Éoliennes en mer : la mobilisation générale des pêcheurs du Tréport à Noirmoutier

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Par Louis Marin Publié le 19 février 2018 à 5h00
France Noirmoutier Eoliennes Treport Mer
@shutter - © Economie Matin
3,9 %En 2016, l'éolien a produit 3,9 % de l'électricité française.

Ces derniers jours, les pêcheurs avertissent très clairement le gouvernement et le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot qu’ils n’accepteront pas la construction de centrales éoliennes en mer qui auraient des conséquences désastreuses sur leur activité.

Déjà il y a quelques mois, le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale avait clairement donné un avis négatif au projet de construction d’une centrale éolienne portée par ENGIE au large du Tréport. Par un tour de passe-passe juridique, cet avis, auparavant impératif, devait désormais être transmis à l’Agence française de la biodiversité (AFB) qui a le dernier mot et est composée majoritairement de représentants du ministère de l’Écologie. La décision définitive de l’AFB est attendue pour le 20 février.

La décision négative de l’AFB qui devrait logiquement et démocratiquement suivre l’avis du parc naturel marin sonnerait la fin définitive de ce projet de centrale éolienne. Un avis positif, qui irait à l’encontre de la décision du parc naturel marin, validerait le projet de centrale éolienne et déclencherait la colère des marins-pêcheurs du nord de la France prêts à se mobiliser très fortement. Ces derniers ont prévenu : Si la centrale éolienne est maintenue nous créerons des Zones Halieutiques à Défendre (ZHAD) et nous ne lâcherons rien !

René*, pêcheur dans cette zone, précise : « Nous sommes représentés dans nos instances par des syndicalistes qui ont troqué leurs filets pour des costards-cravates. Ils ne nous représentent pas. Ils s’acoquinent avec les représentants des promoteurs avec qui ils vont déjeuner dans des bons restaurants pendant que nous sommes en mer ! Ils ne nous représentent en rien… Et nous les pêcheurs qui bossons dur, on n’en veut pas de ces éoliennes. S’ils veulent nous les imposer, ils auront affaire à nous. »

La colère des pêcheurs est forte, surtout depuis que des rumeurs font état d’un avis positif de l’Agence française de la biodiversité au sujet de la centrale éolienne de Dieppe-Le Tréport. Déversement de milliers de tonnes d’aluminium dans la mer, destruction des zones de reproduction, suppression de zones de pêche, pertes considérable d’emplois liés à la mer et à la pêche, les conséquences des centrales éoliennes sont épouvantables et les marins-pêcheurs ne décolèrent pas contre Nicolas Hulot.

« Comment ce type qui est passé à la télé pour appeler à sauver le littoral et la mer peut-il accepter un projet d’éoliennes qui va saloper la mer avec la dioxine des huiles de rotors, l’aluminium des anodes sacrificielles et détruire notre gagne-pain ? C’est un traître… », précise Martin*, pêcheur en Vendée.

Car la mobilisation s’intensifie dans toute la France et les pêcheurs de Noirmoutier, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et la sardinerie Gendreau viennent d’envoyer une pétition à Nicolas Hulot pour lui demander de stopper le projet de centrale éolienne entre Yeu et Noirmoutier. Jusque-là les pêcheurs de cette zone étaient représentés par des syndicalistes favorables aux éoliennes dont la fonction était de canaliser la colère des marins-pêcheurs en leur promettant d’hypothétiques compensations financières.

Mais la colère des marins fait tache d’huile dans la France entière. Ils ont compris que le gouvernement voulait leur faire prendre des vessies pour des lanternes et ils sont désormais particulièrement remontés, surtout depuis qu’ils ont appris les conséquences désastreuses du fonctionnement des éoliennes en mer sur leur activité et sur les produits de la mer.

« On nous dit qu’on pourra pêcher entre les mâts d’éoliennes, mais c’est n’importe quoi ! Dans aucun parc éolien au monde il n’est possible de pêcher entre les mâts. Ils font faire des tests avec du matériel inadapté pour dire que la zone de 86 km2 des éoliennes entre Yeu et Noirmoutier n’est pas productive. Ils nous prennent vraiment pour des c… », nous dit Martin*.

La colère est palpable chez les marins-pêcheurs, et le gouvernement, s’il joue à l’apprenti sorcier, pourrait se retrouver avec de nombreux foyers de résistance dans la France entière. Déjà les marins du Nord et de l’Ouest se mobilisent et prennent des contacts. Il se dit que les marins de Bretagne pourraient rejoindre la fronde. Non, ces parcs éoliens côtiers ne sont vraiment pas une bonne idée et Nicolas Hulot devrait fortement réfléchir avant d’avancer plus loin et se rappeler l’adage : « Qui sème le vent récolte la tempête ! »

* Les prénoms ont été modifiés

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Louis Marin est sur le site Economiematin le pseudonyme de Fabien Bouglé lanceur d’alerte écologiste français et auteur du livre Éoliennes : la Face noire de la transition écologiques, publié en 2019 aux éditions du Rocher.  Depuis 10 ans, il dénonce le désastre écologique et financier des éoliennes. Entre 2011 et 2016, il est en lien avec le SCPC (service central de prévention de la corruption) du ministère de la Justice français qui dévoile le scandale de la corruption dans l’industrie éolienne. Il contribue à rendre public en 2018, le prix exorbitant de rachat de l'électricité des éoliennes en mer. A la suite de ces révélations, ce tarif a été renégocié à la baisse par le gouvernement français. Il a été auditionné en juillet 2019 à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire sur les énergies renouvelables.

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