Il est indéniable qu’une frénésie folle s’est emparée du marché boursier… les robots et les day-traders ne semblent pas pouvoir lâcher l’affaire.
Ils ressemblent à des gamins juchés sur leurs vélos et hurlant d’un ton de défi « regarde Maman ! Sans les mains et les yeux fermés ! » Pire encore, ces casse-cou sont protégés par la Fed et les autres banques centrales depuis si longtemps qu’ils en sont venus à croire que pédaler les yeux bandés est sans aucun danger. Après tout, on peut compter au moins 60 « baisses » depuis mars 2009 qui ont fini par remonter, encore et toujours. Au final, le S&P 500 se situe à présent à un niveau équivalent à 3,4 fois son point bas touché en 2009. Il a généré un rendement annuel de 18% (y compris les dividendes) pendant près de huit années d’affilée.
Certes, dans un véritable marché libre, ce fait même serait un signal d’alarme : des gains exceptionnellement élevés sur une longue période annoncent nécessairement un retour à la moyenne dans la période qui suit. Mais actuellement nous avons un marché manipulé par les banques centrales, pas un marché libre et honnête. Il en résulte que les fondamentaux ne comptent pas. A la place, à la marge, le marché boursier est entraîné par une dynamique, la liquidité des banques centrales et la foi des traders que cela ne s’arrêtera jamais.
Les acheteurs qui opèrent par réflexe sur zone basse ont fait grimper le marché de 45% sans qu’il y ait d’arguments plausibles ou durables à cela. La croissance économique est en berne, la productivité a dégringolé et les bénéfices des sociétés s’effondrent depuis près de huit trimestres. Les banques centrales elles-mêmes reconnaissent que les taux d’intérêt devront bien finir par se normaliser. Leur expérience radicale de taux d’intérêt nuls (ZIRP) et de répression des rendements obligataires ces neuf dernières années était au départ conçue pour obliger les taux d’intérêt à temporairement atteindre des plus bas artificiels afin de relancer l’économie.
La politique monétaire aurait alors dû aboutir à une accélération temporaire d’expansion du PIB (retour au PIB « potentiel ») et une augmentation des bénéfices. Cela n’a pas eu lieu, bien sûr, parce que l’assouplissement quantitatif n’est jamais sorti des canyons de Wall Street et donc le grand public n’a jamais pu en bénéficier.
Pas de prix juste, aucun mécanisme de freinage ou de correction
En faisant cela, la Fed a détruit la détermination du prix juste. Par conséquent le marché n’a aucun mécanisme de freinage ni de correction. Il continuera de grimper sur de pures dynamiques d’achats sur des plus bas jusqu’à ce qu’il atteigne une résistance. En d’autres termes, nous sommes en présence de la mutation de marché la plus dangereuse qui ait jamais été créée par une politique publique. Cela a détruit les vendeurs à découvert et autres mécanismes de la discipline du marché libre. Que reste-t-il ? Les robots, qui achètent bas tous en même temps mais qui vendent aussi le prochain krach tout aussi rapidement.
La mythique « relance de Trump » a déjà mordu la poussière au Congrès
Selon le « speaker » (président de la Chambre des représentants, NDLR) Paul Ryan, le Congrès ne va même pas s’attaquer à la réforme fiscale avant d’avoir traité la promesse faite par le Parti Républicain d’abroger et de remplacer l’Obamacare, mais même Trump déclare à présent que cela aussi pourra prendre un an. De même, toute réforme de l’impôt sur les sociétés à venir sera faite sur le principe de neutralité pour le déficit, c’est-à-dire que le taux moyen effectif de l’impôt sur les sociétés ne va pas beaucoup changer.
En d’autres termes, le taux effectif aujourd’hui est d’environ 23% globalement et 15% pour les grandes entreprises du S&P 500. Une réforme neutre vis à vis du déficit laissera le taux moyen effectif inchangé. Par conséquent, il n’y aura pas de croissance à attendre de la réforme de l’impôt sur les sociétés. Je ne suis pas le seul à le dire : ??
