu des ratios dette/PIB déjà très élevés qui persistent à travers une grande partie du monde développé.
Vous trouverez les perspectives complètes en pièce jointe. Ci-dessous, les thèmes d'investissement pour 2015.
Thèmes d'investissement pour 2015
Les Etats-Unis peuvent-ils « faire cavalier seul » en 2015 ? A bien des égards, c'est la question la plus importante de l'année à venir, car, sans les Etats-Unis, les perspectives de croissance mondiale pour 2015 ne sont pas particulièrement réjouissantes. Si les Etats-Unis continuent à faire cavalier seul, les actifs américains – actions, crédit et dollar – devraient, selon nous, afficher de belles performances.
La Fed relèvera-t-elle ses taux directeurs dans un contexte de désinflation ? Nous sommes d'avis que la Fed commencera à normaliser sa politique l'année prochaine, mais à un rythme lent. Le contexte politique devrait rester très accommodant. Il existe une différence qualitative entre la désinflation observée aux Etats-Unis (tirée par la baisse des prix de l'énergie et de l'alimentation, au bénéfice du consommateur) et la faiblesse généralisée des prix observée ailleurs dans le monde (qui reflète largement l'absence de reprise économique significative et dès lors la faiblesse de la demande).
A quel moment les rendements des obligations souveraines auront-ils retrouvé leur attrait ? De nombreux opérateurs de marché ont adopté (et continuent d'adopter) des positions courtes en duration sur les obligations souveraines. Cependant, les profils d'inflation se détériorant, les obligations souveraines pourraient devenir plus attractives en raison de la soif générale de revenus. Un rendement nominal de 2,5% pourrait constituer une proposition bien plus attractive si l'inflation s'établit entre 0 et 1% et que les taux d'intérêt demeurent proches de zéro.
Dans un monde caractérisé par la faiblesse de l'inflation et de la croissance et des taux d'intérêt bas, les actifs dotés d'un rendement réel élevé devraient rester attrayants. L'immobilier commercial est l'un des grands bénéficiaires de ce thème. La demande institutionnelle de revenus devrait rester solide, ce qui soutiendra certainement les marchés du crédit à l'échelle mondiale. Mais la période de surperformance marquée du crédit est révolue. Ce n'est pas une question d'opinion, mais de mathématiques (En d'autres termes, le niveau de départ des rendements et les spreads de crédit d'aujourd'hui ne permettront pas de réitérer les rendements exceptionnels du passé.).
L'effet cumulatif du réinvestissement du revenu de dividende (notamment dans le cadre de stratégies de haut rendement/rendement total) devrait l'emporter sur les obligations à long terme, compte tenu des niveaux de valorisation actuels. Dans un contexte de rendement faible, les investisseurs ont besoin de la puissance de l'effet cumulatif à leurs côtés. Les entreprises de qualité augmenteront leurs dividendes au fil du temps et les investisseurs pourront réinvestir ce revenu en hausse pour doper leur rendement. Nous sommes des défenseurs, de longue date, du réinvestissement du revenu comme principal moteur de rendement total sur des marchés comme le Royaume-Uni. Il n'y a par ailleurs, selon nous, aucune raison pour que les investisseurs de long terme décident de ne plus réinvestir leurs revenus en 2015, notamment dans un contexte de croissance toujours difficile.
Des opportunités devraient se présenter sur les marchés émergents internationaux. La différenciation entre pays devrait être très importante. L'année 2014 a encore une fois rappelé (s'il était nécessaire) que les marchés émergents internationaux ne devaient pas être considérés comme un bloc homogène. D'un point de vue géographique, de bonnes opportunités se présenteront, certains pays œuvrant à réformer leurs économies, tandis que d'autres essaient de persévérer avec des modèles de croissance dépassés. Le passage à une croissance plus lente et plus durable en Chine devrait avoir des effets positifs à long terme, et les valorisations sur les marchés émergents internationaux sont attrayantes par rapport aux marchés d'actions développés. Cependant, nous constatons qu'un dollar fort a toujours constitué un obstacle à cette classe d'actifs.
Risques d'événements extrêmes
La déflation – cela serait très dommageable en raison de l'ampleur de la dette souveraine dans le monde développé. Il y a également lieu de surveiller la volatilité des changes, le Japon poursuivant sa politique d'assouplissement quantitatif et la BCE adoptant un ton plus rassurant, l'assouplissement quantitatif par le rachat d'emprunts souverains demeurant une option pour 2015 en plus des mesures de relance récemment annoncées.