La France est leader de l’Europe continentale en matière d’énergie

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Par Jean-Pierre Riou Modifié le 29 novembre 2022 à 9h16

L'institut Choiseul vient de publier le « Choiseul energy index 2015 », qui représente le palmarès mondial concernant l'énergie.

La France, en hausse par rapport à l'édition 2014, y est consacrée leader de l'Europe continentale avec le 9° rang mondial. L'Allemagne, en baisse, avec la 14° place, n'entre pas dans la catégorie des « pays les plus performants ».
Les indicateurs retenus étaient principalement : la qualité du bouquet énergétique, (dont son taux d'indépendance au pétrole), l'empreinte environnementale et la qualité et la disponibilité de l'accès à l'électricité.
En effet, et contrairement à une idée généralement entretenue avec complaisance, la part d'énergie renouvelable, dans l'énergie finale consommée, est plus importante en France qu'en Allemagne.

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(Géopolitique de l'électricité selon Eurostat tableau (t2020_31). Complété par les sources nationales pour 2013)

Et même la part d'énergie renouvelable non émettrice de CO2 (hydraulique, éolien et photovoltaïque) est également à l'avantage de la France dans le secteur de production d'électricité, puisque les chiffres allemands indiquent 51.7TWh éoliens 21 TWh hydrauliques et 31TWh P.V, soit 103.7TWh qui représentent 18.5% des 560TWh de la consommation allemande, tandis que RTE, p13, (réseau de transport de l'électricité) indique 15.9TWh éoliens, 75.7TWh hydraulique et 4.6TWh P.V, soit 96.2TWh renouvelables non thermiques qui représentent 20.2% des 476TWh consommés.
Les dérives des centrales de méthanisation allemandes n'étant pas à citer en exemple en raison de leurs émissions de CO2 et de l'emprise sur les terres agricoles, résultant d'une ruée vers l'or subventionnée et d'un véritable désastre écologique, dont une conséquence est que pour la 1° fois depuis 25 ans, l'Allemagne ne serait plus en mesure de couvrir ses propres besoins en céréales.
Mais surtout, le parc électrique français émet 10 fois moins de CO2 que son voisin allemand avec 29.1millions de tonnes en 2013 contre plus de 300 millions en Allemagne, en raison du recours de ses centrales électriques à 45% de charbon.
Nous retrouvons cette différence fondamentale dans les émissions totales de CO2, qui font des allemands les principaux pollueurs européens avec 759 millions de tonnes en 2013 contre 344 millions de tonnes en France. (Source Global Carbon Project).

Enfin, la production française d'électricité est particulièrement régulière et parmi les moins chères d'Europe (chiffres AIE 2013 ci-dessous), constituant en cela, un réel atout pour notre pays.

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L'institut Choiseul retient, en conclusion que « finalement un Etat compétitif est celui qui par ses choix et politiques énergétiques offre un mix énergétique équilibré, propose une électricité disponible et accessible tout en maitrisant l'impact de ses choix sur son environnement. »

Un facteur de relance économique

En effet, selon l'analyse de l'économiste John Grapper rapportée par Boursorama, cette compétitivité ainsi permise à la France peut être une chance d'autant plus providentielle dans les années à venir que le coût de la main d'œuvre s'est élevé de 5,7% par an en Asie entre 2006 et 2011, contre seulement 0,4% dans les économies des pays développés.
Ce qui réduit considérablement les avantages des délocalisations et, selon lui, rendrait déterminante la compétitivité du secteur de l'énergie.

Le plan de relance annoncé le 26 novembre par J.C. Junker doit mobiliser 21 milliards de fonds publics avec l'espoir de drainer 315 milliards d'euros d'investissements privés.
Cette relance pourrait ainsi arriver à point nommé pour nos industries.

La stratégie française ne peut se permettre de se tromper de cible.

Au lendemain de la 20° Conférence des Parties à Lima et en préparant celle de Paris, l'année 2015 concentrera tous nos efforts dans la lutte pour le climat.

Une grave menace sur l'économie sans effet positif sur l'environnement

Mais personne ne s'étonne de ce que notre transition énergétique semble se focaliser sur le secteur de production d'électricité qui, non seulement, ne représente même pas le quart de la consommation d'énergie finale, mais surtout....n'émet pas de CO2 pour plus de 90% de celle-ci.
Or, non seulement les sommes colossales qui sont engagées dans le bouleversement de notre parc de production d'électricité ne pourront évidemment pas l'être dans des domaines comme ceux de la recherche, des transports ou de l'isolation, bien plus prometteurs en termes de réduction du CO2 comme de création d'emplois, mais surtout, l'intermittence de production engendrée par l'électricité éolienne et photovoltaïque implique la nécessité d'adapter la consommation (mise en place des compteur dits intelligents), le réseau de distribution, les possibilités de stockage et les centrales thermiques de compensation, multipliant ainsi les coûts et détruisant notre principal atout, sans même savoir jusqu'à quel point leur intégration sera possible.

Depuis peu, c'est le mécanisme d'effacement, rendu nécessaire par cette intermittence, qui augmente la menace sur les fonds publics ainsi que titre la « Lettre A » du 18/12
« Projets d'arrêtés lourds de conséquences, revirements législatifs inattendus et retour sur le devant de la scène de spécialistes de l'énergie habiles à repérer de nouveaux "gisements" de subventions... Les conditions sont réunies pour qu'un effet d'aubaine s'abatte sur le secteur de l'électricité, dans le domaine spécifique de l'effacement électrique. »
Faisant ainsi pendant à la bulle spéculative et effet d'aubaine déjà dénoncés pour les éoliennes et le photovoltaïque.

L'intermittence des éoliennes, malgré un prétendu « foisonnement des vents », ne saurait, en effet, être contestée. RTE (réseau transport d'électricité) nous indique, notamment, qu'en octobre dernier, la puissance du parc éolien français a varié entre 6994MW le 21/10/2014 et 42MW le 3/10/2014, soit 166 fois moins, posant au réseau les problèmes qu'on imagine.

Il est regrettable qu'aucune analyse indépendante ne semble avoir évalué les économies de CO2 que nous pouvons réellement en attendre, en regard des « seuls » 29.1millions de tonnes émises en 2013 par le parc électrique français.
Dans son rapport sur la crise du système électrique européen, France Stratégie avait déjà noté : « Chose incroyable, il n'existe aucune analyse des impacts des énergies renouvelables sur les émissions mondiales, prenant en compte l'intermittence, les cycles complets du carbone et les substitutions entre production et consommation du carbone dues aux prix élevés »...

Au lieu de forcer la marche en bafouant les dispositions de protection de l'environnement, il semble souhaitable que la loi sur la transition énergétique impose ces analyses indépendantes préconisées par France Stratégie afin d'éviter que l'effort considérable demandé à tous ne se solde par la destruction du principal atout de la France qu'est son parc de production d'électricité, sans le moindre bénéfice environnemental.

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Jean Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l'énergie Membre du bureau énergie du collectif Science Technologies Actions Rédacteur du blog lemontchampot.blogspot.com