Cette semaine, la bataille des extensions pour sauvegarder des liens fait rage entre Google et Facebook. Un point sur la situation s’impose !
Save to Google
Ils l’avaient annoncé l’an dernier, et avaient préparé le terrain avec une extension dès 2012 : Google veut que vous utilisiez Chrome pour sauvegarder vos contenus et les lire plus tard. En ajoutant leur extension pour Chrome, sortie la semaine dernière, vous pourrez depuis la lecture d’un site web le sauvegarder dans un espace personnel, le tagger, et avoir une visualisation « plus productive » que vos simples favoris.
Save to Facebook
La même semaine, Facebook a décidé de lancer sa version de Save To Facebook. Déjà disponible depuis Juillet 2014, Facebook permet de sauvegarder des contenus que vous pouvez trouver au sein de Facebook (vidéos, statuts) pour les consommer plus tard. Il est désormais possible d’ajouter des contenus externes à Facebook pour enrichir cette bibliothèque de liens.
Est-ce une nouveauté ?
Pas vraiment, parlons plutôt de remise à niveau. En effet, les navigateurs Safari et Microsoft Edge proposent également un moyen de retrouver l’intégralité de ses liens sauvegardés sur tous les devices. Mozilla a choisi d’imposer la solution Pocket au sein de son navigateur Firefox ainsi, si vous voulez bénéficier de cette fonctionnalité, vous êtes contraints de créer un compte sur cette plateforme (ou de supprimer le module pour pouvoir en choisir un autre).
Un gagnant ?
Fondamentalement, les fonctionnalités sont identiques. Si l’on voit que l’extension Google a connu un succès plus franc (48 000 utilisateurs contre 666 pour Facebook le 21 Avril 2016), elle a aussi subi les critiques de nombreux utilisateurs faisant descendre sa note à trois étoiles sur le store... Le peu de commentaires justifiant ces notes expliquent que la pauvreté des fonctionnalités est surprenante compte tenu de la puissance de Google, surtout quand on compare aux plateformes existant depuis plusieurs années telles que Pocket, Instapaper, ou plus récemment : elCurator. Ces plateformes proposent en effet une extraction des contenus pour une lecture dans une vue épurée et ergonomique, où l’on peut choisir sa police et son fond. De plus, ces contenus peuvent être lus sur smartphone et tablette, y compris hors connexion.
Stocker vos liens, quels enjeux pour ces entreprises ?
Face à de nombreuses entreprises proposant déjà ce type de fonctionnalités, la question de pourquoi proposer ces listes de lecture se pose nécessairement. Un des enjeux est d’en apprendre plus sur vous et vos envies de consommation. Pour un utilisateur lambda, ces listes de lectures sont souvent un répertoire d’éléments qui ont attiré son attention, mais qu’il n’a pas eu le temps de consommer. On imagine bien l’intérêt économique de ce genre d’entreprises de découvrir quels types de titres et visuels donnent envie, sans pour autant permettre directement une conversion.
Le sujet de la captivité au sein de la plateforme se pose également. Alors que de nombreuses plateformes, comme Slack, proposent un modèle basé sur un store d’applications, Google et Facebook souhaitent que vous centralisiez l’intégralité de vos interactions avec le web chez eux. On parle alors de rétention des utilisateurs. On peut repenser à la statistique suivante : 62% des jeunes s’informent uniquement via Facebook. https://www.digischool.fr/divertissement/62pourcentinformentuniquementviafacebook27 107.php
Facebook tient tellement à conserver l’utilisateur captif qu’il a retiré de son API (comprendre: moyen pour que d’autres services que Facebook puissent utiliser ces liens et vous en faire bénéficier) la possibilité de récupérer ces contenus un mois seulement avant la sortie de son extension. C’est à dire qu’il sera très complexe de changer de service si celui proposé par Facebook ne vous convient plus.
Les fonctionnalités manquantes pour consommer des contenus ?
D’après notre expérience, une grande part des contenus de veille sont consultés sur mobile, notamment dans les transports donc avec une connexion internet particulièrement capricieuse. De ce fait, la fonctionnalité d’extraction du contenu source pour l’afficher sur smartphone, même hors connexion, est indispensable pour ce type de plateforme, et cela fait défaut à Google et Facebook. Il sera compliqué, pour ne pas dire impossible, pour eux de choisir cette voix car cela reviendrait à diminuer les revenus liés à la publicité, l’utilisateur n’ayant plus à accéder à la page originale. On voit aussi immédiatement le manque d’interconnexion avec d’autres systèmes. De nombreux utilisateurs construisent un véritable flux de lecture de contenus. Ils parcourent le web, stockent pour plus tard (parfois en les catégorisant) les contenus qu’ils souhaitent consommer, puis une fois lu :
? Les diffusent sur leurs réseaux sociaux
? Les conservent en favoris pour les retrouver plus tard
? Les suppriment L’impossibilité de créer ses connexions (à minima via un flux RSS pour utiliser Zappier ou IFTTT) risque d’être un frein pour ces utilisateurs.
Dans quel cas utiliser Save To Facebook/Google/Safari ?
Si votre besoin se limite à ne plus avoir 15 onglets ouverts sur votre navigateur, mais les recueillir dans un espace personnel et les trier par catégorie, ces services sont faits pour vous. Cependant, si vous avez besoin de fonctionnalités de lecture hors connexion, de changement de police, d’intégration avec d’autres outils, de recherche dans l’intégralité des documents, les plateformes plus anciennes et spécialisées dans ce domaine vous seront bien plus utiles. Au final, si l’on voit clairement l’enjeu pour ces géants d’adresser le marché des « Save To », on peut se questionner quant à leur pertinence et leur possibilité d’égaler les autres plateformes sans baisser leurs revenus liés à la publicité.