Roland Garros ou le syndrome du débat éternel

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Par Stéphanie Von Euw Publié le 3 juin 2015 à 5h00
Roland Garros Extension Cout Projet
@shutter - © Economie Matin
400 millions €L'extension de Roland Garros pourrait coûter 400 millions d'euros.

Parler d’investissements c’est bien, parler d’attractivité c’est essentiel, parler modernité, incontournable. Mais encore faut-il s’en donner les moyens. Or depuis 20 ans, les gouvernements de gauche comme de droite, se sont ingéniés à mettre en place un arsenal juridique et administratif imparable dont l’exemple le plus caricatural est le désormais célèbre principe de précaution, issu du non moins célèbre Grenelle de l’environnement. La conséquence est implacable.

Roland Garros : le feuilleton d'une extension

Tout projet ambitieux, qu’il soit industriel, culturel ou même sportif se retrouve systématiquement empêtré dans les méandres de la procédure française qui outre sa complexité, a réussi à créer le principe du débat éternel. Le dernier exemple en date n’est rien d’autre que le « monument » du tournoi de Roland Garros, tournoi de tennis le plus retransmis au monde, symbole d’une certaine tradition tennistique et d’un art de vivre à la française plébiscité dans le monde, et le feuilleton de son extension.

Quels sont les enjeux ? Le tournoi de Roland Garros fait partie des quatre tournois les plus prestigieux du monde, ceux dits du Grand Chelem avec seulement trois autres tournois que sont Wimbledon à Londres, l’Open d’Australie à Melbourne et l’US Open à New York. Mais ce statut implique un niveau d’exigence en terme de nouveautés techniques ou d’espace que le site actuel n’offre plus, au point d’être aujourd’hui directement menacé par des tournois comme Madrid par exemple dont les installations sont beaucoup plus modernes (toit rétractable, nombre de courts, emprise au sol, couloirs de circulation).

Des projets d'envergures pris en otage par des procédures complexes

Une fois le diagnostic posé de la nécessité d’agir au risque de tout perdre, la FFT a engagé une large réflexion sur la modernisation de Roland Garros. C’était il y a cinq ans déjà ! Le chemin de croix des dirigeants ne faisait que commencer. Depuis deux ans, la préparation d’un débat public et une enquête publique qui auront duré plusieurs mois et donné un avis favorable avec des recommandations prises en compte depuis lors, une multitude d’études sur les impacts environnementaux notamment et réalisées par des cabinets indépendants, le projet se trouve toujours menacé et surtout retardé par des associations qui se drapent derrière l’intérêt général et le respect de l’environnement pour mieux faire oublier qu’elles sont constitués essentiellement de riverains craignant pour leur tranquillité personnelle.

S’il est indispensable dans une démocratie d’ouvrir le débat, de donner et de garantir la parole des opposants aux projets afin de les améliorer voire d’y renoncer si effectivement des obstacles majeurs apparaissent, la prise en otage systématique des projets d’envergure au travers de procédures qui n’en finissent pas, impose de rappeler que nous sommes dans un Etat de droit, qu’il existe une procédure qui plus que dans n’importe quel autre pays au monde donne la parole et une capacité d’influence aux citoyens, mais que cette procédure, si elle aboutit à une conclusion favorable, doit être respectée et le débat achevé. A l’heure où beaucoup demandent un Etat plus fort, Roland Garros fournit un bel exemple des progrès qui restent à faire en la matière en France.

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Stéphanie Von Euw est Vice-Présidente cabinet Bernard Krief Institutionnel et Conseillère Régionale d’Ile-de-France.

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