Alors que le Gouvernement vient de publier les comptes de la Sécurité Sociale, il apparaît que les déficits se réduisent en s’établissant désormais à 400 millions d’euros sous l’équilibre. Mais si l’optimisme est de mise, il reste tout de même quelques défis à relever pour que la Sécurité Sociale soit définitivement sortie de la crise.
« En 2017, le trou de la Sécurité Sociale aura disparu ! ». Quand elle présente le budget de la Sécurité Sociale à l’automne dernier, Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé, est clairement confiante quant à l’avenir de cette arlésienne de la politique sociale. Les comptes 2016 présentés en mars dernier n’ont cependant pas donné raison à la ministre puisque le déficit sera de 400 millions d’euros en 2017.
Toutefois, l’effort est considérable si l’on se penche sur les années précédentes. En effet, le déficit du régime général de la Sécurité sociale était de 3,4 milliards d’euros en 2016, de 17,4 milliards d’euros en 2011 et même 25 milliards d’euros au plus fort de la crise financière. Les 400 millions d’euros de déficit annoncés cette année représentent donc pour la ministre « l’épaisseur d’un trait » par rapport au budget total de 500 milliards d’euros.
Plus précisément, le déficit du Fonds de solidarité vieillesse sera de 3,6 milliards d’euros pour 2016. Au total, la branche retraite est excédentaire de 900 millions d’euros. Autre branche bénéficiant d’un résultat positif, celle des accidents du travail et des maladies professionnelles avec 800 millions d’euros de résultat en 2016. Au contraire, les branches famille et maladie restent déficitaires.
Un optimisme à relativiser
Il faudra donc attendre encore un peu pour voir l’équilibre et en finir avec le fameux trou de la Sécu. Surtout que l’optimisme de la ministre n’est pas forcément partagé. A commencer par Didier Migaud, Premier président de la Cour des Comptes, qui craint un dérapage des dépenses d’assurance-maladie cette année. S’il reconnaît une inversion des courbes, il souhaite que les efforts en matière de maitrise des dépenses soient poursuivis dans les années à venir.
Cela concerne notamment plusieurs enjeux. Tout d’abord, le Fonds de solidarité vieillesse, qui finance les retraites des chômeurs, va rester sous tension si l’inversion de la courbe du chômage continue de stagner. Un autre dossier sera à surveiller, celui de la mise à disposition à grande échelle de traitements anticancéreux, certes performants, mais très coûteux. Enfin, l’amélioration de la couverture sociale des travailleurs indépendants sera à observer de très près.
Évidemment, l’élection présidentielle aura une incidence sur l’avenir des comptes de la Sécurité Sociale. Mise à part quelques candidats comme François Fillon, qui souhaite un passage de l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans, ou encore Emmanuel Macron qui souhaite une hausse du minimum vieillesse et de l’allocation handicapées, le financement de la sécurité sociale reste encore marginal dans les éléments programmatiques. Le trou de la Sécu pourrait donc continuer à exister encore quelques temps.