« Il ne sera pas possible de passer outre, » affirme le Républicain Tom Cole. Il exprime ainsi son inquiétude sur le fait d’établir des projections de croissance optimistes – via l’utilisation de ce qu’on appelle le dynamic scoring ; ceci consiste à considérer que les réductions d’impôts stimuleront l’économie et compenseront ainsi les pertes de revenus initiaux. « Je suis inquiet de l’engouement pour le dynamic scoring ; il ne fonctionne jamais de la façon dont les gourous de la fiscalité nous le prédisent »
En outre, il est impossible qu’un important programme sur les infrastructures soit voté. Pourquoi ? Parce que de nombreux conservateurs du Parti Républicain dans les deux chambres y sont carrément opposés et que Trump n’a aucune chance de former une coalition avec les Démocrates.
Tout cela parce que le co-président Steve Bannon ne comprend pas que la bruyante campagne anti-immigration de la Maison Blanche est toxique du côté des Démocrates.
Crise sur le plafond de la dette en vue le 1er octobre 2017
Toutefois, un événement va bientôt se produire : la plus importante des crises sur le plafond de la dette — une éruption de dysfonctionnements périphériques qui finiront par saper l’idée que Trump est bon pour l’économie et le marché boursier. Le répit pour le plafond de la dette se termine le 15 mars et il semble que le Département du Trésor, à la dérive — Mnuchin n’a pas encore été validé au poste de Secrétaire au Trésor et il n’y a pas non plus de représentants de Trump — pourrait s’engager dans ce qu’on peut qualifier de sabotage. Le solde de trésorerie a chuté d’un plus haut d’environ 450 Mds$ à seulement 304 Mds$ vendredi dernier.
A moins d’un renversement rapide de cette tendance, cela signifie que le Trésor sera à cours de cash d’ici le 4 juillet 2017 plutôt que début septembre. Après cette date, ce sera l’enfer total. Washington est de toute évidence en dysfonctionnement depuis des années mais le mérite du Grand Perturbateur est que ses tweets, ses digressions, ses incohérences et son imprévisibilité garantissent que le système va bientôt s’effondrer entièrement.
Par conséquent, la première moitié de l’année sera perdue en méchantes batailles partisanes sur les nominations, celle de Gorsuch, les interminables manoeuvres sur l’interdiction de voyager, les mesures de contrôle extrême des papiers et la bataille de remplacement/abrogation de l’Obamacare. Puis, l’autre moitié de 2017 dégénérera en une bataille incessante sur la hausse du plafond de la dette et le vote des résolutions pour l’année budgétaire 2018 qui commence le 1er octobre. Ceci signifie qu’il n’y aura pas de résolution sur le budget incarnant le programme budgétaire de Trump/du Parti Républicain et par conséquent aucune base en vue de la levée de l’obstruction parlementaire sur la réduction des impôts.
Aucune majorité Républicaine ne votera 10 000 Mds$ de déficits supplémentaire
En fait, ce dernier point mérite qu’on s’y attarde un peu. Les frêles majorités des Républicains aujourd’hui en place seront trop meurtries et fracturées par les batailles internes pour s’unir autour d’une résolution sur le budget à 10 ans qui concrétise les 10 000 Mds$ de déficits supplémentaires déjà intégrés dans le scénario de base du CBO (Congressional Budget Office) — sans compter des milliers de milliards de dollars en plus pour la défense, les vétérans, le contrôle des frontières, le Mur mexicain, le boom des infrastructures et sans oublier une importante réduction des impôts. Cela n’aura jamais lieu. Il n’existe pas de majorité Républicaine pour voter une telle résolution.
Sans le vote d’une résolution sur le budget pour l’année fiscale 2018, l’inertie et les lobbies industriels règneront. Sans une règle de majorité fixée à 51 voix au Sénat, une réduction, sans incidence sur le déficit, du taux d’imposition des sociétés serait absolument impossible à être approuvée. Pourtant c’est exactement ce que le casino boursier est en train de valoriser. Ce n’est qu’une question de temps avant que les robots ne commencent à s’auto-reprogrammer au vu de la disparition de la Grande Relance de Trump. Lorsque cela arrivera, le marché boursier ne sera pas beau à voir. Le S&P 500 s’écroulera dans une chute sans fin lorsque huit années d’achats sur zones basses finiront par prendre fin. Voilà où je veux en venir… La mission historique du Derviche Tourneur du Bureau Ovale est de mettre fin à la « grosse vilaine bulle » résultant de 30 années d’explosion de la dette et d’impression monétaire. Donald Trump y parviendra certainement.
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