Le crowdlending : Une petite révolution pour votre épargne [BESTOF]

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Par Laure Verhaeghe Modifié le 27 août 2015 à 14h52

Article publié initialement le 30/12/2014

Les banques n'ont plus le monopole du prêt en France. Depuis le 1er octobre, les particuliers peuvent prêter directement aux entreprises, avec intérêt. C'est la nouvelle version du crowdfunding, ou financement participatif, qui marque l'avènement d'une nouvelle ère pour la gestion de l'épargne et pour le financement des TPE/PME.

66,4 millions d'euros ont été collectés par le biais des plateformes de crowdfunding françaises au premier semestre 2014, soit deux fois plus qu'à la même période un an auparavant. Ce marché connaît une croissance exponentielle, qui s'apparente à une tendance de fond bien plus qu'à un effet de mode. En effet, plus d'un Français sur 2 connaît le crowdfunding*, et 59% considèrent que c'est une façon durable et pérenne de financer l'économie. Mais seuls 7% ont déjà utilisé cette nouvelle voie de financement qui met directement en relation des contributeurs et des porteurs de projet. C'est dire l'ampleur que peut prendre le financement participatif dans les mois et les années à venir, comme le laissent présager les marchés anglo-saxons, plus matures que le marché français.

Un nouveau cadre pour le "crowdlending"

Réparties en trois grandes familles, les plateformes de crowdfunding se distinguent par les modalités de la relation entre les contributeurs et les porteurs de projet. La première famille s'organise autour du don, et concerne davantage des projets artistiques et culturels. La seconde repose sur des prises de participation au capital de start-up et de PME ("equity crowdfunding"). La troisième concerne le prêt, rémunéré ou non. Les deux dernières familles sont désormais encadrées par de nouvelles règles du jeu favorables à leur déploiement. Ainsi, depuis le 1er octobre, les particuliers peuvent prêter directement aux entreprises par le biais de plateformes ayant obtenu le statut d'Intermédiaire en financement participatif (IFP). Une quinzaine de ces plateformes se sont lancées ou sont actuellement en phase de création.

Placer 1 000 euros par projet à des taux supérieurs au Livret A

Leur principe ? Sélectionner des porteurs de projet qui ont des besoins de financement plafonnés à 1 million d'euros, et qui souhaitent pour cela recourir au financement participatif. Les règles de sélection, différentes d'une plateforme à l'autre, doivent être clairement détaillées sur le site, pour en informer les éventuels prêteurs. Sur la base de ces informations et des conditions des prêts proposés (taux d'intérêt, durée du prêt, modalités des remboursements, etc.), les internautes peuvent décider de prêter jusqu'à 1 000 euros par projet. Ainsi, pour placer 10 000 euros, il faut prêter par exemple 500 euros à 20 projets différents. Les plateformes organisent la campagne de collecte et les remboursements. Pour les prêteurs, c'est l'opportunité de flécher directement leur épargne sur des projets qu'ils choisissent. Pour les emprunteurs, c'est une voie de financement réactive, doublée d'une campagne de communication, qui peut couvrir tout ou partie d'un projet de développement (achat de matériel, déploiement international de l'activité, etc.).

Choisir le sens de son épargne de façon rentable

Pour 91% des Français*, les valeurs du porteur de projet sont importantes. Le crowdfunding répond à une attente croissante, celle de savoir comment et pourquoi est utilisée l'épargne placée auprès des acteurs bancaires et assurantiels traditionnels. En témoigne l'augmentation des encours des produits labellisés "Finance responsable" (+28% entre 2012 et 2013), même s'ils restent modestes au regard de l'épargne globale. Cette attente, ainsi que le peu d'attrait du Livret A depuis août, créent un contexte favorable au développement du crowdfunding en prêt rémunéré. Globalement, les taux d'intérêt sont au moins deux fois supérieurs au 1% du Livret A mais, pour comparer, il faut prendre en compte la fiscalité : les intérêts perçus par les prêteurs adeptes du crowdfunding sont soumis aux prélèvements sociaux et à l'impôt sur le revenu. Si à ce taux s'ajoute un supplément de sens, comme le procurent par exemple les projets inscrits dans le développement durable, il y a fort à parier que le "crowdlending" rencontrera rapidement les aspirations de ceux qui désirent prêter du sens à leur épargne, de façon rentable.

* Etude auprès de 2000 personnes représentatives de la population française sur des critères de sexe, d'âge, de CSP et de région d'habitation - 14-20 octobre 2014 – Adwise

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Co-fondatrice de Lendosphere, la première plateforme de financement participatif en prêts rémunérés dédiées uniquement à des projets de développement durable.Originaire du Nord, elle quitte Lille une fois diplômée de Sciences Po pour commencer sa carrière de journaliste à Paris. Souhaitant placer l'écriture au service de sujets ayant du sens, elle rejoint la rédaction de Valeurs Vertes, le magazine du développement durable. Pendant six ans, elle couvre tous les secteurs liés au développement durable (agriculture, mobilité, urbanisme, biodiversité, climat, eau, énergie, etc.). Elle voit dans le "crowdlending" l'opportunité d'intéresser le plus grand nombre aux éco-activités, créatrices d'emplois, de valeur ajoutée et de richesses, et de contribuer au financement de la transition écologique. Avec son associé Amaury Blais, elle crée www.lendosphere.com, plateforme lancée le 10 décembre.