OCDE : les inégalités se sont creusées, mais il y a encore plus inquiétant

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Par Fabien Pirollo Publié le 23 juin 2015 à 5h00
Croissance Zone Ocde Pays Pib
@shutter - © Economie Matin
2 %La croissance de l'OCDE était inférieure à 2 % au premier trimestre 2015.

Le 21 mai dernier, à Paris, lors de la présentation du rapport Tous concernés : Pourquoi moins d’inégalités profite à tous, le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a déclaré « Nous avons atteint un point critique. Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons ».

Par exemple, l'organisation a mesuré que si les 10 % les plus riches avaient en 1980 un revenu d’activité 7,1 fois plus élevé que les 10 % les plus pauvres, ce chiffre est passé à 9,1 dans les années 2000 et 9,6 aujourd'hui. Mais derrière ce constat, les faits sont encore plus préoccupants. Pourquoi ?

En théorie, si la croissance du PIB est nulle et que la masse salariale des entreprises est constante, alors, si les inégalités se creusent, c'est qu'il s'opère un transfert de revenu des pauvres vers les riches (les riches "prennent" de l'argent aux pauvres). En effet, sous ces conditions, la distribution des revenus devient un jeu à somme nulle : si certains s'enrichissent, c'est que nécessairement d'autres s'appauvrissent (et ce du même montant). C'est ce phénomène qui est dangereux.

Qu'en est-il dans la pratique ?

- En ce qui concerne la croissance, on observe bien sur le long terme qu'elle tend vers 0. Je montre cela pour les 6 principaux pays de l'OCDE sur les graphiques suivants, sur lesquels je trace également une régression linéaire pour rendre compte de ce phénomène :

- Masse salariale : dans ses Perspectives de l'emploi 2012, l'OCDE a publié un chapitre intitulé "Partage de la valeur ajoutée entre travail et capital : Comment expliquer la diminution de la part du travail ?" dans lequel elle montre que la masse salariale (la part du travail dans la valeur ajouté) n'a non pas stagné mais a au contraire diminué depuis plusieurs années, et ce au bénéfice des revenus du capital. Toutefois, elle établit que pour les 1 % des salariés les mieux rémunérés, le revenu du travail en pourcentage du revenu national a augmenté sur la période 1990-2009.

Les 2 hypothèses sont globalement vérifiées (la croissance n'est pas à 0 mais y est légèrement supérieure et la masse salariale n'est pas constante mais diminue) et il doit donc s'opérer un transfert de revenu des pauvres vers les riches. Le constate-t-on dans la réalité ?

Les statistiques sur ce sujet sont assez difficiles à trouver, surtout concernant les données historiques. Je vais donc uniquement prendre le cas des Etats-Unis :

Les 2 tableaux ci-dessus présentent le revenu moyen des ménages américains par quintile de 1995 à 2013 ainsi que leur évolution sur cette même période. On remarque clairement que le revenu des ménages les plus pauvres a baissé, tandis que celui des plus riches a augmenté. En outre, si on revient sur le graphique de croissance trimestrielle du PIB des Etats-Unis plus haut, on voit que sur la période récente post-crise des subprimes (2010-2013), la croissance a été particulièrement faible et qu'elle correspond bien à une baisse de revenu pour le 1er quintile (- 0,81 %) et une hausse de revenu pour le 5ème quintile (+ 2,34 %) et surtout pour le top 5 % (+ 5,05 %).

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Fabien Pirollo est diplômé de l'ESCP Europe avec une spécialisation en économie. Ancien chargé de mission à la Communauté d'Agglomération des Hauts-de-Bièvre, il est également le créateur du blog http://www.economx.pe.hu/ et analyste financier sur le site http://fr.investing.com

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