Non, les États-Unis ne cèdent pas au « contrôle » de l'Internet. Aucun gouvernement étranger ne va prendre le « contrôle » de l'Internet. NON, l'Internet ne vas pas s'effondrer.
Ne succombons pas à la rhétorique maniée par certains politiciens pour mettre en avant de prétendues vérités mais parlons plutôt de la réalité du transfert des fonctions de l'IANA (Internet Assigned Numbers Authority), prévue de longue date et actuellement mise en œuvre par le gouvernement des États-Unis. Lors de la création de l'Internet par le gouvernement des États-Unis, qui en assurait également le financement, il y a de cela plusieurs décennies, l'ICANN (l'organisme chargé d'élaborer les politiques selon une approche ascendante) et l'IANA (qui gère les aspects techniques du fonctionnement du serveur de la zone racine de l'Internet) avaient été institués pour superviser le fonctionnement de l'Internet de bout en bout.
Le rôle des États-Unis dans ce contexte a souvent été décrit comme « administratif par nature », un qualificatif qui convient parfaitement. Oui, il est important de s'assurer que la zone racine est gérée dans le cadre de contrôles très stricts, mais il est faux d'affirmer qu'en transférant ces responsabilités à la communauté mondiale de l'Internet, les États-Unis renoncent au « contrôle ». Il a fallu un nombre d'heures incalculable, des mois et des mois de travail acharné pour qu'un groupe d'experts politiques et techniques de l'Internet élabore les recommandations de la communauté relatives au transfert des fonctions de l'IANA, présentées il y a quelques mois. Nous soutenons ces efforts sans réserve.
La tâche est-elle pour autant terminée ? Non, et il est important de finaliser ce qu'il reste à accomplir, dans le cadre du « Work Stream 2 » qui renvoie aux problèmes identifiés comme étant en suspens mais n'empêchant pas de progresser vers le transfert. Il est impératif de trouver des solutions aux problèmes liés à la redevabilité des parties prenantes, à la participation du gouvernement (une participation substantielle mais PAS un contrôle), aux droits de l'homme et à la juridiction, mais cela ne les résoudra pas. La communauté de l'ICANN a prouvé qu'elle était capable de trouver un consensus sur des questions beaucoup plus complexes et rien n'empêche de continuer à avancer.
La structure de gouvernance mondiale de l'Internet n'est pas insignifiante et il faut la prendre en considération, de manière sérieuse et rationnelle. Il est primordial qu'aucun gouvernement ne soit perçu comme ayant le contrôle de cet élément central de notre société mondialisée. Espérons que les politiciens aient assez de bon sens pour écouter les experts techniques et politiques qui, dans leur immense majorité, se sont prononcés en faveur de ce plan de transfert. Ne laissons pas la démagogie à visée électorale nous distraire du travail important qui doit être accompli. Il est temps que l'Internet passe à la phase suivante de son évolution.