Le blanchissement des coraux est une conséquence bien connue du réchauffement. On le sait moins : les anémones de mer subissent le même sort. Et cela affaiblit la fécondité des poissons-clowns associés à ces anémones, comme viennent de le montrer, en Polynésie française, des chercheurs du Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (CNRS/EPHE/Université de Perpignan Via Domitia). Après une étude de 14 mois, ils publient leurs résultats dans la revue Nature Communications le 10 octobre 2017.
A l'instar des coraux, les anémones de mer sont des animaux vivant en symbiose avec une algue microscopique, qui leur donne leur couleur, et en association avec certaines espèces de poissons. Ainsi, les poissons-clowns se protègent des prédateurs en s'abritant parmi les tentacules des anémones, et pondent chaque mois au pied de celles-ci. Inversement, les anémones sont aussi protégées par les poissons-clowns qu'elles abritent.
Tous les deux jours, d'octobre 2015 à décembre 2016, chercheurs et étudiants ont rendu visite à treize couples de poissons-clowns et à leurs anémones hôtes, dans les récifs coralliens de l'île de Moorea (Polynésie française). Ce suivi s'est déroulé avant, pendant et après l'évènement El Niño qui, au cours de l'année 2016, a provoqué un réchauffement de l'océan Pacifique1 et un blanchissement des coraux à l'échelle mondiale. La moitié des anémones suivies dans cette étude ont blanchi elles aussi en perdant leurs microalgues. Chez les poissons-clowns associés aux anémones blanchies, les scientifiques ont constaté une baisse drastique du nombre d'oeufs viables (- 73 %). Ces poissons pondaient moins fréquemment, des oeufs moins nombreux et moins viables - alors que ces paramètres étaient inchangés chez les poissons abrités par les anémones non blanchies.
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