Durant le premier trimestre le PIB a augmenté de 0,6% et pourtant le chômage a continué d’augmenter. C’est aussi 13.500 destructions d’emplois nettes qui ont été répertoriées. Et 26.000 chômeurs de plus, en avril qui se sont inscrits à Pôle Emploi, soit 0,7% d’augmentation et un total de 3.536.000 chômeurs déclarés en catégorie A.
C’est sans compter les 450.000 emplois aidés et les 100.000 en plus, qui viennent d’être annoncés par le Ministre du travail ; François Rebsamen. Et ce n’est que la Catégorie A, si l’on inclut l’ensemble des 5 catégories de chômeurs, nous arrivons à 5.997.800 chômeurs inscrits. Il faudrait aussi prendre en compte un niveau de personnes qui perçoivent le RSA qui n’arrête pas d’augmenter. 400.000 de plus depuis 2012 soit à fin 2014 un total de 2.939.500 !
Créer 150 000 postes par an
Sachant que le niveau du PIB est sensiblement proportionnel aux nombres d’heures travaillées, il faut trouver ailleurs l’explication. Recherchons du côté de la productivité. Rien que par une amélioration de celle-ci, la croissance peut s’améliorer jusqu’à 0,9% sans qu’il n’y ait aucune baisse du chômage. C’est aussi le dégonflement progressif des stocks, un appareil industriel qui était sous employé, l’amélioration du progrès technique, l’optimisation dans l’utilisation de machines plus performantes, l’amélioration des compétences, des qualifications, une plus grande rationalisation des postes de travail qui a permis de ne pas embaucher ou moins. C’est aussi 800.000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail, alors qu’il n’y a que 650.000 salariés qui partent en retraite. Il faut donc chaque année créer 150.000 postes nouveaux pour maintenir le niveau de chômage sans hausse.
Alors que faire ? Et pourtant après une première année de pressurisation des concitoyens et des entreprises : Augmentation de la fiscalité de 69 Milliards d’euros sur 3 ans, soit 18 milliards en 2011, 22 milliards en 2012 et 29 milliards en 2013 ; le virage libéral pris par le Président François Hollande ne semble pas encore avoir porté ses fruits. Pour remonter sa popularité, différentes mesures pour relancer la croissance ont été mises en place et annoncées. Au 1er janvier 2012, le CICE (Crédit Impôts pour la Compétitivité et l’Emploi) est lancé, le Pacte de Responsabilité est annoncé lors des vœux de 2014, puis le 10 décembre 2014, c’est la présentation par Emmanuel Macron ; le nouveau Ministre de l’Economie, de l’industrie et du numérique ; du Projet de loi pour la Croissance, l’activité et l’égalité des chances numériques. En parallèle, le gouvernement a prévu un allégement d’impôts de 12 milliards de charges et de fiscalité des entreprises. La baisse globale devant atteindre 41 milliards entre 2014 et 2017.
Une reprise de la croissance très partielle
Notre retard de croissance par rapport aux principaux pays européens provient principalement de ce matraquage de la fiscalité de début de mandat qu’il faut encore « digérer ». Et malgré toutes les mesures inverses qui ont été adoptées, la reprise n’est que très partielle. Il est vrai que certaines n’ont pas encore été mises en application, malgré le passage en force avec le 49-3 pour la loi Macron.
Et pourtant depuis plusieurs mois et plus, toutes les conditions économiques sont réunies : La baisse du coût du pétrole, des taux d’intérêts d’état, pour les particuliers et entreprises historiquement bas, l’Euro à moins de 1,10 par rapport au dollar qui devrait favoriser fortement nos exportations et l’activité de nos entreprises.
Même si la période est différente, nous nous trouvons dans un cycle assez similaire à celui de la fin des années 90. Période pendant laquelle Lionel Jospin et Martine Aubry, arrivés au pouvoir dans une séquence assez favorable, se sont gausser d’avoir diminué le chômage, le déficit, d’avoir une cagnotte à distribuer et favoriser la création de 400.00 emplois, nombre totalement erroné. Il est toutefois plus que probable ; qu’avant la fin de 2015 vu la conjoncture économique favorable, ainsi que par les mesures prises ; que la courbe du chômage s’inverse progressivement. Mais tant que les gouvernants ne s’attaqueront pas à la racine du mal, nous ne retrouverons jamais, même s’il peut y avoir quelques soubresauts, des comptes positifs. Au contraire, nous nous enfoncerons irrémédiablement vers la décadence…
Des retraites trop précoces
Pourquoi alors, ce chômage continue t-il de progresser ? Un autre élément que peu de politiques, économistes et même médias ont évoqué : Le taux d’emploi des seniors et des retraites trop précoces. Avec un taux d’emploi des seniors de 44,5% malgré un bond de 6% en 5 ans, nous sommes encore les derniers de la classe en Europe. Si l’on prend la tranche de 60/64 ans, avec 23,1% nous sommes encore plus mauvais. Ce n’est pas le niveau de notre économie qui a fait augmenter ces taux, mais le relèvement du départ en retraite mis en place par François Fillon en 2010 pour arriver à 62 ans à fin 2017. Ce qui est toutefois loin d’être suffisant.
Explication : Un salarié de 55 ans et plus, qui ne travaille pas ou un salarié qui part en retraite entre 60 et 62 ans fait perdre la valeur financière de quatre jeunes embauchés (entre 20 à 25 ans). Vers 60 ans le salaire moyen d’un presque retraité est 2,5 fois plus élevé que celui d’un jeune embauché. Si l’on rajoute l’ensemble des charges perdues (salariées, employeur), soit la valeur d’un salaire senior, plus la pension qui va être payée, nous arrivons à 3,3/3,4 salaires de jeunes. Et pour compléter, les retraités ou chômeurs ont un pouvoir d’achat en baisse de 35%, ainsi que 40% d’impôts en moins. Nous arrivons donc bien à une perte correspondant à la valeur financière perdue pour l’économie, les finances publiques de 4 jeunes salariés.
Retarder l'âge de départ
Malgré une croissance européenne en hausse, nous aurons toujours suite à cela, un retard sur les autres et souvent un niveau de progression plus faible. D’autant qu’actuellement à chaque deux départs en retraite, il y a à peine une embauche. Il faudrait au minimum atteindre une embauche de même niveau par départ, pour garder simplement le niveau économique actuel. Le taux de chômage des jeunes étant très proportionnel à celui des seniors, il serait donc intéressant de faire augmenter ce taux/seniors. Il ne peut exister qu’une seule mesure pour rattraper cet écart, comme beaucoup de pays européens et comme l’a proposé Pierre Gattaz, Président du Medef, dernièrement, c’est de passer très rapidement les départs en retraite à 67 ans. Puis établir la durée d’activité, proportionnelle à la durée de vie des retraités.
Avec cette mesure, les comptes seraient très rapidement redressés avec un chômage en forte baisse. L’Australie vient bien de voter le départ en retraite à 70 ans. Les Suisses sont à 65 ans et viennent de passer de 42 à 43 heures semaine. Les français seraient-ils plus fragiles, moins resistants que d’autres, alors que nous avons une des meilleures médecines et une durée de vie dans les plus longues du monde?