Le marché des transferts prendra place, là n’est pas la question. Mais dans quelles circonstances ? Pour quelle durée et à quel prix ? La pandémie de coronavirus passant par là, il y aura forcément des dommages collatéraux…
Quoi qu’il advienne, le football professionnel va continuer d’être pratiqué. Le business a pris une telle place dans le monde du football que le marché des transferts aura lieu. En France, les clubs sont dépendants du mercato car les transactions de joueurs pesaient 278 millions d’euros pour la Ligue 1 sur la saison 2018-19, comme l’explique cette infographie de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).
Un mercato probablement raccourci
La période des transferts sera sûrement écourtée. L’UEFA veut à tout prix terminer ses compétitions européennes pour des soucis financiers, notamment de droits TV. Cela devrait se passer entre juillet et août. Ainsi, la campagne 2020-21 devra commencer au plus tard en septembre pour laisser le champ libre à l’Euro 2021 lors de l’été prochain. Un casse-tête se profile pour organiser le calendrier tout en prenant en compte les allées et venues des joueurs entre les différents clubs.
Des clubs plus frileux que les autres années
Qu’en sera-t-il des montants investis ? D’abord, il faut prendre en compte deux mois d’inactivité liée au confinement et le fait que les championnats seront sûrement annulés. En témoigne la déclaration d’Edouard Philippe ce mardi 28 avril, qui annonçait la fin des saisons de Ligue 1 et de Top 14. De fait, les clubs vont disposer de moins d’argent (conséquence de la fin de la saison : perte estimée à 400M€) à débourser et certains d’entre eux auront du mal à payer les salaires. Les joueurs préféreront sécuriser leurs contrats ou aller voir dans d’autres pays pour une question de survie financière.
D’un point de vue français, la situation économique est telle qu’il va être nécessaire pour certaines équipes, et pas des moindres, de vendre des joueurs. L’Olympique de Marseille accusait par exemple un déficit de 90 millions d’euros l’an dernier.
Comme le rappelle l’économiste du sport Jean-Baptiste Guégan, la vente de joueurs représente environ 20% du budget annuel d’un club de Ligue 1. Or, les principaux acheteurs de la filière française auront eux aussi des trous dans leurs comptes et ne pourront peut-être pas autant investir lors de ce mercato estival 2020. On pense ici aux équipes anglaises, friandes de la formation hexagonale.
Des arrangements à trouver pour finir la saison
Enfin, comment vont se goupiller les prolongations de contrat dans les clubs encore engagés en compétitions européennes ? Il y aura la fin de celles-ci cet été et les joueurs dont le contrat expire en juin poseront problème. Pour résoudre ce souci, les clubs, leurs employés et représentants, soit les joueurs et leurs agents, devront se mettre d’accord sur des contrats mensuels afin de boucler la saison européenne avec le même effectif. Et même plus. Au Paris-Saint-Germain par exemple, des joueurs comme Thiago Silva ou Edinson Cavani dont le contrat prend fin au 30 juin 2020 seraient sûrement partis du club cet été sans le coronavirus. Or, cette année étant si spéciale, le PSG pourrait repousser ses achats à l’été prochain tout en conservant le défenseur brésilien et l’attaquant uruguayen.
On peut donc imaginer un mercato qui serait contraint par le calendrier sportif et contraint par les sommes à investir… Et selon une étude de YouGov, 35% des Français ne souhaitent pas de mercato cette année.