Le chômage de masse, avec plus de six millions de chômeurs est l'expression la plus manifeste de la guerre sociale menée par la classe capitaliste contre les travailleurs.
Il faut d'abord arrêter l'hémorragie en interdisant les licenciements et les plans de suppressions d'emplois, en commençant par les entreprises qui font du profit. En 2016 les groupes du CAC ont réalisé 76 milliards d'euros de bénéfices. Avec cet argent, on aurait pu créer 2 millions d'emplois toutes charges comprises. Un groupe comme PSA, avec 2 milliards d'euros de profits, a supprimé 17 000 emplois en trois ans !
Il n'y a pas assez de travail ? La productivité permet de produire plus avec moins de bras et de cerveaux ? Il faut répartir le travail entre tous. Il faut travailler moins sans baisse de salaire.
Il manque du personnel dans les hôpitaux. Il faut embaucher dans les écoles ou dans les transports publics. Il faut construire des centaines de milliers de logements en embauchant les maçons, les électriciens, les ingénieurs nécessaires.
Tout cela a un coût évidemment. Mais les bénéfices colossaux des grandes entreprises, réalisés en aggravant année après année l'exploitation de ceux qui les font tourner, doivent être consacrés à cela. Aujourd'hui, c'est l'inverse : la plus grande part est distribuée aux actionnaires et vient alimenter le puits sans fond de la finance.
On nous rabâche que l'État est endetté. Mais il a distribué 56 milliards d'euros sans contrepartie avec le CICE, ce crédit d'impôt versé aux entreprises.
Et puis il faut augmenter les salaires. Depuis 10 ans, le SMIC est passé de 1 000 euros net par mois à 1 150 euros, soit 15 % d'augmentation. Dans le même temps, les salaires des PDG ont augmenté de 65 % ! Quant aux retraites, elles sont gelées. Les prix du gaz, de l'électricité, les loyers, les assurances, etc. ont augmenté bien plus vite. C'est pourquoi il faut augmenter tous les salaires de 300 euros. Pas un salaire, pas une retraite, ne doit être inférieur à 1800 euros net par mois ! C'est le minimum pour vivre sans se priver de tout. Les allocations et les minima sociaux doivent être transformés en salaire en échange d'un travail adapté à ses capacités.
On me dit souvent que les petites entreprises ne pourront pas suivre, qu'elles seront mises en faillite. Cet argument est fallacieux. S'il y a 3,5 millions d'entreprises en France, 95 % d'entre elles ont moins de 10 salariés. A l'inverse, moins de 5 000 grandes entreprises emploient la moitié des salariés du privé de ce pays. Elles dominent l'économie, les autres n'étant que leurs sous-traitants, fournisseurs et prestataires. Selon une récente enquête du journal Le Monde, 143 familles bourgeoises françaises contrôlent 22 % de la bourse de Paris avec un capital cumulé de 445 milliards d'euros.
Commençons par le haut ! En prenant sur ces fortunes, on pourra embaucher des millions de travailleurs, augmenter les salaires et les pensions, financer les écoles ou les hôpitaux.
Je réclame l'abolition du secret des affaires et le contrôle des comptes des entreprises. En se réfugiant derrière ce secret, les actionnaires préparent des fermetures de sites, quitte à ruiner une région entière. Ils peuvent polluer ou empoisonner, comme l'illustre le Dieselgate ou le Médiator. En rendant public le fonctionnement de leur entreprise, les travailleurs pourront vérifier d'où viennent les capitaux, à quoi ils sont destinés. C'est aussi l'intérêt des petites entreprises étranglées par leur banque ou leur donneur d'ordre ou des travailleurs indépendants soumis aux géants de l'agroalimentaire ou du BTP.
Ce n'est pas là un simple programme électoral. Les véritables maîtres de la société ne sont ni à l’Élysée ni au parlement. Ils sont à la tête des banques et des grands groupes. Ces objectifs ne pourront être imposés que par des luttes collectives puissantes, en changeant le rapport de force et en contestant la dictature des actionnaires sur l'économie. Mais l'élection du 23 avril est un moyen de préparer ces luttes face au futur président, quel qu'il soit.