Un sondage Odoxa publié le 3 novembre montre que l’idée de revenu universel, très en vogue dans certains milieux, ne convainc nullement la majorité des Français.
Une bonne nouvelle pour ceux, comme l’auteur de ces lignes, qui voient dans ces projets (il en existe plusieurs) une façon de détourner l’attention des vrais problèmes de notre système de protection sociale en faisant espérer une solution miracle.
La question était ainsi posée : « Que pensez-vous du revenu universel, qui consisterait à attribuer à tous les Français, sans condition de ressources et qu’ils travaillent ou non, un revenu à vie compris entre 500 et 1 000 € par mois ? ». La réponse « bonne mesure « recueille 59 % de « non » ; le pourcentage de « non » monte à 62 % pour son caractère « juste », à 76 % pour son « réalisme ».
De plus, pour 62 % des personnes interrogées, le coût du revenu universel serait « exorbitant » ; et 64 % d’entre elles sont d’avis qu’elle « créerait une société d’assistés », le même pourcentage estimant qu’elle « inciterait les Français à ne plus travailler et à se contenter de leur revenu universel ».
Et la démonstration de bon sens continue : 85 % des personnes interrogées pensent qu’elles-mêmes continueraient à travailler si le revenu universel était mis en place, que ce soit pour gagner suffisamment d’argent ou parce qu’ils « ne s’imaginent pas ne plus travailler ». Ce sondage est réconfortant : nos concitoyens ont conscience du fait qu’il faut travailler pour vivre, et ce n’est pas en général pour eux une corvée dont ils chercheraient à se débarrasser.
Dans le même temps, la DREES, direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques des ministères sociaux, sortait son compte provisoire de la protection sociale pour 2015. Il se monte à 747 Md€ dépensés, dont 701 Md€ en prestations. Il y a quelques mois, l’INSEE sortait les comptes de la nation pour 2015, indiquant 800,6 Md€ pour la rémunération des salariés des entreprises. Il ne manque donc que 100 Md€ aux prestations sociales pour atteindre le montant des salaires du secteur privé. Et certains voudraient augmenter massivement les prestations, le revenu universel ne pouvant pas se substituer aux plus importantes d’entre elles, à commencer par l’assurance maladie et la retraite !
De véritables travaux d’Hercule sont à entreprendre pour réformer notre protection sociale, qui est généreuse mais mal conçue, mal organisée, si bien que son impact sur l’économie n’est pas fameux, alors qu’il devrait être très positif. Or ces travaux ne seront jamais entrepris si une partie importante des leaders d’opinion met en avant des utopies telles que le revenu universel : croire au miracle conduit à ne pas se retrousser les manches pour mettre les mains dans le cambouis. Il est heureux que le sondage Odoxa montre à quel point la population française est plus réaliste que les propagandistes de la soi-disant solution miracle.