Alors que les pays émergents contre-attaquent, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole.
Point de marché : les émergents contre-attaquent
Ce jeudi, la banque centrale de Turquie a fait passer ses taux directeurs de 17,75% à 24,00%. Ceci n’est pas un typo, c’est bien 625 points de base de hausse, c’est énorme. Pour l’anecdote, c’est même plus que toutes les hausses cumulées de la BCE depuis sa création en 1999 !
Vendredi 14 septembre, c’est au tour de la Banque centrale de Russie de faire une hausse surprise de 25 points de base (de 7,25% à 7,50%). Un mouvement beaucoup plus préemptif.
C’est rassurant, ces mouvements devraient diminuer la spéculation sur les devises et donc ramener le calme sur les marchés de taux émergents. L’indice de devises émergentes est d’ailleurs quasiment stable sur septembre, après avoir perdu 7,5% sur le seul mois d’août.
En revanche, nous assistons très clairement depuis le deuxième trimestre de cette année à un point d’inflexion sur la politique monétaire mondiale. Sur les 44 banques centrales que nous suivons dans le monde, on compte 25 hausses de taux par 15 banques centrales. Les mouvements turc et russe de la fin de la semaine dernière doivent donc être replacés dans un contexte plus général de resserrement monétaire mondial et de retrait des liquidités en dollar.
Historiquement, il s’agit d’un environnement particulièrement difficile pour les actifs des pays émergents.
Le Portugal va mieux
S&P vient de placer le Portugal, qui a une note de BBB-, en « perspectives positives » à cause de la baisse de sa dette. De même, le FMI a publié sa revue sur le Portugal en fin de semaine dernière (https://www.imf.org/en/News/Articles/2018/09/11/na091318-portugal-recovery-and-risks?cid=sm-com-TW) avec un satisfecit : « Le Portugal a tourné la page de la crise de 2010-13 et connait maintenant une reprise riche en créations d’emplois ».
Alors que Fitch a changé ses perspectives sur l’Italie début septembre, passant de « neutre » à « négatif », le Portugal emprunte donc le chemin inverse.
Nous avions montré que le marché traite de plus en plus l’Italie comme la Grèce et non comme un pays périphérique, groupe dans lequel il ne reste plus que l’Espagne et le Portugal. Le mouvement des agences de notations est moins violent, la note Italienne, BBB, est toujours entre l’Espagne, A-, et le Portugal, BBB-
Mais la direction est claire.
Signaux inquiétants en Italie
Mario Nava, le président du régulateur des marchés italiens, Consob, vient de démissionner sous la pression du gouvernement. Di Maio veut le remplacer par « une personne au service des gens, pas de la finance internationale » et il a ajouté que ses liens avec l’Union Européenne le rendaient impropre à ce rôle.
C’est évidement inquiétant, l’ingérence publique dans ce domaine va au-delàs de la rhétorique habituelle.
Les temps changent : les Etats-Unis premier producteur mondial de pétrole
Ca y est, les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole. La production américaine représentait la moitié de la production russe ou saoudienne il y a dix ans. La politique de l’administration actuelle, qui a grandement libéralisé l’exploitation et la prospection, est une des raisons de ce changement fondamental de l’équilibre du marché mondial.
Corollaire : les exportations de pétrole américaines sont aussi en très forte hausse alors qu’elles étaient quasi-inexistantes au début de la décennie.