Pour beaucoup de gens, la prospérité d’un pays tiendrait à la monnaie. Rien n’est plus faux : en réalité la prospérité d’un pays tient à la gestion que les citoyens délèguent à leur gouvernement.
Peu importe la monnaie que vous utilisez, les habitants d’un pays mal géré restent pauvres. Vous pouvez, par exemple, bénéficier d’une manne pétrolière et la détruire avec une gestion désastreuse. Regardez le Venezuela, le Brésil, l’Algérie… Vous pouvez constater que les pays prospères ont une monnaie forte et inversement. La monnaie n’est que le reflet de la gestion. Mais il ne suffit pas de tricher avec la monnaie pour bien gérer. Ceux qui le prétendent sont des escrocs.
La concurrence est bonne aussi pour la monnaie
Les pays prospères acceptent souvent une certaine concurrence monétaire. Ainsi en Suisse – un petit pays avec beaucoup de frontières – vous pouvez payer vos achats en euro dans la plupart des grandes villes, ou même dans des pompes à essence en rase campagne. Il faut pénétrer profondément dans le pays pour qu’un commerçant vous refuse des euros. Avant l’euro, les Suisses acceptaient des francs français, des deutsche marks, des lires italiennes, des pfennigs autrichiens…
Une bonne monnaie ne craint pas la concurrence. Les plus mauvaises monnaies la redoutent, c’est pourquoi les gouvernements les décrètent inconvertibles ; ceci permet d’enfermer les gens dans leurs frontières et d’éviter qu’ils puissent se livrer à de fâcheuses comparaisons. Autre solution : imposer un taux de conversion (cas du dinar algérien, par exemple). En général, le marché noir se charge de remettre les pendules à l’heure.
Le contrôle de la monnaie par des politiciens professionnels rend toutefois possible toutes sortes de tours de passe-passe et d’effets bonnetot. Une monnaie faible ou une dévaluation permet de brader la valeur ajoutée des citoyens naïfs en leur faisant miroiter un « avantage compétitif » : les étrangers paieront moins cher votre travail, vantent les économistes et les grands argentiers. La belle affaire ! La création monétaire permet de faire naître de l’inflation, impôt arbitraire qui ne demande ni débat ni vote et qui prive les gens de leur gain de productivité. Car le capitalisme honnête consiste à produire plus avec moins : il est donc déflationniste (les prix baissent). L’inflation permet par conséquent de priver les gens du fruit de leurs efforts en les taxant plus.
De souverains et fieffés mensonges
La magie du verbe politique et l’inculture économique et monétaire des électeurs font des ravages. Ainsi une « monnaie souveraine » ou le « pouvoir régalien de la monnaie » sont agités par des vendeurs de lendemains qui chantent comme la solution de nos maux économiques. A l’inverse, une monnaie que nous ne contrôlons pas serait la cause de nos souffrances, en raison d’une austérité imposée par une méchante Allemagne rêvant de régner sur une Europe unifiée à la schlague.
Ce que n’aurait pas réussi à faire la Seconde Guerre mondiale, l’euro le réussirait… Préparez-vous à faire figurer Kommandantur plutôt que Commissariat sur les plans si nous continuons à subir les méfaits de l’euro. Caricatural ? Pas tant que ça dans l’esprit de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, François Asselineau, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont Aignan et autres souverainistes de droite et de gauche qui vous vantent leurs services complets… Avec eux, le meilleur gouvernement, c’est 100% du PIB entre les mains de l’Etat, ce qui suppose également 100% de contrôle sur la monnaie.
L’austérité ? Seulement pour les contribuables mais pas pour la Parasitocratie
Qu’en est-il de cette prétendue austérité imposée par l’Allemagne ? Quelque chiffres et commentaires issus d’une récente note de Natixis, signée de Patrick Artus et intitulée « Le grand malentendu : les Français croient qu’il y a eu austérité ».
« Certes la pression fiscale, sur les ménages et sur les entreprises, a beaucoup augmenté, mais pas au point de compenser la hausse des dépenses publiques, et, en conséquence, la France n’assure pas sa solvabilité budgétaire » Traduction : beaucoup d’impôts, mais encore plus de dettes et de déficit.
« Le modèle social de la France consiste essentiellement en des dépenses sociales, en particulier de retraite très élevées, financées par des impôts très élevés sur les entreprises ; ce modèle favorable aux retraités est destructeurs d’emplois. » Traduction : l’argent (impôts et déficit, donc dette publique) part surtout dans le versement des retraites. Taxer pour payer des retraites ne nous enrichit pas. Mon commentaire : la distinction impôts sur les sociétés ou sur les gens est une distinction comptable. Les impôts sont finalement toujours payés par des gens. Plus une entreprise est taxée, moins elle a d’argent à distribuer à ses dirigeants, ses actionnaires, ses employés ou à réinvestir.
« Même si le pouvoir d’achat des salariés a peu progressé, la compétitivité-coût de l’industrie française est très dégradée par rapport à celle de pays à niveau de gamme comparable, comme l’Espagne » Traduction : les salaires n’augmentent pas (puisque les entreprises payent plus d’impôts) et malgré ce sacrifice, à qualité comparable, les produits français sont plus chers que les produits espagnols. Tout a foiré… Ma conclusion : en réalité, il y a bien eu austérité puisque nous payons plus d’impôts, ceux qui sont en activité n’ont eu que peu de progression de salaire et nous constatons beaucoup de progression du chômage. Mais cette austérité, ces efforts, ont été stériles.
Que vient faire l’euro là-dedans ? Rien. Strictement rien. En revanche des choix désastreux comme un système de retraite 100% par répartition et 100% contrôlé par l’Etat, une administration obèse, une pression fiscale parmi les plus élevée au monde, un code du travail psychorigide fondé sur la lutte du travailleur face à l’entreprise esclavagiste, la lubie du partage du travail conduisant à imposer à tous les 35h00, la haine des riches symbolisée par l’impôt sur la fortune… pèsent lourd. Pour les souverainistes, une monnaie 100% contrôlée par l’Etat permettrait de compenser ces mauvais choix. Vaste fumisterie. Plutôt que de déléguer toujours plus de gestion à l’Etat (comme le voudraient les souverainistes) ou à des instances supranationales (comme le voudraient les Européistes), si nous pensions à déléguer moins pour retrouver de vraies marges de manoeuvres ?
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