COP21 et entreprises, soyons réalistes !

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Par Bruno Pireyn Publié le 10 décembre 2015 à 12h55
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@shutter - © Economie Matin
94%Pour 94% des entreprises les sommets internationaux sont utiles pour prendre de grandes décisions.

Il y a un terme qui revient sans cesse en ce moment dans les échanges des personnes travaillant sur les thématiques d’Environnement ou de Développement Durable : COP21 ! Assaisonné à toutes les sauces, et avec la plupart du temps quand le débat s’installe…une moitié de convaincus qui frétillent d’impatience… et une moitié de sceptiques qui se souviennent… des échecs du protocole de Kyoto sur les gaz à effets de serre, et plus récemment du sommet de Copenhague.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que l’issue du sommet ne fait pas l’unanimité chez les « spécialistes », et restera incertaine jusqu’au dernier moment. Mais après tout, ne faut-il pas s’en réjouir… puisque tous les espoirs sont ainsi permis ?

A mon niveau, j’ai constaté que beaucoup d’hommes politiques, de responsables de la Société Civile, de mouvements citoyens s’expriment sur le sujet en France (pays d’accueil du sommet…ceci expliquant en partie toute cette agitation !), mais j’avais il y a quelques temps encore un peu de mal à savoir ce que les entreprises pensaient du grand raout climatique en préparation... alors même qu’elles représentent tout à la fois une des causes et une part importante des solutions en matière de réchauffement climatique.

Heureusement une enquête d’octobre sur la perception de la COP21 par un panel varié d’entreprises a donné des résultats intéressants et parfois très parlants, qui m’ont permis de me faire une idée plus précise sur la question. Regardons cela de plus près et… voyons si cela vous inspire également.

Première bonne nouvelle, à respectivement 92 et 90% les entreprises interrogées ont déjà entendu parler de la COP21 (ouf!) et en connaissent le principal objectif, à savoir la ratification par un maximum de nations d’un accord contraignant sur le climat visant à limiter le réchauffement climatique à 2°C. C’est un bon début, et 94% des sondés considèrent que les sommets internationaux sont nécessaires pour lutter contre le changement climatique, principalement pour (plusieurs réponses possibles) : prendre des décisions politiques (82%), maintenir le sujet vivant (64%), challenger les pays pollueurs (66%)et écouter les représentants de la Société Civile proposer des solutions (63%). Jusqu’ici tout va bien…

Première surprise, seuls 15% des répondants voient dans la COP21 un moyen pour permettre aux entreprises d’aborder le sujet du changement climatique, peut-être parce que, question suivante, 70% pensent qu’il faut en la matière plutôt privilégier un travail de fond toute l’année à des temps forts à intervalles réguliers…comme la COP21 par exemple.

Peut-on en dire pour autant que les entreprises ne se sentent pas concernées par le sommet international à venir ? Pas tout à fait, car lorsqu’on leur demande si elles y voient une opportunité (à quelque niveau que ce soit : communication externe ou interne, sensibilisation du personnel, valorisation des actions « climat » entreprises, réflexions et engagements sur le sujet…), elles sont à égalité parfaite entre le « oui » et le « non ».

Creusons encore un peu au niveau des actions concrètes, pour voir si tout cela est bien cohérent. Sur l’existant, 88% des répondants déclarent avoir déjà mis en oeuvre des actions vérifiables pour lutter contre le changement climatique, dans le cadre notamment de leur démarche RSE. Avec une prédominance d’actions (plusieurs réponses possibles) dans le domaine des transports (transports en communs et covoiturage privilégiés, véhicules électriques ou à faibles émissions de CO2, développement du télétravail..), des déchets (sensibilisation aux éco-gestes, recyclage et filières de traitement…) et de l’analyse des émissions de gaz à effets de serre (Bilans Carbone). Intéressant, et cohérent avec le fait de privilégier un travail de fond sur ces questions, puisque 75% des répondants n’ont pas prévu de nouvelles actions spéciales « climat » à l’occasion de la COP21, et n’y ont pas vraiment été incités par leurs clients, puisque le sujet n’a jamais été abordé avec eux dans 79% des cas.

La COP21, si elle intéresse les entreprises, ne semble donc pas en revanche les inciter à en faire plus que d’habitude en termes d’actions en faveur du climat, sauf un quart d’entre elles qui y voient (plusieurs choix possibles) majoritairement un moyen d’impacter positivement leur image ou leur notoriété (62%) ou de motiver leurs parties prenantes sur le sujet (62%).

Un dernier chiffre pour terminer : à la question «Pensez-vous que vos actions et engagements climats peuvent avoir un impact sur le réchauffement climatique ? », presque 6 entreprises sur 10 répondent que oui, mais dans le cadre d’un effort global…puisque « les petites gouttes d’eau font les grands océans…qui montent inlassablement (anticipons un peu l’avenir de ce proverbe, puisque ça au moins nous en sommes certains !) ».

En ce qui me concerne et pour conclure, tous ces résultats ne m’ont pas fait changer d’avis sur la COP21, mais ont conforté mon point de vue sur le rôle qu’elle peut jouer vis-à-vis des entreprises : un rappel périodique sur les enjeux planétaires devant déclencher des actions réfléchies et pérennes en matière de limitation du changement climatique, décidées et mises en œuvre avec toutes les parties prenantes concernées. Alors et alors seulement, on peut selon moi parler de véritable engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, et de Responsabilité Sociétale.

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Bruno PIREYN, Directeur des Opérations du Label LUCIE Citoyen belge vivant en France depuis sa naissance en 1976, Bruno PIREYN commence son cursus universitaire par un DUT « Génie de l’Environnement » à Strasbourg, avant d’élargir ses compétences au domaine de l’Hygiène-Sécurité et de la prévention des risques industriels (maîtrise au Canada, puis diplôme d’ingénieur Hygiène-Sécurité-Environnement de POLYTECH’ Grenoble). Diplômé fin 1999, Bruno intègre début 2000 le groupe L’Oréal, ou il sera successivement Ingénieur Projets puis Responsable Sécurité-Hygiène-Environnement. En 2003, il lance sur le site L’Oréal de Roissy un programme d’Innovation Environnementale sur 4 ans et tombe définitivement amoureux des thématiques Développement Durable. C’est ce qui le pousse à reprendre ses études en 2007 en intégrant le Mastère HEC « Management du Développement Durable ». Il finalise son cursus par une thèse professionnelle sur l’Innovation Responsable appelée « Changer en profondeur les Business-Models par la connaissance et l’utilisation créative des nouvelles stratégies durables» qu’il teste et déploie ensuite en tant que consultant indépendant chez Lexmark Europe. De 2009 à 2011, Bruno travaille pour Goodwill Management, cabinet de conseil en Performance Économique Responsable » et pour sa filiale Goodwill-Ecopolis, dédiée à l’éco-construction de bâtiments durables et intelligents. Depuis 2011, Bruno PIREYN pilote avec passion l’équipe du label, et cherche sans répit à développer la taille et la renommée de la Communauté LUCIE ! « Mordu » de Développement Durable et de RSE, Bruno est également fan de bière, de chocolat et de bandes-dessinées (des passions qu’il attribue à ses origines !). Sa devise est la fameuse citation de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le Monde ».

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