Les données américaines de mars préfigurent un mois d’avril calamiteux

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Par Véronique Riches-Flores Modifié le 18 avril 2020 à 9h16
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@shutter - © Economie Matin
50,5%Aux États-Unis, les dépenses d'habillement ont été divisées par deux (-50,5%).

Les données américaines du mois de mars 2020 commencent à nous parvenir et sont, sans surprise, mauvaises, malgré des mesures de distanciation moins sévères, adoptées de manière plus graduelle et plus tardivement que dans bien d’autres pays.

C’est essentiellement la dernière semaine du mois, en effet, que se sont durcies les règles de confinement aux États-Unis. Et c’est à la lueur de ce calendrier que doivent être observées les données aujourd’hui publiées, avec pour conséquence un résultat alarmant pour avril, comme nous le suggère déjà l’effondrement de l’indicateur du climat des affaires de New-York, l’Empire manufacturing, en chute de plus de 50 points supplémentaires après sa baisse de plus de 33 points en mars, à -78,2.

Parmi les données publiées aujourd’hui, les ventes de détail marquent une chute de 8,7% sur le mois, un résultat fortement impacté par la division par quatre de la valeur des ventes automobiles, moins pire toutefois que les ventes unitaires de véhicules déjà connues, en repli de 32%. Au-delà, les dépenses d’habillement ont été divisées par deux (-50,5%), celles de restauration ont chuté de 26%, et celles d’essence de 17% ; même les ventes d’appareils électroniques enregistrent une baisse significative de plus de 15%.

Seuls postes à avoir échappé à ce choc, les produits alimentaires, en hausse de plus de 25%, lesquels, avec plus de 14% du budget des dépenses, ont permis d’effacer 3,7% de la baisse mensuelle totale des ventes de détail. Les dépenses de santé augmentent également, bien que dans des proportions très limitées, de 4,3% sur le mois. Enfin, celles de matériaux de construction progressent encore de 1,3%, probablement un effet retardé de l’activité immobilière du début d’année qui n’est pas amené à durer à en juger :

1- par l’effondrement de l’indicateur NAHB du climat des affaires des professionnels de la construction également publié aujourd’hui, en chute de 42 points entre février et mars.

2- par la nouvelle contraction des demandes hebdomadaires d’hypothèques, lesquelles avaient déjà marqué le 5 avril un recul de quasiment 35% en quatre
semaines.

À n’en pas douter, l’épidémie de coronavirus a, aux États-Unis comme ailleurs, un impact exceptionnel sur la consommation, comme le laissaient prédire, tout à la fois, le durcissement des mesures de confinement et l’envolée du chômage depuis la mi-mars.

L’activité industrielle n’est pas en reste, en repli de 5,4% entre février et mars 2020 et de 6,3% pour la seule composante manufacturière (qui exclut notamment l’activité minière et extractive). Cette baisse mensuelle est sans équivalent depuis février 1946, notamment emportée par une chute de plus de 9% de la production de biens durables, à raison de -27% pour l’automobile, -8% pour l’aéronautique et -10% pour l’ameublement.

Au total, des données dignes des informations reçues de Chine ou, plus récemment d’Europe, si l’on les rapporte à la période effective de paralysie de l’activité. Autant dire qu’à ce stade, les mesures prises par la banque centrale et l’administration américaines pour contrer les risques d’hémorragie ne sont pas du luxe. Si plus de la moitié du mois de mars a pu être épargnée par la déferlante du coronavirus, avril 2020, premier mois du deuxième trimestre, devrait à l’inverse en concentrer les effets. L’enquête auprès des industriels de la région de New-York nous prépare déjà à une situation inédite qui sera selon toute vraisemblance suivie d’assez près par les autres indices régionaux à venir. L’Empire manufacturing y a chuté de 50 points à nouveau ce mois-ci sous l’effet d’une contraction peu ou prou identique de la plupart de ses composantes-clés, qu’il s’agisse des commandes nouvelles et de l’emploi. À -78,2 points, il atteint d’ores et déjà un niveau très inférieur à ceux connus lors de la crise de 2008.

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Économiste, diplômée de l’Université de Paris I,  Véronique Riches-Flores dirige la société RichesFlores Research - Global Macro & Thematic Independent Research, une société de recherche économique indépendante depuis 2012, après une expérience professionnelle dans le milieu académique -Observatoire Français des Conjonctures Économiques-, et dans la banque d'investissement, en tant que chef économiste chez SG CIB -Société Générale Corporate & Investment Banking- de 1994 à 2012. Son analyse de l'environnement financier international s'assoit sur une double approche à la fois conjoncturelle et structurelle de l'économie mondiale permettant d'avoir un produit spécifiquement adapté aux besoins des professionnels de la gestion d’actifs et des grandes entreprises.

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