Coronavirus, gestes barrières, déconfinement, épidémie… ces derniers mois, ces mots sont sur toutes les bouches, même masquées. Aussi petits soient-ils, les enfants ne peuvent passer au travers de cette atmosphère de crise. Mais sont-ils pour autant perturbés par la période ? Qu’en comprennent-ils ? Ne nous enfermons pas dans une représentation adulte de l’impact que la crise pourrait avoir sur les enfants, et arrêtons-nous sur quelques idées reçues.
1. Les tout-petits ne perçoivent pas la crise
Faux et vrai : ils perçoivent la crise, si leur entourage la leur fait ressentir.
Mémoire, langage, motricité, pensée, etc. : en fonction de l’âge de l’enfant, son développement cognitif ne sera pas le même, et sa lecture de la réalité différente. L’impact des événements extérieurs n’est jamais direct sur les enfants de 0 à 3 ans. En revanche, la façon dont leur famille perçoit la crise va déteindre sur eux : l’enfant va ressentir ce que ressentent ses parents et les autres membres de son foyer. L’environnement dans lequel l’enfant évolue peut aussi jouer un rôle, s’il est confronté à des informations qui ne lui sont ni destinées ni expliquées par exemple. Cela peut être le cas lorsque les chaines d’informations sont allumées en continu dans certains foyers. Son éventuelle anxiété se manifestera par des perturbations du sommeil et de l’alimentation, ou par certains comportements agressifs (morsures ou colères par exemple).
2. Les gestes barrières compliquent le quotidien des enfants
Faux : Les études le montrent : face à la Covid-19, les enfants sont peu symptomatiques et peu contagieux. Les gestes barrières que les adultes adoptent (port du masque, distanciation physique, etc.) ne peuvent s’appliquer aux enfants en bas âge. Dans les structures qui accueillent les tout-petits, les mesures d’hygiène ont certes été renforcées : nettoyage plus fréquent des jeux collectifs, lavage plus régulier des mains, port du masque pour les adultes encadrants, régulation des flux d’accueil, marquage au sol, mais cela n’affecte pas le quotidien des enfants, trop jeunes pour être responsabilisés sur ces aspects.
3. À cause des masques, l’apprentissage du langage est compromis
Faux : L’acquisition du langage s’effectue aussi par mimétisme. L’inquiétude repose sur le fait que les enfants ne peuvent, à cause des masques, voir le mouvement des lèvres de adultes qui leur parlent. En ce qui concerne les enfants de 0 à 3 ans, aucun retard n’est constaté pour l’instant. Dans les crèches, pour se faire comprendre malgré le masque, les professionnels vont faire appel à tout leur savoir-faire autour de la communication : parler à hauteur d’enfants, les regarder dans les yeux, expliquer plus, verbaliser leurs actions, joindre le geste à la parole. Les tout-petits sont en outre particulièrement compétents pour capter le langage non verbal. N’oublions pas également que les enfants ne passent pas tout leur temps à la crèche. Ils sont quotidiennement au contact d’adultes qui ne portent pas de masque (leurs parents à la maison), et dont ils peuvent voir toutes les expressions du visage.
4. Il vaut mieux éviter de parler de la crise aux enfants
Faux : Il n’est jamais bon de cacher une situation aux enfants, même petits. Très sensibles aux ressentis des membres de leur entourage proche, ils pourraient être impactés d’une manière ou d’une autre même sans que le sujet ne soit abordé directement avec eux. Si le discours dépend de l’âge de l’enfant, il est toujours conseillé de verbaliser simplement la situation : « nous évitons d’embrasser Papi et Mamie pour ne pas leur transmettre de microbes, mais nous pouvons leur envoyer des baisers qui voleront jusqu’à leurs joues ». Avec un bébé, l’adulte pourra aller sur des discours étayés, l’important étant l’intention de partage et l’attention portée. Pour les plus grands, les parents pourront s’appuyer sur des supports (livres, jeux, etc.) pour expliquer la situation à l’enfant sans pour autant l’effrayer. L’important est de conserver une certaine constance dans le discours.
Les enfants, en particulier les plus jeunes, ne vont percevoir que les changements qui viennent bousculer leurs habitudes. La crise que nous traversons actuellement est donc plus une réalité de la vie des adultes que de celle des enfants. Pour protéger les enfants de l’anxiété ambiante, ne donnons pas à la crise plus d’importance qu’elle n’en a, et appréhendons-la simplement comme une situation dans le quotidien et la vie de l’enfant, au même titre que d’autres.