L’immigration : ah enfin un beau débat sans arrière-pensées politiciennes ! [BESTOF]

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Par Nicolas Nielsen Publié le 14 août 2015 à 6h22

Initialement paru le 23/12/14

Au lieu de résoudre les problèmes économiques qui génèrent de plus en plus de tensions sociales, les apprentis-sorciers qui prétendent diriger le pays n’ont rien trouvé de mieux que de relancer le droit de vote des étrangers et de diviser à nouveau les Français sur le thème de “l’immigration” … Comme ils s’arrangent pour tout mélanger dans un cocktail soigneusement composé des ingrédients les plus toxiques et pernicieux, plus personne ne comprend rien — sinon que ça va forcément exploser et mal se terminer. Sur fond “d’islamisme” violent qui dénature l’Islam, tout y passe : du bannissement médiatique de Zemmour (mais qu’est donc devenue la France de la liberté d’expression ?) au spectre d’une future guerre civile jusqu’au prétendu “Grand Remplacement” de Renaud Camus, en passant par la dernière provocation de Michel Houellebecqqui, dans son prochain livre à paraître en janvier, prédit rien moins que l’accession en 2022 à la Présidence de la République d’un “parti des musulmans de France” … Et il y en a qui s’étonnent après cela qu’on patauge dans un climat propice à l’islamophobie ou — comme ils disent — qui “fait le jeu du Front National”… En tout cas pas vraiment de quoi faciliter un débat apaisé et une approche raisonnée du problème de l’immigration…

Ils mélangent absolument tout

Ils ont beau avoir été formés à l’ENA, ils barbotent dans une confusion mentale terrifiante. Pour faire en sorte que plus personne n’y comprenne rien et que les gens aient vraiment peur, ils mélangent tout et entretiennent savamment les amalgames les plus caricaturaux : ils confondent l’immigration clandestine et l’immigration légale ; Ils confondent l’immigration intra-européenne et l’immigration non communautaire ; ils confondent l’immigration polonaise, italienne, portugaise ou espagnole — issue d’une même religion et d’une même histoire — et l’immigration d’origine musulmane ; ils confondent l’immigration d’une main d’oeuvre qualifiée ou diplômée et l’immigration de déshérités ne maîtrisant pas le Français ; ils confondent l’immigration réussie et celle qui, parce qu’elle refuse l’intégration ou l’assimilation, est celle qui pose précisément problème ; ils confondent les étrangers et les français d’origine étrangère ; ils confondent le droit de vote accordé aux étrangers membres de l’UE et le droit de vote aux étrangers non-communautaires ; ils confondent les élections locales et les élections nationales ; ils confondent le “droit du sol” et le “droit du sang” ; ils confondent le droit de vote accordé pour des raisons fiscales et le droit de vote accordé au titre de la nationalité ; ils confondent les immigrés sans-papiers et les bénéficiaires du droit d’asile ; ils confondent les immigrés en situation régulière et les clandestins ; ils confondent l’immigré jeune-étudiant informaticien et les familles fuyant la sauvagerie de leur pays… Bref ils confondent tout, histoire de rendre le débat impossible et donc sa solution inextricable.

Qui sème le vent récoltera la tempête

Ils mélangent tout — mais à dessein — car le but recherché est évidemment politique : agiter le chiffon rouge de l’immigration, faire monter le FN et casser la droite dite républicaine. Pour un Président qui s’affaisse dans les sondages et un PS à la recherche désespérée de nouveaux “adhérents”, l’immigration et le droit de vote des étrangers sont une thématique porteuse et du pain béni pour des politiques qui s’imaginent qu’en transformant un sujet explosif en opportunité politicienne, ils vont se gagner un nouvel électorat et rebondir dans les sondages. Ne pas organiser ce débat sur des bases claires — dans la lumière et la transparence statistique — est pas seulement indigne : cela entraine un grave risque de déstabilisation politique et sociale. Mais comme personne ne dispose des vrais chiffres et des vraies statistiques, on barbotte dans un flou artistique soigneusement entretenu pour favoriser les tours de passe-passe politiciens … Comme la Préfecture de Police est incapable de “compter” les manifestants, la République n’arrive à compter le nombre exact d’immigrés — ou de “clandestins” qui, par définition, échappent au comptage statistique. Comme personne ne dispose de statistiques incontestées, on nage en plein fantasme social, ce qui ne déplait d’ailleurs pas aux politiciens et aux idéologues. Personne ne sait combien il arrive d’immigrés tous les ans : 200 000 ? 400 000 ? L’aide médicale d’Etat (AME) — accordée aux immigrés en situation irrégulière — est passée en cinq ans de 215.763 à 263.962 bénéficiaire et était supérieure à 1 Mds€ en 2013)…

