Les marchés financiers sont au beau fixe. La bulle financière continue à gonfler sans limite et la définition des fonds propres des banques échappe aux régulateurs.
Les marchés volent de record en record. A ce rythme, le CAC 40 pourrait retrouver son niveau de la bulle internet (6 000 points en 2000). Tous les intervenants se fichent éperdument des volontés séparatistes de la Catalogne qui ira rejoindre le camp des grincheux du Brexit. Cette euphorie me permet d’aborder aujourd’hui un sujet particulièrement ennuyeux et embrouillé : les banques et leurs fonds propres. Je sens, cher lecteur, qu’arrivé à ce stade vous désirez immédiatement me quitter. Vous avez tort. En vous intéressant au système monétaire, bancaire et financier, vous pourriez devenir ultra-riche.
Mais vous pourriez aussi éviter un désastre. Nous vivons dans un système qui n’a rien à voir avec le capitalisme. Le capitalisme réinvestit des profits honnêtement gagnés sur des marchés concurrentiels pour faire des gains de productivité, c’est-à-dire avoir plus et mieux avec moins d’efforts.
Si chaque jour vous obtenez bien plus que ce que vous pouvez vous-même produire, c’est grâce à cette merveilleuse organisation, cette spécialisation raffinée que permet le capitalisme. De votre premier café et tartine grillée à votre dernière pensée au fond de votre lit, tout ce qui vous entoure est le fruit d’investissements cumulés depuis des siècles : ampoule, textile, automobile, nourriture, divertissement… Vous-même pouvez ainsi vous consacrer à ce que vous faites de mieux pour l’échanger contre ce que les autres font de mieux. Le créditisme ne fonctionne pas comme cela.
Le créditisme dépend des fonds propres dont la définition est floue
Le créditisme fait naître de l’argent selon le principe bancaire que « les crédits font les dépôts ». L’argent ne provient plus de succès passés, il tombe du ciel. Si vous avez une licence bancaire, 1 € de fonds propres vous permet de créer 20 € ou 30 € de crédit, d’accorder des prêts. Accorder ou non ces prêts et à qui, pour quelle activité, est devenu l’apanage des banques. Autrefois, le capital représentait le cumul de succès passés. Aujourd’hui, il représente surtout un privilège.
Bien sûr, l’adage « on ne prête qu’aux riches » reste en vigueur. Pour un banquier, le prêt le plus confortable est celui qui est adossé à quelque chose de déjà existant. C’est ce qui explique que le créditisme enrichit les déjà riches et les financiers qui touchent des intérêts sur les prêts accordés. Ces intérêts viennent à leur tour grossir les fonds propres et permettre de prêter encore plus. La clé de voûte de ce système ? Les fonds propres, vous l’avez compris. Figurez-vous, cher lecteur, que la définition des fonds propres fait l’objet d’intenses discussions au sein des « organismes de régulation ».
L’Agefi du 19 septembre sur ce sujet :
En réalité, le concept de « fonds propres » est clair comme du jus de chique. Les « fonds propres » peuvent être des goodwills ou survaleurs*, de la dette d’un Etat… Il est important que les fonds propres des banques gonflent car ainsi de plus en plus de crédits peuvent être accordés. La déflation, la baisse de la quantité de crédit, n’est pas possible car cela entraînerait des faillites en cascade. D’où la baisse des taux d’intérêt qui permet de continuer à gonfler le crédit, d’emprunter pour rembourser un vieux prêt. La conclusion s’impose.
Des régulateurs prétendent réguler un système qui ne connaît pas de limite physique (puisque la monnaie n’a plus d’ancrage matériel et n’est que du pur crédit) et qui repose sur une escroquerie puisque vos dépôts à vue sont censés être en permanence disponibles. Ce n’est évidemment pas le cas et toute fuite de dépôt déclenche des crises de solvabilité, comme on l’a vu récemment en Espagne. Doug Noland est un comptable clairvoyant. Il a dénoncé la bulle de 2000, la bulle de 2008 et il tient le blog « Credit Bubble Bulletin ». « Nous sommes dans une bulle financière mondiale que j’appelle la ‘mère de toutes les bulles’. Les économistes ne peuvent pas la voir. Ils ne peuvent pas modéliser la monnaie et le crédit. Cependant, pour ceux qui sont hors du système, les faits sont de plus en plus clairs«
Comparez ceci à cet article :
Il devient de plus en plus imprudent de laisser votre épargne à la merci du système financier même si pour le moment, les marchés n’en ont cure et s’envolent.
*Ce raisonnement consiste à accorder à un actif une valeur supérieure à sa valeur d’achat car on l’a « bien » acheté.
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