Les partenaires sociaux craignent-ils, plus que la peste, la victoire d’Emmanuel Macron aux prochaines élections présidentielles? La conclusion pour ainsi dire miraculeuse d’un accord sur l’assurance chômage le laisse penser.
Macron, fléau des partenaires sociaux?
Rappelons-le, Emmanuel Macron a d’ores et déjà pris une ligne jacobine qui agace voire inquiète les organisations syndicales. Ses annonces, qui portent notamment sur une véritable réforme systémique de la sécurité sociale, ont commencé à faire craindre le pire: une remise en cause du paritarisme de gestion.
C’est dans ce contexte d’angoisse que les partenaires sociaux ont remis sur le métier la négociation de la convention d’assurance-chômage, dont le déficit est abyssal.
Les annonces de Macron sur le chômage
Concernant l’assurance-chômage, Emmanuel Macron a proposé une fiscalisation de l’assurance chômage, c’est-à-dire son étatisation. Voilà qui signifierait la fin du petit sketch triennal de la renégociation de la convention. En signant une nouvelle convention triennale avant la présidentielle, les partenaires sociaux imaginent donc bloquer pour trois ans toute réforme systémique… en cas de victoire de Macron.
C’est comme ça qu’il faut comprendre l’empressement soudain des partenaires à signer un texte qui laisse à désirer. Nécessité fait loi! Bien entendu, la conviction qu’une signature entre partenaires sociaux permettra d’éviter une mesure politique expéditive est illusoire. Mais elle a le mérite de compliquer singulièrement une décision qui émanerait d’un jeune président fraîchement élu. Pour ce dernier, le coup de force contre les partenaires sociaux sera beaucoup plus compliqué désormais.
L’angoisse cachée du MEDEF
Au passage, il ne faudrait pas sous-estimer, dans cet empressement, l’angoisse qui a saisi le MEDEF face au risque immédiat que représente une victoire d’Emmanuel Macron. Ce dernier a en effet annoncé qu’il entendait étendre l’assurance chômage aux travailleurs indépendants. Oui, mais alors que faire de la Garantie Sociale Chômage (GSC) gérée par l’AGS, association fondée en 1973 par le CNPF?
C’est pour cette raison que le MEDEF a concédé une augmentation (temporaire) des cotisations chômage aux organisations syndicales. Le mouvement patronal accepte donc d’enchérir les charges qui pèsent sur les entreprises pour sauver une gestion paritaire dont il tire profit…
La fragilité de la convention chômage
Signalons encore une fois l’extrême fragilité de l’ensemble de ce dispositif. Les partenaires sociaux n’ont en effet respecté aucune des procédures de mise en concurrence de l’UNEDIC pour gérer le régime chômage, ce qui est contraire au code du Travail et au droit communautaire. Rien que par amusement, donc, un bon contentieux permettrait de faire tomber le château de cartes.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog