Nouvel accord américain, la situation en Italie : un marché en contraste

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 2 octobre 2018 à 10h18
Accord Libre Echange Etats Unis
@shutter - © Economie Matin
50La composante « commandes à l'exportation » de l'indice PMI manufacturier mondial est passée sous la barre des 50.

Le marché est partagé entre deux sentiments. D’un côté, le soulagement au titre d’une guerre commerciale mondiale qui n’aura pas lieu ; de l’autre, la vigilance vis-à-vis d’une unité européenne qui s’étiole.

Les Etats-Unis, le Mexique et le Canada tous d'accord

Le Canada a donc accepté de rejoindre l’accord conclu entre les Etats-Unis et le Mexique le mois dernier. On a presque envie de dire que la principale avancée concerne le nom de l’arrangement trouvé : adieu l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain et bienvenue à l’Accord Etats-Unis Mexique Canada. La différence est d’esprit « trumpien » : rien au-dessus de l’Etat-Nation et pas de référence au Libre-Echange. Sur ce deuxième point, comment ne pas remarquer que pour un mercantiliste le commerce doit être administré ?

Le changement paraît bien être plus de forme que de fond. La suppression du dispositif de résolution des conflits en matière de litige sur les droits de douane entre les trois pays, un panel indépendant, et son remplacement par des négociations interétatiques, qui aurait été un signal fort d’une évolution en direction d’un commerce administré, est une proposition qui n’a pas été retenue. Pour le reste et par rapport à ce qui était déjà acquis avec l’accord américano-mexicain, notons une petite ouverture du marché laitier canadien aux produits en provenance des Etats-Unis et le principe d’un réexamen de l’accord tous les six ans (faute de reconduction ou de réexamen, celui-ci s’éteint de lui-même au bout de seize ans).

Vers une poursuite des initiatives américaines vis-à-vis de la Chine

Il y a sans doute deux leçons à tirer de la conclusion heureuse des négociations commerciales entre les trois pays d’Amérique du Nord. D’abord, elle envoie un message fort sur la volonté de Washington de s’entendre avec ses alliés sur le sujet des échanges économiques. C’est bien à ce titre que la guerre commerciale mondiale n’aura pas lieu. Ensuite, il faut très probablement s’attendre à une poursuite des initiatives américaines vis-à-vis de la Chine. Elles pourraient même dans certains cas être prises conjointement avec les alliés. N’est-ce pas déjà le cas en ce moment avec une action conjointe des Etats-Unis, de l’UE et du Japon sur la Chine à l’OMC ?

Peut-on espérer qu’une meilleure compréhension de ce que veut l’Administration américaine participe de davantage de confiance dans la poursuite d’un développement à bon rythme du commerce international ? Sur la période récente, les signaux envoyés ont clairement été défavorables. Ainsi depuis le début de l’année la composante « commandes à l’exportation » de l’indice PMI manufacturier mondial, tel que calculé par JP Morgan, a significativement reculé pour se positionner le mois dernier sous la barre des 50. De quoi rester en alerte sur la contribution du commerce mondial à la croissance économique !

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Passons à la thématique européenne. La question italienne est au premier plan, même si le Brexit reste un point d’attention (nous y reviendrons prochainement).Comment ne pas considérer que les propos du ministre des finances, Giovanni Tria, ne rassurent plus ? Lire de façon apaisée sa déclaration selon laquelle la croissance du PIB en Italie atteindrait 1,6% en 2019 et encore 1,7% en 2020 tiendrait du paradoxe. En « creux » il faut lire une relance économique plus forte que ce qu’on estimait vendredi dernier (de 0,6 à 0,7 point de PIB) ; elle approcherait 1 point de PIB. Avec qui plus est un effet multiplicateur sur la croissance assez fort. Disons que la décision est osée et que ses effets attendus sur l’activité, trop ambitieux. Le risque serait alors de se retrouver avec moins de croissance et plus de déficit que présentés par le gouvernement. La perspective ne peut pas plaire au marché. Même si on est incapable aujourd’hui de faire la part des choses entre ce qui tient d’une volonté farouche de tenir les promesses de campagne électorale et de relancer l’économie et ce qui relève de la constitution d’un rapport de force avec Bruxelles.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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