Le problème est qu’au moment où la France – comme l’Europe – doit faire face une vague migratoire sans précédent, elle a déjà 6 millions de chômeurs auxquels elle n’arrive plus à donner le moindre travail : la récession s’installe, la pauvreté se répand, des quartiers entiers sont à la dérive… mais ça ne fait rien : les bons esprits affirment que les Français ont tort de s’inquiéter et que l’immigration n’est que le fantasme nauséabond de ceux qui (c’est ainsi que Hollande les qualifie) ”rêvent d’une France en petit, une France en dépit, une France en repli, bref une France qui ne serait plus la France”…

Ne pas confondre les flux et les stocks

• Comme on nage en plein embrouillamini statistique entre l’INED, l’INSEE et les ministères, il n’y a pas de données officielles incontestés (que ce soit pour rassurer ou s’inquiéter d’ailleurs). Mais pour minorer la perception du poids de l’immigration réelle, il y a ceux qui raisonnent en terme de “flux” annuels. Ils comparent année après année (“x” entrées en 2012 ; “y” entrées en 2013) et annoncent un “ralentissement” (ou une “stabilisation”ou une “augmentation” peu importe) du nombre d’immigrés (ou des clandestins, ou des demandeurs d’asile, ou des demandes de nationalité…). C’est toujours la même histoire du “ralentissement de la progression” : on fonce toujours dans le mur mais comme on fonce moins vite ce n’est donc pas grave. Mais mettons que “x” ou “y” soit 200.000 ou 250.000 par an : bien sûr le “flux” peut se ralentir ou se stabiliser, mais il n’en reste pas moins que ces chiffres d’entrées sur le territoire s’additionnent année après année pour y former des “stocks”.

Le “stock” d’immigrés, c’est le total accumulé au fil des années. Comme disait Raymond Devos, “trois fois rien, c’est déjà quelque chose”Et c’est comme ça qu’en ajoutant 200.000 tous les ans on arrive à des chiffres cumulés qui terrifient même les autruches les plus obstinées. Les gens oublient ce qu’on leur dit officiellement et, dix ans après, ils ouvrent les yeux dans la rue ou le métro et se grattent la tête : “tiens c’est bizarre, ils m’avaient dit que l’immigration était maîtrisée”… Et c’est là qu’il y a un vrai problème. On minore l’importance des flux en les découpant en rondelles annuelles, on nie le principe de l’accumulation des stocks et surtout on se garde bien d’incorporer le différentiel de fécondité. Et c’est comme ça qu’au bout de 10, 15 ou 20 ans on a une explosion démographique et une bombe électorale qui ne peut qu’exploser à la figure de la classe politicienne. Même Michel Houellebecq l’a compris qui prédit carrément en 2022 l’accession à la Présidence de la République d’un “parti des musulmans de France”…

Le problème n’est pas politique mais démographique

Le problème de l’immigration n’est donc pas politique ou religieux : il est bêtement démographique. Il réside dans les taux de natalité comparés des familles immigrées par rapport à la population d’accueil. Ce n’est donc pas une histoire débile de “complot” planétaire favorisant un quelconque “Grand Remplacement” fantasmé ; ou une hystérie nauséabonde inventée de toute pièce par des nostalgiques rétrogrades qui pensent petit et rabougri. C’est tout simplement un enchaînement mécanique et implacable qui repose sur la notion de croissance exponentielle que la plupart des politiciens ne comprennent pas parce qu’ils pensent les évolutions en termes de progression arithmétique ou si vous voulez en termes de fonctions linéaires.

Les forces démographiques sont des forces lourdes et difficiles à inverser. Et il ne suffira donc pas, comme beaucoup le pensent, d’un simple claquement de doigts d’un nouveau Président en 2017 pour inverser le destin. Je vous explique très rapidement le principe de la croissance exponentielle parce qu’il aide à comprendre pourquoi la France n’est pas prête de se sortir du piège démographique de “l’immigration”.

