L’argent gratuit ne remplace pas l’épargne

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Par Simone Wapler Publié le 12 avril 2017 à 5h00
Europe Politique Argent Gratuit Revenu Universel
@shutter - © Economie Matin
30 500 eurosLe revenu annuel médian des Français est de 30 500 euros.

Le revenu médian des Français a diminué entre 2009 et 2014, indique L’Agefi Hebdo de cette semaine.

La médiane est une ligne statistique de partage de la population selon une certaine caractéristique : la moitié des gens sont au-dessus et l’autre en dessous. Le revenu annuel médian est donc de 30 500 euros et a baissé de 3,5% sur la période. Le patrimoine médian, quant à lui, est de 113 500 euros.

Pendant ce temps, M. Mario Draghi à la Banque centrale européenne crée 60 milliards d’euros par mois. Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que les votes « populistes » gagnent du terrain partout en Europe. La classe moyenne se sent bernée tandis que l’industrie financière brasse des milliards qui ne lui ont rien coûté. La grogne monte et le vice-chancelier allemand a déclaré ce week-end qu’il n’était « plus impensable que l’euro éclate ».

Les « populistes » désignent leurs ennemis : l’ultralibéralisme (sans rire, en France, où l’Etat contrôle 58% de l’économie), la mondialisation, le « capitalisme financier », le travailleur chinois, indien, ou même le plombier polonais, l’euro, peu importe. L’ennemi c’est l’autre et il faut plus d’Etat, plus de régulation, plus de barrières douanières et de protectionnisme, plus d’activisme monétaire et plus de Parasitocratie empressée à mettre en oeuvre toutes ces « solutions ». Pourtant, tandis que le revenu médian baisse la mondialisation recule elle aussi. Ce graphique de L’Agefi montre que le commerce mondial et les investissements étrangers chutent.

Etrange, n’est-ce pas ? La mondialisation, c’est-à-dire les échanges commerciaux qui permettent d’acheter ce qui est le plus avantageux, chute en même temps que le revenu médian baisse… Comme vous le savez, cher lecteur, toutes ces interprétations statistiques, économiques et politiques ratent l’essentiel. Nous ne croyons pas que l’argent gratuit ou le crédit gratuit puisse fabriquer de la vraie croissance, celle qui fait augmenter nos revenus. Et nous ne pensons pas que les frontières monétaires soient source de progrès économiques. Nous pensons que la vraie croissance est le fruit de l’épargne bien investie.

Nous pensons aussi que ceux qui réussissent à accumuler cette épargne sont les mieux placés pour savoir où l’investir. Evidemment, si de telles convictions étaient adoptées par la majorité, il y aurait un problème… Que ferait la Parasitocratie : les banquiers centraux, les fonctionnaires de la Banque publique d’investissement, les promoteurs de capitalisme d’Etat et autres copinages ? Ces convictions ne sont pas encore populaires, et encore moins « populistes ».

Il faut dire que la Parasitocratie s’affaire efficacement pour masquer ses échecs et s’organise pour proposer des solutions aux problèmes qu’elle a créés. Notamment, il ne faudrait pas que la monnaie européenne, prélude à la monnaie mondiale et à toujours plus de centralisation, soit remise en cause pour certains. Le « créditisme » – qui consiste à remplacer l’épargne par une montagne de crédit gratuit créé par quelques privilégiés et donné à d’autres privilégiés – doit survivre. Ce qui sépare un Macron d’un Mélenchon ou d’une Le Pen est simplement les frontières dans lesquelles s’exerce le créditisme. Pour le premier, le plus grand le mieux. Pour les autres, mieux vaudrait l’Hexagone.

Parmi les solutions en vogue chez tous, le « revenu universel » qui gagne en popularité en Europe, ou encore le QE du peuple. Le revenu universel consiste à distribuer de l’argent gratuit directement aux gens. Le Canada, la Californie et la Finlande sont en train de l’expérimenter… Evidemment, tout cela ne créera aucune richesse supplémentaire, sauf pour la Parasitocratie, mais si le public est suffisamment naïf pour prendre des vessies pour des lanternes, cet opium monétaire devrait calmer le peuple.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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