0,6 % de croissance pour le premier trimestre de l’année 2015. Il n’en fallait pas moins pour évoquer la reprise de l’économie française. Seulement il s’agit plutôt d’un trompe-l’œil en ce concerne l’emploi à en voir la courbe du chômage qui ne cesse de chuter. Et ce ne sont pas les prochains mois qui incitent à l’optimisme. En cause, les multiples plans sociaux qui viennent d’être dévoilés.
L’ensemble des secteurs d’activités touché
Si le Gouvernement espérait un redressement de la courbe du chômage, il devra sans aucun doute en faire le deuil pour les mois à venir. En effet, depuis plusieurs semaines, les plans sociaux se multiplient partout dans l’hexagone. Dernier en date, Areva a annoncé la suppression de 3 000 à 4 000 emplois en France. Le géant du nucléaire rejoint la désormais très longue liste des entreprises ayant annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), opérationnel à partir de 10 suppressions de postes, depuis mars 2015.
2 150 postes supprimés chez le transporteur Mory Global, 500 chez son concurrent Gefco, ce qui correspond à 10 % de ses effectifs, 600 au sein d’Intermarché, sans oublier les 700 postes qui disparaîtront l’année prochaine, 1 500 dans le groupe textile Vivarte ainsi qu’à La Halle aux Vêtements, plus de 300 personnes en moins chez Dim ou encore 800 suppressions d’emplois chez Air France.
Si cette énumération ne devait montrer qu’une seule chose, c’est que l’ensemble des secteurs d’activités est touché, y compris des secteurs jusqu’alors intouchable comme la R&D. Même le service public est concerné puisque Radio France a annoncé la suppression de 300 à 400 postes.
Pourtant, il se pourrait qu’il ne s’agisse que de la face émergée de l’iceberg. Une étude du cabinet Altares annonce en effet que les défaillances d’entreprises sont en hausse de 7,6 % sur un an au premier trimestre 2015, chiffre historique, ce qui se traduit par une menace sur 66 000 emplois. Une situation qui pourrait se rapprocher de la crise de 2008 lorsque cette dernière était à son paroxysme.
Des plans de licenciement plus ou moins adaptés
Si tous ces plans sociaux sont intervenus après les élections départementales, il ne faut pas y voir un lien de causalité d’après Michel Sapin, ministre des Finances, même si, au contraire, Michel Ghetti, président de France Industrie et Emploi, société spécialisée dans la restructuration, annonce que cela se calmera à nouveau à la fin de l’année avec les élections régionales. Au delà de la question de calendrier, ce sont bien des raisons économiques qui expliquent cette situation et notamment l’attente d’une véritable reprise économique, qui aujourd’hui ne s’appuie que sur des éléments conjoncturels (parité euro-dollars, chute du cours du pétrole) qui empêchent les entreprises de se projeter.
Pourtant certains plans de suppressions d’emplois interrogent quant à leurs pertinences. L’exemple d’Air France est particulièrement éloquent. Décidé en juin 2012 par son nouveau PDG, Alexandre de Juniac, une première série de 5 000 suppressions d’emplois, auxquels il faudra en ajouter 3 000 supplémentaires, avait fortement secoué l’entreprise publique. Sans compter les 4 500 départs volontaires ayant eu lieu entre 2009 et 2011. Une seconde vague devrait prochainement voir le jour, tout aussi sanglante, puisque l’on annonce officieusement 5 000 postes supprimés (et 800 suppressions de postes officiellement). Si les employés ont acceptés les premiers efforts, alors que les conséquences économiques n’ont pas vraiment été au rendez-vous, cette nouvelle vague de suppression leur passe en travers de la gorge.
Les entreprises en difficulté sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à se tourner vers le plan social comme solution miracle à tous leurs problèmes. Une erreur alors qu’une conjoncture économique favorable ne peut s’installer durablement tant que le chômage continuera d’augmenter.