La presse française et le traitement de la crise grecque

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Par Thierry Le Gueut Publié le 24 juin 2015 à 5h00
Grece Crise Zone Euro Dette
@shutter - © Economie Matin
175,1 %La dette grecque représente 175,1 % du PIB.

Comment dire…. La lecture des événements qui se passent en Grèce, par le filtre de la presse écrite française, laisse pantois. L’indulgence, une saine charité chrétienne, m’éviteront de parler, ici, des chaines audiovisuelles dont le traitement des tourments grecs tient plus de la propagande que de l’information. De « journées (successives) de la dernière chance » en l’inlassable incurie des grecs, la caricature est assez évidente pour qu’il n’y ait même pas besoin d’étayer.

Revenons à nos moutons, c’est le cas de le dire… La presse « mainstream », celle qui se force à croire qu’elle fait encore l’opinion, du Figaro au Monde, du Point à l’Express en passant par un Obs guère plus nouveau, aligne les colonnes , signes et espaces, pour nous dire que décidément cette Gréce est obèse de ses déficits et qu’il convient de réduire retraites , augmenter TVA, et que la privatisation des ressources du pays est le passage irénique aux temps nouveaux qui s’annoncent. Au pays de la sacro sainte monnaie euro, élevée au rang d’on ne sait quelle divinité paienne, Jean Michel Quatremer, à Libération fait, figure d’oracle. C’est dire ou on en est…

Un parti-pris néo libéral

Chaque jour, cette armada des claviers, mue par on ne sait plus trop quel intérêt, sauf sans doute de la simple intelligence et du juste débat démocratique, nous annonce la catastrophe imminente à coup de sondages fantasmatiques (sur lesquels il conviendra un jour de se pencher), au mieux, et pluie de sauterelles, au pire.

Ce qui est effrayant dans cette histoire, ce n’est pas tant le parti pris néo libéral idéologique, qui tient à la défense d’intérêts de classe mitigée aux intérêts des institutions bancaires, que le manque d’analyse sur les 5 dernières années passées par la Grèce et le peuple grec. Il y aurait tant à dire sur le désastre humanitaire, la faillite du système de Santé, les migrations vers les campagnes, les exils subis , l’explosion des suicides….Sans tomber dans un excès préjudiciable, force est de constater que les memorandums et la politique de la Troika sur ces 5 dernières années n’ont fait qu’aggraver la situation des grecs , ce que la fébrilité des institutions de ces derniers jours ne peut que confirmer.

Que la désinformation de rigueur entre négociateurs soit de règle dans ce cas n’est pas choquant en soi, mais que ceux qui prétendent classer, expliquer, hiérarchiser etc….se rendent complice d’un des acteurs sans expliquer la position de l’autre tient plus d’un militantisme (choisi ou imposé ?) dont on peine à comprendre les règles.

Des compteurs de déficit

Et puis , on ne peut que sourire au vu du traitement infligé par nos journalistes français à la dette grecque. Et passons un peu de la macro économie à la micro économie Si on extrapole, un peu, la situation de la presse écrite française ne leur rappelle t’elle pas un tant soit peu l’économie des entreprises auxquels ils appartiennent ?

Ces contempteurs des déficits des autres écrieraient ils les mêmes articles concernant leurs propres collectivités ? Car ce qui s’applique à une collectivité nationale peut très bien trouver résonnance sur une collectivité, disons financiaro- industrielle puique l’analyse semble, elle, etre absente des débats.

Finalement, dans un secteur en déficit chronique, comme l’est la presse généraliste d’information, pourquoi l’Etat verserait il de façon directe ou indirecte 1,1 milliard d’aides annuelles jusqu'à contribuer à 15% du chiffre d’affaires général du secteur ? Il serait sans doute logique dans cette doxa libérale applicable aux peuples, de demander aux dirigeants de presse(le gouvernement) et donc aux salariés de ces mêmes entreprises (le peuple) de réduire le déficit sous contrainte d’un plan de « réformes », faute de quoi, ces aides pourraient rejoindre les vagues d’économie nécessaire.

Grèce : l'entrave à la démocratie

On m’opposera , quoique j’en doute , car la diversité des opinions entre ces journaux me parait réduite, que cela serait une entrave au débat et à la Démocratie. Mais n’est ce pas ce qui se passe , justement en Grèce, aujourd’hui ? Oui, je sais , on me dira que la faillite de la Grèce « menace » les peuples européens, alors que la faillite de la presse française ne menace plus personne, a part ses salariés, puisque plus personne ne la lit que grâce à des subventions publiques ou des abonnements bradés, ou des ventes groupées à telle ou telle compagnie.

Du moins, serions nous en droit d’attendre sur les sujets importants un tant soit peu de pudeur, puisque, visiblement la réflexion a décidé de se faire porter pale. Pale, comme notre presse écrite.

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Thierry Le Gueut, vieux routier des médias (20 ans notamment au journal Le Monde) a été dans le civil dirigeant d'un club amateur pendant 17 ans, et est supporter de l'AS Saint Etienne et du Football Club de Rouen.

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