Le vieux conte Perse de la croissance exponentielle

guillemets_noirs_2_left … Un marchand de grains astucieux avait offert à son roi un magnifique jeu d’échecs aux cases d’ivoire et d’ébène. En échange de ce présent, il ne demandait qu’une toute petite chose — oh, presque rien — juste un tout petit grain de riz sur la première case, deux sur la seconde case, quatre sur la troisième et ainsi de suite. Le roi évidemment accepta immédiatement : le marchand pensait-il était fou de demander si peu mais bon, c’était son problème. Il ordonna donc qu’on apportât du riz de ses réserves : à la quinzième case il fallut décompter 16 384 grains, puis sur la 21e plus d’un million; à la 40e il en aurait fallu…. plus d’un milliard Tous les stocks de riz du royaume furent épuisés bien avant que l’échiquier fût recouvert (et je vous signale qu’il y a 64 cases sur un échiquier !) guillemets_noirs__2_right

La leçon à tirer de ce conte c’est que la croissance exponentielle aboutit très rapidement à des valeurs absolues considérables. Selon une progression arithmétique qu’un politicien Français ne peut évidemment pas comprendre.

La facture du blé (ou de l’immigration) est sur la 40e case !

Si vous appliquez le conte iranien à, disons, la démographie, ou l’immigration, alors vous comprenez très vite ce que deviendra le petit “grain de blé” de la 1ere case quand il arrivera à la 40e ou la 64e case (c’est à dire en 2020 ou 2050)… Ça fait évidemment froid dans le dos, mais pour un “présidentiable” qui ne pense qu’à son élection en 2017, pas de problème : pour lui, le scrutin c’est dans 3 cases seulement, alors cool ! Qu’est ce que vous venez l’embêtez avec vos interrogations sur les conséquences pour le pays à l’horizon de la 40e case !

Le drame évidemment, c’est que le politicien Français est incapable du moindre raisonnement sur le long terme. Quand il se rendra compte de la catastrophe entraînée par ses décisions, il sera évidemment trop tard : il se frappera alors le front avec la paume de sa main et s’exclamera : “mince alors, je n’aurais jamais cru ça”… Vous l’aviez pourtant prévenu, mis en garde, alerté … mais il n’écoutait pas et souriait de façon condescendante en vous considérant comme un idiot : vous étiez un horrible “pessimiste” (beurk) et lui un gentil optimiste qui dessinait une France généreuse et accueillante (trop cool) ; Vous étiez “négatif” et lui positif… Bref, il continuait à promettre la lune et des lendemains qui chantent alors qu’en le voyant ne pas s’inquiéter du 1er grain de blé qu’il posait sur la première case de l’échiquier — c’était évidemment vous qui aviez raison et saviez que son aveuglement conduisait à la catastrophe.

L’hypothèque démographique

Le long terme du destin d’un pays (l’immigration, la langue, la fécondité et le renouvellement des générations…) — sont des choses évidemment trop sérieuses pour être confiées à des petits politiciens en quête de voix ou de popularité. Avant qu’ils ne commettent l’irréparable, pensez aux grains de blé du conte iranien et, par exemple, à la démographie d’un pays, ou au nombre d’immigrés qu’un politicien décidera de laisser entrer sur les premières cases de l’échiquier en prétendant que ça ne changera rien à l’identité nationale quand on arrivera à la trentième case… 200.000 immigrés pendant 20 ans ça fait 2 millions, et si vous multipliez par le taux de fécondité, vous obtenez des chiffres terrifiants qui ne peuvent laisser indifférent…

Les politiciens n’arrivent évidemment pas à penser la longue durée en termes exponentiels. Et donc ils s’enfoncent dans le déni. Mais il y a une chose dont on est sûr c’est que le déclin démographique d’un pays arrive, lui, de façon exponentielle : ce qu’on n’a pas décidé à la case 2 de l’échiquier fait qu’on sombrera à la case 20 ou 30… Mais ils ne comprendront jamais la durée et le laps de temps qu’il y a entre la cause et les effets : quand l’effet désastreux arrive (mettons en 2050) il est évidemment trop tard pour corriger la cause. La bateau a déjà coulé et il est trop tard pour verser des larmes de crocodile sur les conséquences tragiques des mauvais choix qui ont été faits.

