Depuis leur arrivée au début des années 2000, les géants de la réservation hôtelière sur Internet ont bouleversé le marché. Mais cette domination ne présage rien de bon ni pour le consommateur, ni pour les établissements hôteliers, ni dès demain pour l’ensemble des acteurs du tourisme (activités, restaurants, Offices du tourisme…).
Depuis plus de 10 ans, les hôteliers assistent à une montée en puissance quasi duopolistique dans leur distribution de Booking.com et d’Expedia (Hotels.com). Il est fréquent qu’un hôtelier moyen fasse plus de 50% de son chiffre d’affaires avec Booking.com, qui lui prélève entre 17 et 25% de commission sur chaque réservation. Afin d’espérer apparaître sur les premières pages de résultat de ces centrales de réservation, dans certaines grandes villes où la concurrence est très forte, il n’est pas rare d’arriver à payer plus de 40% de commission. Tout cela sur un marché très contracté depuis les attentats, où les prix sont tirés vers le bas et où Booking.com et Expedia agrègent dans un même résultat de recherche des locations meublées, des hôtels, des gîtes, des chambres d’hôtes… Le principe de la tête de gondole est devenu l’unique modèle : pour espérer rester visible sur ces supermarchés en ligne il faut payer plus de commissions que les autres.
Mais comment en sommes-nous arrivés à ce monopole sur la réservation en ligne ?
Nous en sommes arrivés là car nous, les consommateurs, réservons nos vacances principalement sur Internet et principalement sur Google.
Booking et Expedia ont donné en achats de mots clés à Google en 2015 plus 6 milliards de dollars, et ces mots clés qu’ils achètent, ce sont nos marques commerciales : les noms de nos établissements (Brandjacking ou vol de marque). Ce qui est illégal dans la vraie vie n’est pas illégal sur la publicité imaginée par Google (les Adwords). Quand vous tapez le nom d’un hôtel ou d’une destination, les résultats naturels ne sont pratiquement plus visibles. Si vous n’êtes pas un consommateur averti, vous avez 100 % de chance d’atterrir sur une des nombreuses marques de Booking et d’Expedia lors de votre recherche de séjour. Forts de leur suprématie, les géants américains essayent de supprimer le plus possible toute interaction humaine entre l’hôtelier et son client,en cryptant les adresses emails (Guestjacking). Impossible pour un hôtelier de communiquer avec son client avant votre arrivée chez lui.
Le stress marketing pour nous faire oublier d’aller vérifier que c’est moins cher en direct
Une fois arrivé sur ces plateformes, tout va être fait pour vous convaincre de réserver dans les 9 minutes en vous stressant : « attention les dates sur la ville sont chargées », « cet établissement a déjà reçu 10 réservations aujourd’hui » et en vous rassurant avec de fausses promesses « meilleur tarif garanti » (alors que c’est moins cher en direct depuis la Loi Macron), « annulez sans frais » (alors que cela dépend des conditions d’annulations de l’hôtelier), « vous paierez plus tard » (idem), « établissement préféré » (surtout préféré parce qu’il paie plus de commissions..) Vous avez finalement réservé votre hôtel sur Booking et (ou) Expedia, qui ensuite vous harcèleront d’emails avant, pendant et après votre séjour.
Ils sont partout !
Au fur et à mesure des années, ils ont racheté des centaines de sociétés et négocié des affiliations si bien qu’il est désormais impossible d’éviter Expedia ou Priceline (maison mère de Booking). Saviez-vous par exemple que www.voyages-sncf.com, leader de l’e-commerce français a sous-traité la réservation d’hôtels à Expedia ?
Des milliards de commissions qui partent en voyage dans les paradis fiscaux !
Nous ne développerons pas ici les montages financiers complexes de ces géants américains ni du montant de l’optimisation fiscale totale globale difficile à calculer, même par Bercy.
Ces milliards de commissions prélevées chaque année sur les hôteliers ont un impact considérable sur l’économie locale, les investissements, l’emploi et la qualité des produits. D’autant qu’au final, c’est le consommateur qui paie une prestation plus chère.
FairBooking : l’union des professionnels face à la désintermédiation des géants
En 2013, des hôteliers nantais ont proposé de se fédérer plutôt que de disparaître sous le poids des commissions. Ils se sont regroupés en association (Réservation en Direct, RED), qui porte la plateforme Fairbooking, une communauté de milliers d’adhérents professionnels et consommateurs, proposant de rétablir un contact direct et humain entre hébergeurs et clients. L’objectif est de préserver l’emploi et l’investissement des établissements qui reversent entre 15 % et 30 % de commission à ces intermédiaires. Les clients adhérents bénéficient d’un bon plan responsable : 5 % à 10 % de réduction ou un petit-déjeuner, un surclassement, etc. Différentes chaines hôtelières comme Ibis, balladins ou Kyriad ... se sont lancées dans la même démarche.
Désormais soutenus par l’ensemble des acteurs historiques du tourisme, des institutionnels, et des syndicats, FairBooking en 2017 lance une plateforme innovante basée sur l’humain et le partage pour tous les acteurs du tourisme (activités, restaurants, offices du tourisme…).
Partenaire : hébergement à Lyon