Chine : la NBA et la Premier League, victimes collatérales de tweets engagés

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Par Valentin Nonorgue Publié le 20 décembre 2019 à 4h09
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65%65% des amateurs de sport en Chine ont moins de 44 ans.

Dans le Xinjiang comme à Hong Kong, les choix politiques chinois font débat. Mais une chose ne le fait pas. Pour le monde du sport, il n’est pas question de se mêler de leurs affaires intérieures... sans faire l’objet de représailles économiques.

Début octobre, le manager général des Houston Rockets, franchise américaine de basket, provoquait une situation tendue entre la Chine et la NBA. Daryl Morey appelait en effet via un tweet à soutenir les manifestants prodémocratie de Hong Kong. En quelques mots sur Twitter, il mettait la NBA et son commissionnaire Adam Silver dans une situation délicate face à la Chine, marché très intéressant financièrement pour la ligue de basket. Sur la saison 2017-18, ce sont plus de 640 millions de Chinois qui ont vu de la NBA au moins une fois. Un succès qui se doit en grande partie à la présence d’une légende chinoise, Yao Ming en NBA chez les… Rockets de Houston (entre 2002 et 2011).

Une remise en cause de la souveraineté pékinoise qui avait fait annuler la diffusion TV des matches prévus dans le cadre des NBA China Games. S’attaquer à la NBA, c’est toucher à l’économie du « sportainment » si chère aux Américains.

Finalement, cet épisode Chine/NBA a servi dans la guerre de communication entre le président chinois et Donald Trump. Sans lui attribuer tout le mérite, cette sanction a sûrement pesé dans l’apaisement des tensions entre Washington et Pékin avec les récents deals commerciaux négociés par les deux puissances - les Etats-Unis ayant revu à la baisse leurs taxes sur une large panoplie de biens issus de Chine.

Car la diffusion télé semble être un argument de poids pour les gouvernants chinois lorsqu'il s'agit de sanctionner. Et si un individu prend la parole pour décrier les décisions de la bande à Xi Jinping, c'est tout le groupe qui paye.

Nouvel exemple ce dimanche, avec le joueur d'Arsenal Mesut Özil. Soutien du président turc Erdogan, il s'est lui aussi fendu d'un tweet vendredi. Cette fois pour dénoncer les "camps de concentration" réservés aux Ouïghours, population musulmane de Chine.

La télévision nationale chinoise (CCTV) s'est empressée de déprogrammer la rencontre entre Arsenal et Manchester City, prévue ce dimanche. Un manque à gagner pour les deux clubs et pour la Premier League, qui était la deuxième ligue de sport la plus populaire en Chine sur la saison 2018-19 derrière... la NBA.

Pourtant, la NBA comme Arsenal ont bien tenté de prendre leurs distances avec les propos tenus respectivement par Daryl Morey et Mesut Özil - la maladresse étant certes de mise pour la ligue américaine. Mais rien n’y fait. La Chine ne l’entend pas de cette manière, et sanctionne d’une main de fer.

Il faudra suivre l’évolution de l’affaire Ozil-Ouïghours pour la Premier League, car sont en jeu de colossaux montants de droits TV. Selon Statista, les droit de diffusion pour la période 2019-22 s’élèvent à plus de 227 millions d’euros pour la Premier League. Une somme 4 fois supérieure à celle de la deuxième ligue européenne, à savoir la Liga espagnole (50M€).

Une preuve supplémentaire qu’il faut faire attention aux déclarations qui concernent la Chine. Le bât a déjà blessé la NBA, fleuron de l’économie américaine du sport-spectacle … attention à ce qu’il ne déstabilise pas les Britanniques, déjà aux prises avec le Brexit et donc pas dans une position à faire de la Chine son ennemi.

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Etudiant en journalisme et passionné de sport, Valentin Nonorgue est un membre de l’Observatoire du Sport Business. Il est également co-fondateur de Legendary, podcast vidéo sur les légendes de la NBA, et chroniqueur pour Parlons Basket.

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