1 Qui domine le marché mondial des vêtements ?
Ce sont de grands groupes distribuant leurs produits : Hennes & Mauritz (H&M), Inditex, Gap Inc. et Fast Retailing (voir infographie). Ils décident quoi produire, où et comment. Grâce à l'organisation en CVM (lire C'est quoi), ils font appel à des sous-traitants pour la fabrication. H&M, Inditex et Gap Inc. forment le trio de tête. Pour doper leur développement, les distributeurs misent sur l'ouverture de boutiques (300 par an pour H&M), la création de marques (Oysho et Bershka pour Inditex?) ou le rachat (Uniqlo a racheté Princesse Tam.Tam?).
2 Où sont-ils fabriqués ?
2 La Chine est le producteur n° 1 : il fabrique 33 % des exportations de textile dans le monde (44 % de celles en Europe). Mais les grandes chaînes de mode peuvent déplacer leur production en fonction des coûts de la main-d'?uvre (voir infographie). Ainsi, face à la hausse du salaire moyen en Chine depuis 2010, elles ont reporté leur commandes sur le Bangladesh (désormais trois fois moins cher que la Chine), le Pakistan ou le Vietnam. Le Bangladesh est devenu le n° 2 mondial. 70 % des vêtements achetés en Europe sont produits en Asie, mais les pays du Maghreb et d'Europe de l'Est aussi ont la cote. Plus proches et pratiquant parfois des salaires plus faibles qu'en Chine, ils sont sollicités pour les commandes de mi-saison ou de réassort.
EN CHINE, DES ENFANTS COUPENT LES FILS DÉPASSANT DES JEANS POUR 1,5 CENTIME D'EURO PAR PANTALON.
3 Qui les confectionne ?
Parmi les 60 millions de travailleurs de l'industrie textile dans le monde, 68 % sont des femmes jeunes, peu qualifiées, et des enfants. Ces ouvriers endurent des conditions de travail très difficiles, comme en témoigne Hong Chantan, une Cambodgienne de 35 ans invitée en France en octobre par l'association Éthique sur l'étiquette. « J'ai commencé à 20 ans dans un sweatshop pour 23 euros par mois. J'en gagne aujourd'hui 120. On travaille 12 heures par jour, six jours sur sept, même les jours fériés, sans congés payés. Je couds des pantalons dans une usine qui travaille pour Inditex. Il n'y a aucune sécurité, aucune hygiène. Les fenêtres sont voilées pour éviter qu'on nous voie. On ne peut pas s'absenter plus de cinq minutes, même pour aller aux toilettes. On n'a pas le droit de parler. Au bout de trois fois, on nous suspend pour une journée de travail. » À Xintang, une ville chinoise considérée comme la capitale du monde des jeans, des enfants travaillent le soir après l'école et durant les vacances. Ils coupent les fils dépassant des ourlets des jeans. Salaire : 1,5 centime d'euro par pantalon.
4 À quel prix ?
4 Les ateliers de confection des PMA sont souvent installés dans des bâtiments vétustes, sans normes de sécurité. En 2013, le Rana Plaza, un bâtiment de Dacca (Bangladesh) où étaient installés des sous-traitants de marques occidentales, s'est effondré. Environ 1 100 personnes sont mortes. « Pour signer des contrats avec les grandes chaînes de mode, les sous-traitants ne se contentent pas de sous-payer leurs salariés ou de les faire travailler dans des conditions précaires. Ils utilisent des produits interdits en Europe par la norme REACH (lire C'est quoi). Ces produits sont toxiques pour l'environnement, les personnes qui les manipulent et les consommateurs qui portent les vêtements, affirme Françoise Minarro spécialiste du dossier pour Greenpeace. En Chine, on a fait des contrôles et des prélèvements accablants d'eaux usées à la sortie des usines. Les polluants sont rejetés directement dans les rivières où ils contaminent l'eau qui est ensuite consommée par les habitants. »
5 Cela peut-il changer ?
5 « Ce serait bien que ceux qui achètent ces habits se rendent compte des conditions de leur fabrication? », espère Hong Chantan. Une prise de conscience qu'encourage aussi Greenpeace : « À 15 ans, on peut comprendre qu'un teeshirt très bon marché n'a pas été confectionné dans de bonnes conditions? » Questionnées sur les pratiques de leurs sous-traitants (sur les plans éthique, environnemental et sanitaire), les principales chaînes de mode n'ont pas voulu nous répondre, excepté H&M. Depuis novembre 2013, la marque a engagé des actions en faveur des salariés et de l'environnement des PMA.
C'EST QUI ? C'EST QUOI ?
Le marché du textile Le textile et l'habillement représentent un CA annuel de 470 milliards d'euros dans le monde et font travailler 60 millions de personnes. En Europe, le secteur compte 1,8 million de salariés pour un CA de 190 milliards d'euros. En France, il pèse 22 milliards d'euros, pour 130 000 emplois.
Une chaîne de valeur mondiale (CVM) Ensemble des activités (conception d'un produit, production, livraison au consommateur?) d'une entreprise réparties dans plusieurs pays. Avec le développement des transports internationaux, le secteur textile s'est organisé en CVM. Ce mode de production maximise le profit des marques. La confection des habits est, par exemple, délocalisée dans des pays à faible coût de main-d'oeuvre.
La norme REACH Norme européenne d'utilisation des produits chimiques. Les sous-traitants des PMA ne la respectent pas forcément. Greenpeace a détecté des produits chimiques dangereux dans les vêtements des grandes marques : du NPE et des phtalates, soupçonnés de dérégler le fonctionnement hormonal et la reproduction. Dans une campagne pour que les marques « désintoxiquent » leurs vêtements, l'association a établi un podium les classant selon leurs efforts (infographie).
LES FAITS : 625 euros par an : c'est ce que dépensent en moyenne les 15-25 ans pour s'habiller, surtout auprès de grandes chaînes de mode. quel est le secret de leurs prix attractifs ?
Cet article est extrait de l'Eco, hebdo destiné aux 12-16 ans.
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