Le lac recouvert de nénuphars…

Un autre exemple : imaginez une petite maison au bord d’un lac. Imaginez que sur ce lac pousse un nénuphar et que — comme le grain de riz du conte iranien — ce nénuphar double sa surface tous les jours et qu’il faille, disons 30 jours, pour couvrir intégralement le lac. Au début, la croissance des nénuphars semble faible et notre politicien ne s’en soucie pas. Le 29e jour pourtant, la moitié de l’étang est recouverte. Le politicien — qui ne comprend toujours strictement rien la notion de croissance exponentielle — vous dit : ”Oh mais ne t’inquiète pas, faut pas être pessimiste comme ça. Quelques nénuphars de plus ce n’est pas grave” … Ah bon ? Le problème c’est que le 30e jour, — donc juste le lendemain — c’est la totalité du lac qui est recouverte. Terminé, trop tard pour se réveiller. Pareil pour le problème des retraites : si le renouvellement des générations n’est plus assuré, qui les financera ? Bref si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici, vous comprendrez pourquoi j’ai un mépris total pour les politiciens qui dirigent la France depuis pas mal d’années. Ils pratiquent le déni et conduisent les Français à la ruine.

Le futur d’une civilisation est modifié, mais son passé également

Les politiciens disent toujours : “l’Europe est une vieille civilisation qui peut sans difficultés accueillir toute la diversité du monde”… Ah bon ? J’écoutais récemment un Britannique qui décrivait l’avancée de l’islam et la disparition des pubs dans certains quartiers anglais, la disparition des crèches en France, la disparition des crucifix dans les écoles allemandes, la multiplication des mosquées ou la visibilité sans cesse croissante des burqas dans les rues européennes… Et ils poursuivait en disant : n’imaginez pas que cela ne concerne que le présent et le futur. Cela a également des incidences rétroactives sur le passé lui même : les manuels scolaires sont sommés d’effacer des pans entiers de la seconde Guerre mondiale qui “posent problème” aux nouveaux arrivants (la shoah notamment, mais également les croisades ou la guerre d’Algérie…). L’histoire doit alors être “réécrite” pour satisfaire aux exigences des nouveaux arrivants. L’immigration ne change donc pas seulement le présent et le futur mais également le passé — le socle historique et les racines de la civilisation européenne. On peut le redouter – ou l’approuver – mais on ne peut pas le nier : c’est un fait démographique incontournable. Et donc — puisque cela a des conséquences aussi massives sur le destin des peuples, leur histoire et leur façon de vivre — on ne peut pas laisser cette question aux mains des seuls politiciens. .Le Peuple doit impérativement reprendre en main le contrôle de son destin.

Interrogeons le Peuple souverain !

Vous pouvez payer des impôts mais ne pas avoir automatiquement le droit de vote qui est lié à la nationalité, pas à la fiscalité. Mais Hollande a tout de même réaffirmé récemment qu’il était favorable au droit de vote des étrangers aux élections locales. Tout en reconnaissant que rien ne pourrait se faire sans une révision de la Constitution (qui suppose une majorité des 3/5e” au Parlement), il sait bien que cela implique un “un accord entre les forces républicaines” à qui il demande de “prendre leurs responsabilités”. Facile évidemment, pour gagner des voix dans un nouvel électorat, de promettre ce qu’on sait ne pas pouvoir tenir. Mais cette histoire de vote des étrangers et l’immigration sont des enjeux trop importants pour être livrés à des petits arrangements entre politiciens ou entre groupes politiques au Parlement. C’est au Peuple souverain qu’il faut demander de se prononcer sur cette question qui n’est pas anecdotique. Lui seul est en mesure de dire ce qu’il veut comme avenir. Qu’ils arrêtent leur politicaillerie politicienne et qu’ils décident un référendum sur immigration. Qu’on interroge le Peuple souverain. Point final.

Article initialement publié sur Switchie5 et reproduit ici avec l'aimable autorisation de son auteur

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Pendant 35 ans, Nicolas Nilsen a participé à la mise en oeuvre de la communication Gouvernementale.Il décortique l'actualité politique sur son blog "Switchie5"