Ensemble, soyons vigilants, encore faut-il que le 17 réponde

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Par Simone Wapler Publié le 3 décembre 2015 à 5h00
France Attentats Police Etat Urgence
@shutter - © Economie Matin
143 600La police comptait 143 600 fonctionnaires en 2014.

Il nous faut d’urgence « plus de tout » : plus de policiers, de gendarmes, de douaniers, de bombes, de bombardiers, de frappes sur la Syrie, de contrôles, de budget (et donc de déficit). Tout ceci pour notre sécurité car nous les Français sommes traumatisés par les derniers attentats, survenus 10 mois après celui de Charlie Hebdo.

Pourtant, avant de payer pour toutes ces dépenses, et de voter des lois liberticides et l’état d’urgence permanente ne serait-il pas plus judicieux de faire en sorte que le « 17 » réponde ?

En matière de com, il est vrai qu’agir pour faire en sorte qu’il y ait quelqu’un au bout du fil de « police secours » est une affaire beaucoup moins juteuse et grandiose que « plus de » bombes, d’armes, de douaniers, de gendarmerie, de flicage monétaire ». Rendre opérationnel le 17 ne sert pas beaucoup les intérêts du capitalisme de copinage (banquiers, fabricants d’armes, de systèmes de sécurité), ni celui des politiciens professionnels. Nous avons donc récemment eu droit à une propagande à la gloire des zombies.

La communication est l’art de dire aux gens ce qu’ils souhaitent entendre tout en les amenant à penser ce que vous voulez qu’ils pensent, pour paraphraser Bruno Bertez. Toute la semaine du 16 au 20 novembre, les grands médias se sont remplis de unes et de titres guerriers et sécuritaires et nous ont bien vendu le « pacte de sécurité » de M. Hollande. Voici, à titre d’exemple, les unes de quelques grands journaux nationaux les 16, 17 et 18 novembre. C’est suffisamment éloquent.

Les unes après les attentats du 13 novembre 2015

Même Ségolène Royal, pas dégoûtée des portiques après le coûteux fiasco de ceux de l’écotaxe, voudrait nous imposer des portiques de sécurité pour scanner en masse. Au milieu de ce flot de « plus de tout payé par votre argent », une information n’a pas été beaucoup relayée. Pourtant, si elle avait été plus largement diffusée, nous aurions pu nous étonner que M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur n’ait pas, par décence, proposé sa démission.

La solution : soyez vigilants !

« Ensemble soyons vigilants » vous serine la « communication ». Variante SNCF-Vigipirate : « Attentifs ensemble »… En cas de doute, n’hésitez pas à sonner l’alerte ! Encore faut-il que l’alerte puisse être réceptionnée, entendue et traitée. Sinon, la vigilance et l’attention ne servent que l’observateur et non la société.

Il appelle le 17 « au minimum 80 fois ». Des appels qui restent sans réponse… « Il est 19h35, vendredi 13 novembre. Christophe est à la terrasse du restaurant Cellar, 9 rue Crussol dans le 11e arrondissement, lorsqu’une Polo noire immatriculée en Belgique se gare devant lui. Le jeune observe ses deux occupants, qui tapotent sur leurs smartphones. A 21h40, après avoir appris les attentats au Stade de France, Christophe veut alerter la police sur ces individus qui lui avaient semblé louches. Il appelle le 17 ‘au minimum 80 fois’. Des appels qui restent sans réponse… La salle du Bataclan est à 300 m de là. Moins de 10 minutes plus tard, les hommes de la Polo font irruption dans la salle de spectacle et ouvrent le feu sur la foule, faisant au moins 89 morts. » Le Nouvel Obs «

On l’appellera Christophe. A l’autre bout du fil, la voix est lasse, fatiguée. (…) Il y a encore quelques heures, il se trouvait au 36 quai des Orfèvres pour raconter son incroyable histoire. Vendredi soir, donc, Christophe se trouve au restaurant Cellar, au 9 rue Crussol, dans le 11e arrondissement de Paris à seulement 3 minutes du Bataclan. C’est un habitué des lieux. Le patron est un de ses amis. A 19h35, alors qu’il boit un verre à l’extérieur du restaurant, Christophe voit arriver une Polo noire immatriculée en Belgique: ‘Ils se sont garés juste devant moi alors qu’il n’y avait pas beaucoup de place. J’ai trouvé ça bizarre. Le conducteur avait du mal à tourner le volant comme s’il savait à peine conduire. Je suis allé les voir pour leur dire qu’ils étaient mal garés. Ils n’ont pas ouvert la fenêtre et m’ont regardé méchamment. On aurait cru des morts-vivants, comme s’ils étaient drogués’. Christophe retourne boire son verre mais observe néanmoins les hommes dans la voiture qui a les feux éteints mais le moteur toujours allumé. ‘J’ai bien vu le visage du conducteur et celui du passager car ils ont commencé à tapoter sur leur smartphone, ce qui a fait que cela éclairait leur visage. (…).’

Vers 20h15, Christophe voit passer une voiture de police devant le restaurant qui ne semble pas remarquer la Polo noire mal garée. A 21h30, Christophe quitte le restaurant tandis que les quatre hommes de la Polo sont toujours là. Il a appris que des bombes ont explosé au Stade de France. A 21h40, il tente à plusieurs reprises de joindre la police par téléphone ’80 fois au minimum’ mais sans réponse. Quelques minutes plus tard, la nuit cauchemardesque débutait au Bataclan. » Le Figaro

Des lois liberticides passent comme une lettre à la poste. Des bombes sont larguées à l’étranger. On dépense sans frein et sans compter l’argent du contribuable qui n’en peut plus. Mais il n’y a personne au bout du 17 ! Cela ne dérange pas nos chers élus et ministres qui s’auto-congratulent facilement. M. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, n’ira pas pointer chez Pôle emploi, rassurez-vous. C’est tout simplement écœurant. Ensemble, soyons vigilants ! Mais ne perdez pas de temps à appeler le 17.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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