Ce que change vraiment la blockchain

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Par Simone Wapler Publié le 19 mars 2018 à 5h00
Blockchain Stockage Information Transmission Enjeux
@shutter - © Economie Matin
480 millions $480 millions de dollars ont été investis dans la blockchain en 2015.

La technologie blockchain permet la tenue décentralisée de registres infalsifiables. Elle représente par conséquent une menace pour une myriade de bureaucrates.

Depuis la nuit des temps, les contrats importants sont validés par des autorités religieuses ou politiques. Les contrats importants qui rythment notre vie en société concernent les transferts d’argent ou de propriété. Les 282 lois du code d’Hammurabi, qui date de 3 800 ans, constituent le premier corpus législatif connu. Hammurabi était roi de Babylone. Ce code administrait déjà la propriété des biens meubles (dont les esclaves !), les relations entre prêteurs et emprunteurs.

« Si quelqu’un a livré à un homme de l’argent pour une association-tapp?tum, ils partageront à parts égales, devant le dieu (dans son temple), le profit ou la perte qui surviendra. »

Aujourd’hui encore, cette organisation prévaut, les registres de dettes et de propriété sont tenus par des autorités. Celles-ci ne sont peut-être plus religieuses mais elles sont politiques ou bureaucratiques. Un billet de banque est signé d’un banquier central. C’est pour cela que nous acceptons ce bout de papier sans valeur en paiement de quelque chose qui en a (notre travail, un bien que nous possédons…) Dans la plupart des pays, le cadastre est tenu et centralisé par l’administration nationale. C’est pour cela qu’un acheteur est confiant que le vendeur est bien le propriétaire du bien foncier qu’il vend.

Les bourses – elles-mêmes réglementées – tracent les titres financiers qui s’y échangent, que ce soit des actions ou des obligations. Partout, dans ces transactions, ce qui fait foi, est une autorité supérieure – celle de la « puissance publique », de l’Etat et de son administration, de l’autorité de tutelle qui certifie les registres de propriété et d’échange. Ces registres sont centralisés.

Maintenant, imaginez une seconde que les registres soient infalsifiables (même par les gouvernements). Il n’y a plus besoin de sceaux, d’officiers ministériels, de scribes, de prêtres… Le registre seul, que tout le monde peut consulter, à tout instant, suffit comme preuve de propriété et de transfert. La tenue des cadastres en est bouleversée. Les marchés d’échanges – que ce soit les grandes bourses ou les petits marchés secondaires – sont libérés. Les transferts d’argent sont simplifiés. La blockchain permet cela.

Imaginez par exemple un marché secondaire des parts de SCPI ou d’actions d’entreprises non cotées avec une technologie blockchain de registres infalsifiables ou un cadastre ouvert accessible sur le réseau Internet. La technologie blockchain rend inutiles les scribes modernes, les banquiers centraux, les notaires, les officiers ministériels, les greffiers, etc. Dans ces conditions, ne vous étonnez pas que les autorités veuillent « réguler » ou « réglementer » ce qui signe la mort d’une partie de leurs champs de contrôle.

La technologie blockchain ne met pas en danger que la monnaie fiduciaire mais tous les registres officiels. La question ultime est : peut-on avoir plus confiance en un algorithme qu’en des fonctionnaires pour tenir des registres fiables ? Sachant ce que font récemment les banquiers centraux de la monnaie fiduciaire, ou des gouvernements corrompus du cadastre, la réponse est, selon moi, oui.

Pour comprendre les gigantesques implications de la technologie blockchain et comment concrètement en profiter, nous vous proposons d’assister à cette conférence qui se déroulera à Biarritz le samedi 7 avril.

Pour plus d’informations et de conseils, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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