Le marché répond favorablement aux derniers développements en matière de négociations entre Pékin et Washington. Pourtant, la réalité est plus complexe et donc l’interprétation se doit d’être plus nuancée. Les indices PMI de novembre confirment une inflexion haussière de l’activité manufacturière. Tant mieux ; mais la force du rebond ne devrait être que limitée.
Il faut commencer par parler politique ce matin. La hausse des bourses asiatiques envoie un message d’optimisme sur le déroulé des négociations sino-américaines. Les investisseurs et les opérateurs sont sensibles à deux choses. D’abord, l’annonce par les autorités de Pékin de durcir les sanctions en matière de violation de la propriété intellectuelle. Ensuite, la remarque du Président Trump, selon laquelle il pourrait opposer son véto au projet de loi du Congrès, visant à contrôler de façon plus serrée l’autonomie de Hong Kong par rapport à Mainland China. Et ceci au titre de ne pas entraver le bon déroulé des négociations avec les autorités chinoises.
Pourtant, comment ne pas remarquer que la situation est plus complexe et que tous les indicateurs récents ne vont pas dans le sens d’un « accord presqu’en vue ». Comment ne pas noter la dissonance entre les remarques des deux Chefs d’Etat en ce qui concerne le contenu du texte à signer ? Le Président Xi insiste sur l’équilibre des engagements de part et d’autre et son homologue américain répond que, puisque la situation de départ est clairement à l’avantage de la Chine, c’est vers un rééquilibrage qu’il faut aller. Et puis, il y a le résultat des élections locales à Hong Kong. Avec un taux de participation élevé (70% contre 47% en 2015), la victoire du camp démocratique (demandant plus d’autonomie pour la région administrative spéciale – RAS – par rapport à Pékin) est nette : 54% des voix, contre 40% précédemment. Mais cela modifie-t-il le rapport de force au niveau des pouvoirs exécutif et législatif ? Selon ma compréhension, oui et non. Oui, car le camp démocratique voit sa participation au collège électoral, en charge de choisir le Chef exécutif de la RAS, augmentée de 120 personnes (sur 1200). Non, car l’élection d’hier ne fait que corriger une anomalie. Depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine, le camp démocratique reçoit autour de 60% des votes à l’élection du Conseil législatif (en sachant que 50% des sièges sont attribués ainsi). Au final, le casse-tête hongkongais reste entier pour Pékin. De quoi considérer que les officiels chinois ne sont pas en situation de le résoudre. Si tant est que leur objectif numéro 1 est de trouver un accord avec les Américains. Dans ce cas, il faut privilégier l’accalmie sur le front de la RAS et envoyer le message que ce dossier n’a pas à interférer avec la négociation commerciale sino-américaine en cours. C’est à ce niveau que l’initiative du Congrès américain, avec le projet de Hong Kong Act, a été mal reçue à Pékin et qu’en revanche la réaction (au moins la dernière connue) du Président Trump a été bien accueillie.
Que doit-on conclure de cette analyse ? L’environnement autour de la négociation est complexe et contradictoire, avec une capacité à la faire échouer. Il n’empêche que l’intérêt bien compris des deux pays reste à trouver les « voies et moyens » d’aller à l’accord. C’est à ce titre qu’il faut privilégier le scénario d’une « fin heureuse ». En sachant pourtant qu’un point de calendrier va retenir de plus en plus l’attention des marchés. Quid de l’échéance du 15 décembre, date à laquelle une nouvelle série de renchérissements des droits de douane sur certaines importations américaines en provenance de Chine doit intervenir, si les deux pays tardent à s’entendre ?
Passons au newsflow économique. Les résultats d’enquêtes de conjoncture publiées en fin de semaine dernière envoient un message dans l’ensemble rassurant. Les indices PMI manufacturiers remontent en novembre tant aux Etats-Unis, qu’en Zone Euro et au Japon. La tendance à l’amélioration sur ce front est confirmée. De quoi confirmer le diagnostic d’un mini-cycle économique qui entrerait dans sa phase haussière. Celui-ci interviendrait à l’intérieur d’un cycle conjoncturel dont la phase de croissance est ancienne. A ce titre, le rebond au sein du mini-cycle ne serait pas très marqué. Le point d’attention, au sein de ce panorama plutôt favorable, concerne le secteur des services au sein de la Zone Euro. Son activité, certes toujours en croissance, s’affaiblirait. Ce « manque de souffle » peut-il perdurer si la conjoncture manufacturière sort progressivement la « tête de l’eau » ? On a envie de répondre négativement ; mais le point est à confirmer.